19. Thalia et la rencontre nocturne

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PDV de Thalia, dans le Manoir volant.

Ça faisait un moment que j'entendais un bruit, mais je continuais de somnoler. C'était un bruit intermittent, qui semblait se répéter. De l'air sifflait plus fort, et je finis par ouvrir les yeux. Sur le coup, j'aurais aimé dire que je n'avais pas reconnu les lieux : chose normale étant donné que je n'étais pas chez moi.

Sauf qu'au réveil, au moment où mon esprit reprit conscience, je me souvenais de tout. De la porte verrouillée qui s'était ouverte pour laisser entrer une sorcière chez moi ; de son étrange marché sans queue ni tête ; et la malédiction qui m'avait poussé à fuguer.

Lentement, je me redressais avant que le bruit intermittent ne recommence. Je me figeais, surprise par ce son. Je croyais avoir rêvé le bruit, mais apparemment, je faisais fausse route. Il était fort, comme si quelqu'un travaillait sur du métal. Je jetais un coup d'œil vers une fenêtre. Il faisait encore très sombre dehors, mais je voyais les traces que le matin arrivait.

Se pouvait-il que ce soit Zachir ?

Je levai les yeux vers l'étage, mais le bruit reprit sous mes pieds. Perplexe, je m'agenouillais au sol, puis je collais mon oreille contre le sol. Au début, rien ne me parvint, mais j'attendis.

Puis, je l'entendis clairement : ça venait vraiment du sous-sol.

Attendez, un sous-sol ?

Je me redressais alors que je cherchais visuellement une entrée tout en essayant de me souvenir. Lucaï m'avait-il parlé d'un accès au sous-sol ? Peut-être était-ce lié à la machinerie qui faisait léviter le manoir ?

D'un coup, je me figeais. Je me souvenais enfin ! Lucaï m'avait montré le manoir de long en large et il m'avait expliqué le fonctionnement du manoir. Et si c'était un problème mécanique que j'entendais ?

Effrayée par l'idée, je me redressais d'un coup pour prendre la porte de l'atelier. Je me souvenais clairement des machines à l'extérieur du manoir. On pouvait y avoir accès par la cour abandonnée. Aussi rapidement que silencieusement, je m'y accourais. Rendue dehors, je gémis lorsqu'une grande rafale de vent glaciale me fit frémir. Je me frictionnais les bras, avançant lentement dans la pénombre. Une lumière était faiblement visible à contrebas de la balustrade. Sauf que je ne comprenais pas pourquoi il avait de la lumière à cet endroit. Le soleil ne se levait pas de ce côté-là. Me dirigeant de ce côté, je m'approchais de la barrière pour jeter un coup d'œil plus bas. Là, je me figeais. Un petit être, on va dire, était en train de faire je-ne-savais-quoi. Sauf que ce n'était pas Lucaï.

Enfin, je l'espérais.

Surtout que je le trouvais un peu trop insouciant : il était assis sur une petite nacelle qui avait l'air d'être tout, sauf sécuritaire. Pourtant, malgré les vents contraires, malgré la noirceur, il continuait de travailler sur... ce qu'il travaillait.

Nom d'une pétale qu'il faisait froid ! Il n'avait pas froid, lui ?

— P-Pardon, monsieur ? hélai-je finalement.

Une paire d'yeux trouva les miennes : un regard de bronze liquide. Je me figeais, regardant ses yeux si particuliers. Son visage semblait plutôt jeune, malgré toutes les tâches de suies sur son visage. Ses cheveux étaient à la fois clairs et sombres ; peut-être étaient-ils sales ?

Sauf que je n'avais pas prévu qu'il me sourit avec autant de douceur. Enfin, je devais admettre que je ne savais pas trop quoi à m'attendre, mais certainement pas à ça. Je le vis détourner un instant son regard avant qu'un bruit de poulis ne s'élève dans les airs. Muette par la scène, je me contentais de voir sa nacelle me rejoindre. Je m'accroupis au moment où le mécanisme cessa. On se retrouva presque nez à nez, séparés par la balustrade. Lui, toujours assis dans la nacelle et moi, accroupie et les bras serrés autour de moi.

L'Éveil de l'Arcane T.1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant