PDV Zachir, quelques part dans les montagnes enneigés, frontières naturelles entre le royaume de Dendérah et du pays de Meido.
Les yeux clos et protégés par des lunettes, je pouvais percevoir le vent qui s'infiltrait entre mes plumes aussi sombres que ma véritable couleur de cheveux. Je pliais les genoux avant de me lancer dans le vide. L'air siffla violemment dans mes oreilles, mais je n'avais pas peur. Je distinguais chaque courant d'air chaud ou froid alors que la gravité m'attirait toujours plus bas. Quand je trouvais enfin le courant ascendant dont j'avais besoin, je déployais toute l'envergure de mes ailes. Le mouvement m'entraîna dans un virage qui m'éleva telle une balançoire. La sensation grisante d'être ballotté par ces rafales, mais sans jamais en perdre le contrôle. Telle le courant d'une rivière, je saisis chaque cascade d'air, chaque vallon qui m'accompagnait dans ce nouveau voyage.La veille, j'avais passé la journée à préparer ce voyage qui pouvait aussi bien que mal tourner. Mais pour être tout à fait honnête, j'avais tout bousculé pour éviter de réfléchir à ce que m'avait dit Hestia, et donc, j'évitais aussi Thalia.
Maintenant que je savais qu'elle avait été maudite, je ne pouvais m'empêcher de me sentir impuissant. C'était la première fois que je me retrouvais sur le banc de touche. Ça me rendait fou, ça m'obsédait de ne rien pouvoir faire pour la libérer de son maléfice. J'étais un mage, et j'étais tout aussi impuissant que n'importe qui d'autre. Je savais que la magie n'était pas la solution à tout, mais je n'aurais jamais cru me retrouver dans une situation où je ne pouvais que regarder sans pouvoir agir.
Heureusement, je n'avais pas ce problème à cet instant précis. Grâce au contrat avec Timise, un esprit des cieux, je pouvais voler aussi librement que n'importe quel oiseau.
Cette liberté était l'une des plus belles chances que mon Arcane m'avait permis d'avoir. Voler était l'ultime liberté à mes yeux ; elle offrait une fluidité que même l'eau ne pouvait offrir. Par contre, les deux partageaient une caractéristique : on ne pouvait pas contrôler cet élément. Il s'agissait d'une danse qui nécessitait une écoute sans faille à cette force de la nature. Dès que la relation devenait claire et fluide, on pouvait faire qu'un avec l'air.
Je fermais les yeux protégés par les lunettes, me connectant plus intimement à l'énergie de mon compagnon Timise. Je l'avais rencontré lors d'un voyage avec mon ancien maître. J'avais, disons, chercher des noises à cet immense rapace. Coup foireux par-dessus d'autres coups foireux, on avait fini épuisé et à court d'idées avant de se réconcilier autour d'un filet mignon. Il avait tellement aimé ma cuisine qu'il m'avait proposé un contrat. Je l'avais trouvé idiot et bargeot à l'époque, mais maintenant, il n'était que bargeot.
Fais gaffe à toi, jeune mage, me dit par télépathie Timise, le Faesidh rapace. Ne fais pas ton fanfaron comme la dernière fois.
Je souris à l'évocation de ce souvenir, mais je ne répondis rien. Je savais qu'il raffolait de me savoir en difficulté.
Être aux premières loges pour me narguer n'était pas à la portée de tous, et ce n'était si inconvénient d'entendre ses commentaires.
Suivant un courant d'air chaud qui me fit grimper dans les nuages, je pris la direction du Sud-Ouest. Il me fallait récupérer un matériau essentiel pour renforcer les sorts de protection et de dissimulation du manoir. Il était très difficile de s'en procurer pour deux raisons. La première, le peuple de la contrée de Meido n'était pas très ouvert sur les étrangers, surtout dû à l'instabilité politique. L'affaire, c'était que leur coutumes et leur étroitesse d'esprit ne m'avaient jamais empêché de m'y rendre. Bon, j'admettais que des escadrons de militaire tentaient à chaque fois de me descendre. Du peu que je m'étais intéressé de leur culture, ils craignaient les hautes montagnes à cause des Faesidhs qui y vivent. Ils n'avaient pas du tout la même relation que par chez nous avec les créatures merveilleuses du monde.
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L'Éveil de l'Arcane T.1
FantasyUne femme maudite. Un prodige mystérieux. Une immortelle bannie. Au pays Dendérah, les mages sont à la fois savants et fonctionnaires, tous sous la juridiction de l'Institut de magie. Enfin, pas tous. Cent ans plus tôt, un de leur membre a été bann...