44. Thalia seule avec le mage

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Je n'en revenais toujours pas. Entre l'arrivée d'Éfrit puis de Mafdet, sans parler de la guérison miracle de Zachir et de cette annonce de l'expédition, je n'avais pas eu le temps de me retrouver seule. Au moins, j'étais contente de savoir Zachir en forme. Il avait été le premier à être parti se coucher la veille, avant que tous ne le suivent peu après. Enfin, tout sauf Mafdet qui était repartie chez elle.

Le hic, alors que tous étaient parti se coucher, c'était moi qui était incapable de dormir. Bon, le soleil venait à peine de se coucher, mais je ne trouvais tout de même pas le sommeil. Mes yeux demeuraient ouverts, mon esprit parfaitement réveillé.

Donc, je finis par trouver une occupation à mes doigts : repriser les chaussettes à la lumière d'une lampe. Je devais avoir l'air très ringard et limite pathétique. Heureusement que Zachir ne me voyait pas : je ne pourrais pas supporter qu'il puisse me voir encore plus bas. Encore plus bas que je ne l'étais déjà.

Les tics-tacs d'une horloge rythmaient le reste de la soirée. Le temps passa jusqu'à tard dans la nuit, et là, je l'entendis. Un bruit intermittent avait attiré mon attention. Levant les yeux de mon reprisage, je cherchais la source du bruit. Il ne venait pas du sous-sol, donc ce ne pouvait pas être Cifer. J'étais certaine que ce n'était pas non plus Lucaï ni Zachir. Un frisson d'inquiétude dévala ma colonne. Qui ou quoi pouvait bien faire ce bruit ? Je me redressais en douceur, replaçant mon châle sur mes épaules. J'avais l'impression que ma gorge se trouvait dans un étau alors que je cherchais la source du bruit. Je regardais dans chacune des fenêtres : j'étais certaine que le bruit venait de dehors. Je fis toutes celles de la cuisine, puis celles du salon, avant de monter à l'étage. Près de la chambre de Zachir, je vis de la lumière. Elle provenait d'un atelier, un qui se trouvait à l'extérieur et il était complètement inaccessible. J'avais découvert que c'était l'atelier privé du mage. Il y avait des lampes ici et là qui éclairaient quelqu'un qui semblait travailler. J'ouvris avec précaution la fenêtre pour reconnaître le mage. Il était censé se reposer dans son lit, et le voilà en train de bosser sur je-ne-savais-quoi.

« Dormait-il réellement lorsque je suis passé ou avait-il attendu que je sois partie pour sortir de sa chambre ? », me demandai-je mentalement. J'étais peut-être une fausse vieille, mais je n'étais un homme enfant comme lui.

Je m'accoudais silencieusement à la fenêtre. Je relâchais la tension avec un soupir de consternation. Il m'énervait tellement ce mage. Il se croyait invincible, mais ce que je trouvais si incroyable chez lui. Voir sa détermination, sa passion au-delà de la logique, j'enviais cette force en lui.

Je me laissais bercer par la vision de Zachir en train de travailler. Son projet sur lequel il œuvrait ressemblait à des sortes de bottes. Ça me rappela la dernière fois que je l'avais espionné en train de faire de la soudure. Était-ce le même projet ?

— Pourquoi de la soudure pour des bottes ? soufflai-je d'une petite voix, ne trouvant pas le lien entre ces deux choses.

— Thalia ? Que fais-tu encore debout ?

Étonnement, je n'avais pas été surprise d'entendre le mage. Je baissais les yeux pour trouver Zachir qui me regardait. À cette distance, j'étais incapable de dire son expression, mais ses yeux ne me quittèrent pas. Je ne détournais pas le regard, mais je ne parvenais pas à savoir pourquoi je le faisais. Je me sentais presque courageuse de ne pas flancher sous son regard. Nous étions que nous : la nuit nous appartenait. Ça me rappelait Beltaine.

M'accoudant plus confortablement à la fenêtre ouverte, je lui avouais :

— J-J'ai entendu un bruit et je me suis demandé ce que c'était. Sur quoi travailles-tu exactement ?

Sans me répondre, le mage se dirigea vers une porte. Le temps que je le hèle pour demander des explications, Zachir avait passé sa tête dans l'embrasure de la porte de sa propre chambre. Je sursautais en le découvrant à quelques pas de moi.

L'Éveil de l'Arcane T.1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant