PDV de Thalia dans l'une des cours intérieur du Manoir volant.
Je terminais mon café qui était rendu tiède : je n'aimais pas le goût quand il avait refroidi, mais je détestais gaspiller. Après tout, ce n'était pas moi qui payais les factures.
J'essuyais mon front en sueur avant d'admirer mon travail. Travailler la terre m'avait toujours apaisé l'esprit : j'étais heureuse de pouvoir recommencer. J'avais découvert ce petit coin sauvage au cours de ma découverte du manoir. Selon Lucaï, personne n'y allait ou ne l'utilisait.
Et ça paraissait : les herbes s'élevaient au niveau de mes genoux, touffus et d'une belle teinte verte. Ça me rappelait la maison, et je me sentais un peu moins dépaysé. Bon, il y avait parfois de grandes rafales, mais je ne me laissais pas me décourager. J'avais fait de ce petit coin mon jardin secret, et je comptais le garder. J'avais récupéré au fil des jours toutes sortes de contenants. Peu à peu, j'avais réussi à empoter plusieurs herbes et fleurs : la menthe, la sauge, la lavande, la violette, la pensée, la marguerite...
J'admirais mon œuvre avec une petite joie enfantine avant de m'étendre près d'eux. Je me mis à fredonner pour eux, contemplant le ciel comme le ferait une fleur. C'était une habitude que je faisais depuis aussi loin que je pouvais me souvenir. À défaut de voir de véritables créatures merveilleuses, je me confiais aux fleurs. Au fil des saisons, je réalisais que mes fleurs réagissaient à mes compliments : elles étaient plus belles, plus en santé.
Depuis, je n'avais jamais cessé de leur parler. Je leur racontais tout, telle une amie silencieuse. Bon, tous ceux qui m'avaient déjà vu le faire m'avaient trouvée folle. Peut-être l'étais-je, mais je ne voyais pas comment leur expliquer. Je ne trouvais pas cela si différent que de prier.
Je me redressais en poussant un grognement. Je ne voulais pas y repenser !
— Bon, mes jolies, finissons le cadeau d'Hestia.
Je récupérais la boîte dans laquelle j'avais laissé des feuilles et des fleurs à sécher. Je voulais lui offrir un bouquet de fleurs à brûler, mais pas n'importe lequel : j'allais me surpasser pour qu'il soit magnifique. Rapidement, mes mains se souvenaient de la méthode pour les entrelacer autour de la branche de cèdre que j'avais récupérée quelques jours plus tôt. Une à une, je fis rejoindre de nouvelles fleurs, tressant les fleurs comme on le faisait pour une tresse française. J'avais cueilli plusieurs fleurs sauvages que je connaissais très bien. Je pouvais dire presque tout sur elles : leur utilité, les dangers possibles, l'entretien dont elles ont besoin, leur floraison, etc. Mais j'ignorais leurs noms, j'étais critiquée et discréditée auprès des connaisseurs en fleurs.
« Une expertise qu'on ne te reconnaît pas », susurra une petite voix traîtresse dans ma tête.
J'ignorais cette pensée, finalisant le tressage en attachant le tout. J'observais un instant le résultat final : ça ressemblait vraiment à un bouquet de fleurs. Les couleurs de violet, de jaune et d'orange ressortaient la couleur pâle du cèdre. J'aurais aimé pouvoir trouver des fleurs rouges, mais ce n'était pas quelque chose de facile à trouver. S'il y avait eu des érables, j'aurais pu récupérer ces petites fleurs, mais il n'y en avait pas dans les montagnes des Alpes. En plus, le printemps commençait à céder sa place à l'été : même près de chez moi, j'aurais eu de la difficulté à les dénicher.
Mais j'étais très fière du bouquet de fleurs séchées : « j'espère vraiment qu'elle va aimer mon cadeau... »
Satisfaite du rendu, je rentrais au manoir avec impatience. Dépassant l'atelier, je me dirigeais directement vers Hestia. Elle ouvrit les yeux à mon approche, mais son regard tomba sur ce que je tenais entre les mains. Je m'immobilisais le temps qu'elle regarde l'objet entre mes mains, mais je trépignais intérieurement. J'espérais vraiment la surprendre.
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L'Éveil de l'Arcane T.1
FantasyUne femme maudite. Un prodige mystérieux. Une immortelle bannie. Au pays Dendérah, les mages sont à la fois savants et fonctionnaires, tous sous la juridiction de l'Institut de magie. Enfin, pas tous. Cent ans plus tôt, un de leur membre a été bann...