23. Thalia et les mauvaises nouvelles

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PDV de Thalia, au Manoir volant.

Après une seconde nuit agitée, je finis par sortir prestement de mon lit.

Il me fallait un café, très corsé même.

Ça faisait des heures que je ne cessais de me virer dans mon lit. J'avais tellement peur des répercussions après ce qui s'était passé hier matin : Hestia avait deviné ma malédiction. Et de qui je l'avais reçu.

Je fermais les yeux alors que les souvenirs refaisaient surface dans mon esprit.

— Tu es affecté par un sortilège, n'est-ce pas? dit l'esprit du foyer de but en blanc alors que je m'étirais.

Je me crispais. Que faire ?

Finalement, je fis lentement volte-face. Je posais timidement mon regard sur Hestia, incertaine. Ses yeux aux couleurs vacillantes retournaient mon regard. Était-elle furieuse ? Déçue ? J'étais incapable de le deviner : elle demeurait stoïque. Je serrais mes lèvres l'une contre l'autre, refusant de parler. Je savais que je ne pouvais pas demander de l'aide. Mais je ne voulais pas mentir à Hestia.

Alors, je me contentais de la regarder en silence. C'était ma seule option.

— De la Sorcière bannie, ajouta-t-elle en baissant la voix, disant tout haut ce que je ne pouvais pas. Et tu ne peux rien dire.

Je présumais qu'elle avait eu sa réponse en voyant les larmes gonflées sous mes paupières. Je me frottais les yeux alors que le silence s'éternisait. J'angoissais à l'idée d'être rejetée, et de me retrouver dehors seule. Reniflant piteusement, je me détournais d'elle pour aller me rincer le visage. Je sentais son regard de braise sur moi, mais je refusais obstinément de la regarder. Je ne voulais pas leur mentir, mais je me sentais tout de même coupable de leur avoir caché la vérité.

— N'oublie pas, Thalia. Ici, tu es chez toi, maintenant, me répéta-t-elle d'une voix qui intimait aucune objection.

Je sortis brutalement de mes pensées. Je réalisais que je serrais si fort la tasse vide que je m'en faisais mal. Je pris une inspiration fébrile pour tenter de m'apaiser. Hestia ne m'avait pas chassé, donc je n'avais rien à craindre. Pour le moment. Je me frictionnais les mains pour soulager la sensation désagréable dans mes os, et dans ma tête.

Je savais que ces paroles étaient censées me rassurer, mais elles avaient eu l'effet inverse. Hestia ne pouvait pas savoir les conditions exactes de mon maléfice. Cette sorcière m'avait enlevé ma maison, ma vie pour une raison qui m'échappait. Et elle s'attendait à ce que je revienne vers elle.

Au moins, Zachir semblait toujours ne rien savoir sur le sujet. J'avais eu la peur de ma vie quand il était venu me parler : mon cœur avait raté un battement, et c'était très désagréable. Mais en même temps, c'était la première fois qu'il engageait intentionnellement la conversation avec moi. Je pressais mes mains l'une contre l'autre, et contre ma poitrine en repensant à cette attention. Je fermais les yeux alors que mon angoisse disparaît comme la neige au soleil.

Je me trouvais un peu naïve, mais comment ne pas être ravie d'avoir l'attention de Zachir ? Lui, le célèbre mage que je suivais de loin depuis bientôt quatre ans. Ça m'avait tellement fait plaisir qu'il vienne me voir, qu'il s'intéressait à moi. Enfin, jusqu'à ce que je me mette à pleurer. Je ne m'étais pas attendu à sa réponse. Elle avait eu l'effet d'une claque en pleine face. Je savais pertinemment que ce que je lisais dans les livres n'était pas réel, que ce n'était que des chimères. Sauf que j'étais qu'une fille banale qui n'avait ni but ni ambition concret. Je m'étais contenté de travailler pour la boutique familiale, sans jamais chercher à vouloir plus. Je ne connaissais que les fleurs et les romans, je n'étais pas de celles qui écrivaient. J'étais de celles qui ne demandaient qu'à embarquer dans le bateau d'un conteur qui me mènerait là où il voulait, pour découvrir que c'était là où je voulais aller. Pis, même si je voulais voir les merveilles de ce monde, je ne voyais pas comment faire. Et encore plus maintenant que j'étais pris dans le corps d'une vieille dame. La seule et bonne chose que je savais faire ici, c'était une mamie devant les fourneaux.

L'Éveil de l'Arcane T.1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant