24. Le coup de la Sorcière

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PDV de la Sorcière bannie, quelque part dans les Plaines de la Mort.

La magie qui s'était agitée dans ma paume se résorba. Je poussais un soupir lassé en laissant tomber ma main sur l'accoudoir. Mon lien avec le sort qui venait frapper le lieu où se trouvait la flora s'était coupé de moi. En même temps, ma spécialité n'était pas l'air, mais l'eau et le Numen.

Malgré mes connaissances et mon expertise de la magie, je ne pouvais pas exceller sur un élément qui n'était pas le mien.

— Ce beau mage de Zachir est vraiment bien entouré. Il a su combler la faiblesse de sa magie en contractant divers contrats avec plusieurs Faesidhs, tel le brasier qu'il est.

Je fermais les yeux, me reliant à ma cible, ou du moins, à ma magie qui l'entourait. Il me fallait être très prudente pour ne pas être détectée, et ainsi ne pas être retraçable. Oui, elle était encore avec ce mage, même si j'étais incapable de les localiser. Heureusement, mon sort de contrecoup ne nécessitait aucun paramètre de lieu, puisque la seule condition était que la flora contourne une règle émise par le sortilège. De plus, grâce à ses mèches de cheveux, j'étais assurée de parvenir à l'atteindre.

Je devais admettre être un peu perplexe : la petite avait pris beaucoup de temps avant d'essayer de demander de l'aide. Et encore, c'était un Faesidh qui avait détecté ma magie, et non le prodige.

Je me demandais si la petite était méfiante ou trop gentille. Ou sinon, elle faisait la politique de l'autruche. D'après les informations que j'avais pu obtenir sur la petite, je penchais pour la dernière option.

Et c'était très décevant. Comment cette petite peureuse, sans éducation et naïve pouvait-elle posséder un Arcane aussi puissant ?

Je rouvris mes yeux pour les poser sur les pans de murs de mon atelier. Divers de mes objets magiques s'entassaient sur les étagères ainsi que des livres dont seulement une centaine était de ma plume. Dans mon ancienne maison, je possédais plus d'un millier de livres précieux, certains provenant de contrées lointaines. Mon regard glissa jusqu'à la fenêtre, éveillant en moi une envie de prendre l'air. Le temps de ce regard, je pensais à voix haute :

— Eh bien, cela avait pris bien plus de temps que je ne l'aurais cru pour qu'elle essaie d'en parler... Cette petite est une plaie. C'en est affligeant un tel déni de soi.

— C'est dans sa nature, me fit remarquer Mama-Wati, ouvrant ses yeux reptiliens vers moi.

Je me redressais avec grâce de mon siège en cuir, ne répondant rien au commentaire de mon compagnon Faesidh, une créature merveilleuse ayant l'apparence d'un énorme serpent. C'était avec elle que j'avais conclu mon premier contrat, c'était elle qui avait éveillé mon Arcane, la Mímirsbrunn*.

C'était si loin maintenant, d'une autre époque. Une autre personne.

Les souvenirs de cette autre personne m'emmenèrent à contresens des années. Des joies teintées dorénavant de colère ; une trahison au goût de la tristesse ; la confiance qui était devenue cendres. Les mages n'étaient pas dignes de confiance. Des humains, c'était problématiques, mais les mages étaient une calamité, pire que la peste.

Je ne serais pas contre que certains meurent. Très peu méritaient ce titre, ils étaient de très mauvais représentants de la Magie.

Alors que je quittais mon atelier de magie, je suivis un couloir qui menait vers mes quartier. En chemin, je vis l'une de mes marionnettes, un homme qui s'occupait de ranger des objets magiques. Je l'avais envoyé récupérer une commande, et tout s'était bien déroulé comme à l'habitude. Ce n'était toujours pas le cas : j'étais tristement célèbre et surveillée par l'Institut de magie. Parfois, il arrivait que je doive abandonner une marionnette. Si cela arrivait, elle oubliait tout ce qui me concernait ainsi que tout le temps passé sous mon influence hypnotique. Je ne pouvais pas me permettre de ne pas prendre de telles précautions avec l'Institution magique sur les talons.

L'Éveil de l'Arcane T.1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant