La Symbiose

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Quinze heures qu'Aimée ne s'est pas levée de son lit. Ses jambes sont paralysées, molles, lourdes. Mortes. Quinze heures à fixer le plafond de sa chambre. Dans le noir, dans les ténèbres. C'est là qu'est sa place. Quinze heures à se souvenir de choses qui n'arriveront plus. Du bonheur. Mort lui aussi. Aimée revit ces moments dans son esprit meurtri. Corey. Elle le revoit lui sourire, lui parler, l'embrasser... Corey, reviens-moi. Elle le revoit sous la lumière des réverbères. Je t'en supplie. Elle le revoit lui tenir la main et la guider jusqu'à sa chambre. Je t'aime encore.

Je t'aime.
Je t'aime.
Je t'aime encore.

***

Sous son regard amoureux, Corey a ouvert la porte de la chambre. Ils se sont tous les deux avancés en s'échangeant de tendres baisers et des mots languissants. La petite enceinte jouait faiblement de la musique, Always Somewhere de Scorpions. Ils se sont assis sur le lit et Corey a enlevé son tee-shirt. Il a enfoui son visage dans le cou d'Aimée, entre ses boucles brunes, lui murmurant à quel point elle sentait bon. À ses mots, Aimée se sentait déjà perdre la tête.

Elle a voulu à son tour se débarrasser de son haut pour sentir encore plus sa peau contre celle de Corey. Alors ce dernier lui a ôté son pull, puis son débardeur en souriant avec malice. Ses doigts habiles jouaient maintenant avec l'agrafe de son soutien-gorge. Il a demandé la permission avec un regard débordant d'envie et Aimée a tout de suite accepté. Elle a jeté le sous-vêtement au pied du lit, bientôt rejoint par deux pantalons et des chaussettes. Alors les deux amoureux se sont laissés aller sur le matelas dans la frénésie de leurs baisers. Corey embrassait chaque parcelle du corps d'Aimée avec une tendresse affolante. En arrivant face à son dernier vêtement, il a relevé la tête pour savoir s'il pouvait continuer. Aimée a rougi.

— Qu'est-ce qu'il y a ? a demandé doucement Corey. Tu stresses ? On n'est pas obligé de le faire si tu ne le sens pas. Je n'irai pas plus loin sans ton consentement.

— C'est pas ça... a bredouillé Aimée. J'en ai envie, je le veux... mais je... je ne me suis pas rasée à cet endroit...

Corey l'a regardé avec des yeux ronds avant d'éclater de rire.

— Mais enfin... c'est pas grave, ça ! Je m'en moque complètement ! Avec ou sans poils, tu es belle, Aimée. Et j'ai envie de toi. Maintenant, est-ce que toi, tu as envie de moi ?

Aimée n'a même pas eu besoin de réfléchir à la question, sa réponse était toute faite : un grand « OUI », un « OUI » qu'elle aurait pu crier sur tous les toits. Dès sa rencontre avec Corey, elle avait su immédiatement que ce serait à lui et à personne d'autre qu'elle dirait son premier « OUI ».

Le moment a été magique. Non... renversant, époustouflant, sensationnel, exaltant, jouissif ! Aimée ne s'était jamais abandonnée à quelqu'un de la sorte, dans une telle confiance et avec un tel désir. Ça a été dans son corps tout entier une explosion de plaisir, si intense qu'elle s'en retrouvait brisée en mille morceaux. Elle se sentait vivre. Elle se sentait vivante, enfin. Vivante. Elle sentait son corps contre celui de Corey. Vivante. Son souffle mêlé au sien. Vivante. Ses soupirs et ses gémissements d'extase confondus avec les siens. Vivante. Son âme, son sang, son cœur ne faisaient plus qu'un avec les siens. Corey m'a rendue vivante. Elle avait l'impression de tout comprendre d'un coup, l'amour, le bonheur, le sens de sa vie. Tout. Et à cet instant, le paroxysme, l'éclat de jouissance, Aimée n'avait plus que deux mots à la bouche : « Je t'aime » « Je t'aime » « Je t'aime ». Puis elle s'est détendue sur le lit, heureuse, pleine d'amour, complète... Lorsqu'elle s'est détendue à ses côtés, elle a su. Elle a su qu'elle pourrait tout faire pour lui. Vivre pour lui. Mourir pour lui. Tout. Il était son tout. Et sans lui...