La Symbiose

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Emmitouflé dans sa doudoune violette, Loni esquisse un sourire sadique sous son écharpe en regardant les imbéciles de sa classe courir d'un bout à l'autre du terrain, les mollets à l'air, dans le seul but idiot de shooter dans un ballon. Se dire qu'il a échappé au cours de sport atténue sa rancune envers Corey concernant son poignet cassé ‒ ou comme il aime l'appeler, son « précieux motif de dispense ». Son compagnon de Symbiose est également assis dans les gradins, quelques bancs derrière lui, en train d'avancer sur son devoir de physique. Après plusieurs minutes d'hésitation, Loni prend une grande inspiration pour se donner du courage. Il quitte son banc pour remonter les gradins, jusqu'à s'asseoir à côté de Corey.

- Eh...

Corey fait mine de ne pas l'entendre et continue à écrire. Depuis le début de la journée, il l'ignore, pour une bonne raison, certes, mais son attitude a le don d'agacer Loni.

- Meyer, dit-il plus fort, je te parle.

Corey relève la tête, irrité.

- Quoi ? cingle-t-il.

- Tu peux baisser d'un ton, pour commencer ?

- Et toi tu peux arrêter de me prendre pour un petit-ami manipulateur avec Aimée ? Oh, et aussi, évite à l'avenir de balancer mon téléphone dans les toilettes, ce serait vraiment sympa de ta part.

Corey se tourne du côté opposé et reprend son travail. Malgré son envie furieuse de faire machine arrière, Loni ravale sa fierté et prononce à demi-voix :

- Excuse-moi...

- Qu'est-ce que tu as dit ? J'ai pas bien entendu.

- J'ai dit « excuse-moi », grommelle sèchement Loni. Je n'aurais pas dû te crier dessus et jeter ton téléphone dans les toilettes.

- Ouais, tu n'aurais pas dû, renchérit Corey en se retournant vers lui. C'était vraiment pas cool, ce que tu as fait. En plus, si tu m'avais écouté, je t'aurais expliqué la situation par rapport à... à la photo.

Les exclamations des footballeurs interrompent leur échange pile au bon moment. Loni se mord la joue, gêné de devoir aborder ce sujet avec Corey. Pourtant, il faut bien y couper. C'est pour cette raison que le brasier s'est rallumé entre eux.

- J'en ai parlé avec Aimée, déclare finalement Loni. Elle m'a assuré que ce n'était pas du chantage et... qu'elle te l'avait envoyée de son plein gré.

Le souffle hivernal assèche la gorge de Corey. Il lui faut une cigarette. Pour réchauffer ses mains, son cœur, pour paraître moins mal-à-l'aise, aussi.

Il arrache son briquet de sa poche.

- Bien entendu, qu'est-ce que tu crois ? s'agace-t-il. Je ne ferais jamais de chantage à Aimée, je ne l'obligerais jamais à faire quelque chose de force ! Pour qui tu me prends, bon sang ?

La cigarette se tord entre ses lèvres. Quelqu'un pourrait le voir. Il s'en fiche.

- Pas besoin de gueuler, s'irrite Loni à son tour. Je suis méfiant, c'est tout.

- Eh bien arrête, merde ! Fais-moi un peu confiance à la fin !

Loni lève les yeux au ciel en griffant son jeans usé. Maintenant, c'est sa gorge à lui qui est asséchée. À cause de cette saloperie de fumée !

- Commence par supprimer les photos de ton téléphone.

- C'est déjà fait.

- Prouve-le.

Corey expire avec agacement. Il dégaine son portable et le déverrouille, montrant à Loni sa galerie de photos on ne peut plus innocentée.

- C'est bon, tu me crois maintenant ? Je ne suis plus le pervers narcissique que tu t'imagines ?