La Symbiose

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Le mois d'avril s'est écoulé avec prudence, comme une lente cicatrisation après le drame. Sortie de l'hôpital, Aimée sourit de nouveau depuis que Corey est revenu auprès d'elle. Ils se voient régulièrement, à la manière d'amis qui passent du temps ensemble pour ne pas trop s'éloigner l'un de l'autre. Cette relation douce et platonique leur convient à tous les deux. À l'inverse de Loni qui lui propose des solutions pragmatiques, Corey apporte à Aimée le soutien émotionnel dont elle a besoin. La présence des deux hommes de sa vie lui donne la force d'avancer et rétablit une sorte d'équilibre entre leurs trois cœurs liés.

Suite à leur réconciliation, la Symbiose a repris tout naturellement, sans que le directeur n'ait eu à intervenir. Loni et Corey s'installent toujours à côté en classe, discutent toujours ensemble, restent toujours proches l'un de l'autre entre les cours et se donnent parfois même quelques rendez-vous après le lycée, sous le prétexte de la révision. Corey s'est retenu de tenter quoi que ce soit pour ne pas brusquer Loni qui maintient entre eux une distance amicale, par mesure de précaution. Toutefois, son attirance pour lui n'a pas faibli avec le temps, rougissant toujours au contact de sa main et cherchant sans cesse à croiser ses yeux chocolat.

Assis à une table chez « Doux & Corsé », Corey écoute d'une oreille distraite les explications de Loni sur leur dernier cours de physique-chimie. Il ne fait en réalité qu'admirer ses jolies lèvres remuer en se laissant bercer par sa voix enivrante. Sans le quitter des yeux, il hoche la tête d'un air intéressé, mais Loni n'est pas dupe et s'arrête soudain de déclamer des choses intelligentes. Il incline doucement la tête en haussant un sourcil, Corey manque de s'étouffer avec son café latté.

- Dis, tu m'écoutes ou je parle dans le vide depuis tout à l'heure ?

- Mais je t'écoute, Loni ! ment-il aussitôt avant de croquer dans son muffin pour se donner un peu de contenance.

Sans prévenir, Loni se lève de sa chaise pour se pencher en avant, les deux mains appuyées de part et d'autre de son chocolat chaud. Il approche son visage en plissant les yeux d'un air aussi sérieux qu'adorable. Corey doit se faire violence pour avaler sa bouchée de muffin sans tousser, sentant la chaleur de ses joues le trahir à vue d'œil. Soudain, Loni attrape une serviette et essuie délicatement le coin de sa lèvre.

- Tu avais une miette, se justifie-t-il en se rasseyant.

Corey rit avec nervosité, le visage en feu. J'ai été stupide de croire qu'il allait m'embrasser, pense-t-il amèrement, vraiment stupide...

- Vu que ton cerveau n'a pas l'air disposé à comprendre la stéréoisomérie, on va s'arrêter là... marmonne Loni qui commence à ranger ses affaires.

- Non, attends ! Je te jure que je vais me concentrer ! S'il te plaît, ne pars pas...

La petite fossette se creuse dans la joue de Loni, espiègle et amusée.

- Du calme, j'ai dit qu'on allait s'arrêter là pour les révisions, pas que j'allais plier bagages et t'abandonner. Je sais à quel point tu ne peux pas te passer de moi... le taquine-t-il avec un sourire mutin.

Corey lui fait une grimace qui tourne bien vite au fou rire. Les deux garçons sortent du café, bras dessus bras dessous, tout en continuant de bavarder. Avec la fin de sa rééducation, Corey peut remarcher normalement, sans l'aide de ses béquilles Joséphine et Jennifer à qui il a fait de longs adieux. De la même façon, Loni a abandonné son attelle Philibert. Il a désormais la capacité d'écrire, Corey peut de nouveau marcher en portant son sac... S'ils n'avaient pas noué ce lien si particulier qui les réunit aujourd'hui, la Symbiose aurait pris fin d'après les règles du directeur. Et pourtant, leur punition qui n'en est plus une ne risque pas de cesser.