L'Éveil de l'Arcane T.1

40. Thalia coincée à l'Institut

Un froid glacial avait envahi les lieux, assombrissant tout autour de nous. Je m'enfonçais dans mon siège tandis que la magie rassurante de Baffie s'étendit autour de moi. Le froid qui venait de se lever ne m'affectait plus, mais l'ambiance se faisait sentir. Malgré la teneur de cette mauvaise nouvelle, je ne m'attendais pas à une telle perte de contrôle de magie de la part de l'homme en face de moi. Puis, ça se dissipa. Le maître de Zachir relâcha son souffle. Il venait de me faire la peur de ma vie. Je commençais sincèrement à m'inquiéter.

Finalement, il me questionna, me prenant au dépourvu :

— Que sais-tu de la magie, Thalia ?

Je fronçais les sourcils, ne m'attendant pas à cette réaction. Il agissait maintenant avec nonchalance, comme s'il n'avait pas eu de baisse drastique de température dix secondes plus tôt. Il me regardait comme les professeurs le faisaient enfant : comme si j'avais la réponse. Qu'attendait-il de moi ? Je n'étais pas une initiée de la magie, je n'étais pas non plus une apprentie. La conversation prenait une tournure que je n'avais même pas envisagée. Comme la dernière fois avec la Sorcière.

« Enfin, elle, elle répondait aux questions qui lui plaisaient... Lui, il pose des questions sans répondre aux miennes», songeai-je.

— A-Avez-vous compris ce que je viens de vous dire, monsieur Falardo ? m'enquis-je avec perplexité.

— Oui, d'où ma question. Saviez-vous que la magie se manifeste sous diverses formes pour les mages ? La plupart d'entre nous n'est lié qu'à deux éléments primordiaux. Zachir en possède exceptionnellement trois, et il y a le cas encore plus exceptionnel. Comme celui de la flora.

Je me figeais, alors que le mot « flora » faisait écho dans ma mémoire. La Sorcière avait utilisé ce terme pour me parler, et les Faesidhs également. Beaucoup de gens semblaient connaître le sens de ce mot. Cependant, je ne comprenais pas ce que c'était censé signifier. Au début, je croyais que c'était parce que je m'occupais des fleurs. Là, il était évident à ce moment précis que ce mot avait une autre signification. Mais laquelle ? C'était le nom de quelqu'un ou de quelque chose ?

Le maître de Zachir poursuivit son explication après m'avoir laissé un moment de réflexion :

— Le problème avec les mages de feu, c'est qu'ils sont assujettis à la possibilité de se consumer. Ils ont accès à une quantité d'énergie fulgurante et extrêmement puissante. Son défaut est qu'il est dépendant des autres.

Levant une main dans les airs, une flamme prit naissance au creux de sa paume. Celle-ci dansa au creux de sa main, consumant un objet que je n'avais pas remarqué un instant plus tôt. Une intuition me soufflait que le feu n'était pas son élément, mais qu'il était malgré tout très proche de cet élément.

Mon attention revint sur le mage qui poursuivit son monologue explicatif :

— Tel le feu a besoin de bois et d'air, la magie du feu nécessite l'assistance des autres pour éviter de se consumer. Il est à la fois celui qui illumine que celui qui peut apporter les ténèbres en s'éteignant. D'où la raison pourquoi Zachir est relié à autant de Faesidhs et qu'il doit faire extrêmement attention à son utilisation de la magie. Pour lui, un esprit sain dans un corps sain n'est pas une option, c'est une nécessité.

Je déglutis avec difficulté alors que le mage me révélait la nature véritable de la magie de Zachir. Les choses prenaient sens.

Je comprenais enfin pourquoi il était revenu dans un si piètre état de son précédent voyage. Je comprenais enfin son obsession pour son bien-être : sa magie en dépendait ! Au contraire de bien des rumeurs, il n'était pas fainéant ni hautain ; il était un mage très appliqué et sérieux. Peut-être passait-il des heures à s'occuper de son corps, mais il faisait la même chose pour son esprit. Combien de fois l'avais-je vu en train de lire un grimoire, revenir avec des nouveaux, sans nommer le nombre de fois où il y en avait plusieurs d'ouvert en même temps.