9. La Sorcière et le désert

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PDV de la Sorcière bannie, à la frontière séparant le royaume de Dendérah et les Plaines de la Mort.

Alors que mes pas me ramenaient vers ce désert, celui que j'avais tant détester, j'apaisais mon esprit en invoquant l'image de cette petite flora. Cette même magie qui me fascinait et m'insupportait à la fois. Elle qui possédait un pouvoir si rare, à la fois puissant et faible : celui de l'union entre tous les éléments primordiaux de la magie.

— Je n'aurais jamais cru que cette forme de magie perdue puisse réellement exister..., monologuai-je sous la chaleur accablante du désert. Après 18 longues années, nous voilà fin prêts.

Après tant d'années à étudier la nature des essences magiques et leurs formes, j'avais accumulé d'immenses savoirs.

Tout mage connaissait le principe des affinités élémentaires : c'était la base même de l'essence magique. En découvrant et développant notre Arcane, nous étions intimement liés à deux éléments qui prenaient forme lors du premier contrat avec un Faesidh, ceux que le peuple nommait créatures merveilleuses. Ce premier contrat faisait éclore le potentiel dormant de l'essence magique du mage, tel le premier fruit d'un arbre qui atteignait enfin la maturité. Cependant, autre que le principe d'affinités, tout mage connaissait le rôle des contrats avec les Faesidhs dans l'usage de la magie. En effet, nos liens avec eux permettent d'amplifier et de matérialiser la capacité magique du mage comme celle de la créature merveilleuse.

On pouvait voir la relation entre un mage et un Faesidh comme celle entre les plantes et le Soleil. Les plantes ont besoin du Soleil pour croître et se manifester et elles ne sont rien sans la lumière. Cependant, la force passive du Soleil est dans sa capacité d'émission de lumière. Puisque le Soleil désire et désirera toujours s'impliquer dans la vie, les Faesidhs s'impliqueront toujours auprès des mages.

De base, il y avait l'eau, le feu, la terre, l'air et le numen comme éléments primordiaux. Ce dernier était le seul élément intangible à l'œil du profane. Originant de ces cinq éléments fondamentaux, la magie puisait dans l'affinité de deux éléments, créant une combinaison qui correspondait avec le mage. Dans de cas extrêmement rares, l'affinité de plus de deux éléments était possible, comme dans le cas de Zachir et de celle de la flora. Cette combinaison, unique à chaque mage, était intimement liée à son âme, à sa personnalité, à ce qu'il est. Elle peut évoluer au fil du temps sans rompre son lien avec son origine. Dans mon cas, j'étais lié avec l'eau et le numen.

Cependant, je n'avais jamais été en mesure de savoir quels étaient les critères qui déterminaient pourquoi certains mages pouvaient avoir plus de deux affinités. Un autre mystère que je n'avais pas encore résolu. Pas encore.

Et il y avait mon histoire, celle d'une grande Magicienne qui avait repoussé les limites de nos savoirs pour finir exilée. Une histoire glorieuse d'une femme bafouée par ses compères pour une histoire déontologie arriérée.

Mon mantra était celui-ci : chaque frontière, chaque limite n'est qu'une nouvelle porte vers des lieux qui n'ont pas été découverts. À l'instar de ceci, j'avais avancé dans mon perfectionnement avec cette idée comme phare pour me guider sur ce chemin. Cette philosophie de vie m'avait fait certains dissidents, quoique c'était moi qui était non-conforme aux mœurs de l'Institut de magie. Or, je ne m'étais jamais laissé distraire par ce genre de détail. Non, j'avais décidé de relever le défi de l'Histoire de la magie. Aux antipodes des quatre éléments primordiaux, le Numen était l'élément le plus mystérieux et le moins connu. C'était devenu un défi légendaire que personne n'osait relever. Or pour moi, j'y voyais l'opportunité de laisser ma marque dans les livres d'Histoire. Mes études et mes recherches avaient permis de mieux discerner son rôle, cet élément invisible à nos yeux d'humain.

L'Éveil de l'Arcane T.1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant