Anubis : Comme son compatriote du chapitre précédent, est occupé par une bestiole parasitaire. Porte bien son nom de dieu égyptien de la mort, puisqu'il est littéralement un être de pure noirceur, sans visage et avec une voix de robot devant d'outre tombe. Se balade dans une pyramide géante volante dans l'espace, parce qu'il a un problème d'égo assez gigantesque.
Pendant toute la semaine, je n'ai aucune nouvelle de Samuel. Je marche sur des charbons ardents, et je suis d'une humeur massacrante, avec quiconque ose m'approcher. Je réponds violemment au coach lorsqu'il me demande de mieux faire mon job de défenseur. Coby, qui essaie de me tirer les vers du nez s'en prend plein la figure en plein milieu des couloirs.
— Mec, je sais pas ce que t'as, mais va falloir se calmer, et rapidement. T'es effrayant, et très con. Et j'ai pas envie que mon meilleur ami soit un con.
— Figure-toi que c'est quand même le cas ! Mis à part toi, le crétin qui continue à me parler, toutes les personnes que j'ose croiser finissent par penser que je suis un con. Et un con plutôt profond et bien atteint, si tu veux mon avis.
— Je suis un crétin ? C'est bien ce que t'as dit, Curtis ? Je suis un crétin ?
Et encore une fois, je me rends compte de mes conneries au moment où elles sont faites. Je l'avais dit. Le monstre est ressorti. Coby m'a toujours soutenu, a accepté mon amitié, a accepté le fait que je puisse être attiré par des gars. C'est littéralement mon seul ami, et sans lui, je ne serais que... qu'un crétin.
— Coby...
— Va au fond de ta pensée, s'il te plaît. J'ai envie de l'entendre, si ça ne te dérange pas. Explique donc à ton meilleur ami en quoi c'est un crétin.
Je baisse la tête, honteux. Les regrets martèlent dans ma poitrine.
— Oh, j'te parle ! Explique-toi, merde !
J'en reviens à fixer mes pieds, et ceux de Coby par la même occasion. Plus les secondes s'égrainent, plus je sens son amitié me filer entre les doigts.
— Va te faire foutre Curtis. Franchement. Va te faire foutre. Ne viens pas te plaindre que t'as pas de potes après ça. Avec un comportement pareil, ça ne m'étonne pas.
Il tourne les talons en faisant exprès de me foncer dans l'épaule, me bousculant contre les casiers au passage. Et voilà. Le monstre a encore fait de l'excellent travail. Il bousille tout ce qu'il touche. Je bousille tout ce que je touche.
Le reste de la journée de ce vendredi maudit, je la passe tout seul. À midi, je retrouve Coby en train de déjeuner avec Kat, Harold et Sheridan. Les deux premiers me balancent des regards noirs. Le troisième me condamne moins, et tente même le sourire mélancolique. J'avale mon déjeuner en quatrième vitesse, et je vais me réfugier dans la bibliothèque. Malgré le peu de temps libre dont je dispose en journée, je prends toujours mon ordinateur avec moi, pour pouvoir avancer sur mon code en cas de professeur absent ou de situation comme celle que je suis en train de vivre. Comme si je savais que j'allais finir par tout foutre par terre.
Je m'installe avec mon casque sur les oreilles, et je commence à taper à toute vitesse. La musique que j'écoute est très rapide, comme mes doigts sur les touches. Perfectionniste, je fume de colère à chaque erreur que je fais, et apparemment, même le code est contre moi. Avec lui aussi, je me comporte comme un con ?
De rage, je ferme mon ordinateur assez violemment, et je sursaute. Car, installé sur la chaise en face de la mienne, se trouve Sheridan, qui attend, les bras croisés.
— Depuis quand est-ce que tu es là ?
— Je suis arrivé dix minutes après toi. Et bon sang, il va falloir que je demande à ta sœur de m'apprendre des insultes en arabe. J'ai l'impression qu'il en existe tout un chapelet. Pourquoi tu t'insultes au juste ?
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Ciel d'hiver [BxB]
Novela JuvenilCurtis est un con depuis qu'il a dix ans. Trahissant son meilleur ami pour intégrer le groupe des enfants populaires (sans succès), il a tout fait pour rentrer dans les cases que lui impose la société, quitte à nier sa propre identité. Mais bien mal...