30. Thalia voit une amie

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PDV de Thalia au Manoir volant.

Deux jours s'étaient écoulés depuis ma rencontre avec les Sylphes. Mon genou était enfin guéri grâce au soutien de Lucaï, Hestia ainsi que l'aide de mes nouveaux amis Faesidhs.

Malheureusement, Zachir brillait par son absence.

Il rentrait lorsque je dormais et il partait en coup de vent le matin. Il faisait également beaucoup d'aller-retours, ramenant d'étranges caisses et d'objets dont leur utilité m'échappait. J'avais bien osé le questionner une fois, mais ils avaient trouvé le moyen de me faire tourner en bourrique. Il avait balayé mes questions en prétextant de n'avoir pas assez de temps pour m'expliquer.
Disons que j'étais dévorée par la curiosité et par l'affreuse impression d'être un caillou dans un soulier. Enfin, dans celui de Zachir.

La seule chose que j'avais réussi à découvrir, c'était qu'il travaillait sur un projet secret. Je l'avais vu un soir faire la soudure sur deux étranges objets de tailles similaires. Je lui avouerais sans doute jamais, il me prendrait pour une folle, mais je l'avais déjà espionné. De ce que j'avais pu observé, c'était un atelier extérieur rempli de bric-à-brac en métal ou en bois. Sur le coup, je croyais que c'était une décharge. Entre-temps, je n'étais pas parvenue à trouver le chemin pour s'y rendre. Et j'avais cherché pendant des jours, fouillant partout. J'avais même essayer de m'y rendre à partir de dehors, mais impossible.

Un mystère qui avait piqué à vif ma curiosité déjà assez malmenée.

Comme ce matin. Zachir était particulièrement heureux, et ça m'intriguait. Il était resté deux fois plus longtemps dans la salle de bain aujourd'hui. Lorsqu'il descendit, j'eus tout le loisir de contempler le résultat. Il avait savamment coiffé ses cheveux blonds pour dégager son front. Il portait un habit très semblable à celui de notre première rencontre. Je le trouvais très élégant dans ces habits. Et dans ses mains, il y avait un paquet emballé en forme de cône.

— Bon matin, Zachir. Dis, que tiens- ? m'enquis-je les yeux fixés sur l'objet avant d'être interrompue.

— Pas le temps ! Je vous laisse la garde du manoir, ordonna gentiment le prodigieux Mage à Lucaï et moi.

— Oh, je ne peux pas, l'interrompis-je avec une voix forte et claire, sans crier. Je vais voir une amie.

Zachir s'immobilisa une seconde. Il pivota sa tête dans ma direction et il haussa un sourcil, surpris. J'étais un peu déstabilisée de le voir ainsi réagir, mais ma raison me rappela un détail. C'était la première fois que je sortais seule du manoir. Habituellement, j'étais toujours accompagnée de Lucaï. Même Hestia pointa son nez. Elle me regarda longuement tandis que Lucaï confirmait que j'étais invitée chez une amie. Je vis du coin de l'œil Hestia se détourner, se désintéressant soudainement de la conversation. Je ne fis aucun commentaire, mais je me concentrais sur Zachir. Je le trouvais étrange, trop calme. Il me souriait avec bienveillance, avant de me dire :

— J'en suis heureux pour toi. Par contre, ménage-toi, mamie Thalia. Je te rappelle que ton genoux est encore fragile.

Je levai les yeux au ciel malgré moi. Même si ça venait d'une bonne intention, j'avais toujours détesté être traiter comme une idiote. Déjà d'être couvée par ma famille était pénible, me voilà coincée avec les préjugés sur les vieilles.
J'acquiesçai avec empressement, balayant sa remarque de ma main. J'avais peut-être été imprudente l'autre jour, mais pas cette fois-ci. J'avais pris le temps d'entourer mon genou d'un bandage, et je comptais marcher lentement.

J'avais pensé à tout, cette fois-ci. Et je n'allais certainement pas laisser une petite blessure m'empêcher de me rendre chez Thosia !

— Je suis peut-être vieille, mais pas déraisonnable, Zachir.

L'Éveil de l'Arcane T.1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant