31. Zachir sort de l'ignorance

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PDV de Zachir, à la périphérie de village de Dobrum.

Alors je quittais la jolie Helari, je repensais aux deux dames qui nous servaient de « chaperons ». J'avais tout de suite reconnu Thalia. Je me demandais brièvement si elle avait fait exprès.

Quelle était la possibilité que nos rendez-vous respectifs allaient se dérouler à la même place ?

Quoique ma conquête du moment m'avait bien parlé de son arrière-grand-mère. Elle était encore jeune et innocente, il m'avait paru évident qu'elle allait me donner rendez-vous chez elle. D'où la raison pour laquelle nous avons eu des chaperons.

J'avais hâte de voir comment les choses évolueront.

Marchant dans les ruelles, je me décidais d'attendre Thalia. Elle était également sur le point de partir lors de mon propre départ. Et j'eus raison lorsqu'une vingtaine de minutes plus tard, je la reconnus au loin. Elle claudiquait avec lenteur, l'esprit visiblement ailleurs. Elle était si distraite qu'un monsieur la héla : elle s'apprêtait à se prendre un mur !

Je riais dans mon coin sans rien manquer de la scène. Je voyais Thalia s'excuser avec maladresse, m'amusant encore plus. Ils parlèrent un court moment avant qu'elle ne remette à marcher. Je discernais qu'elle se parlait à elle-même, ou plutôt à ses pieds vu sa tête penchée. J'étais bien curieux de connaître le sujet pour ainsi s'enflammer contre les petites roches ou ses bottines.

La voyant trébucher, je rattrapais son coude. Échappant à la rencontre avec le sol, Thalia s'exclama en levant la tête :

— Oh ! Merci...

Ses yeux s'écarquillèrent en me reconnaissant, me faisant sourire. Par contre, je ne m'attendais pas à la voir se renfrogner. Je fus désarçonné de la voir rejeter mon aide. Et encore plus quand elle me parla sèchement.

— Je n'ai pas besoin de ton aide, Zachir. Ou devrais-je dire, Merlion ?

Je fronçais légèrement les sourcils, étonné par son ton rempli de reproches. Je m'en doutais qu'elle allait comprendre que j'avais menti à Helari sur mon identité. Mais je n'allais certainement pas me laisser marcher sur les pieds par une vieille.

— Me crois-tu assez stupide pour donner mon vrai nom à tout le monde ?

Je la vis saisir la poignée et appeler Hestia, ignorant éhontément ma remarque. Elle entra avec précipitation dans le manoir, et elle m'aurait claqué la porte au nez si je ne l'avais pas bloquée avec mon pied. Grimaçant de colère, Thalia s'éloigna vivement de moi en retirant ses bottines. Elle les lança d'un coup de pied, comme le ferait un enfant de mauvaise humeur. Je la suivais pour observer son attitude.

Qu'est ce qui s'était passé pour qu'elle soit de mauvais poil ? Elle semblait pourtant avoir passé un bon moment avec sa nouvelle amie.

— Est-ce que tu t'es disputé avec ton amie ? m'enquis-je poliment en la suivant.

— Non !

Je fus surpris de voir son éclat de colère. Elle qui semblait toujours calme et posée était devenue enragée. Mais je ne le pris pas personnellement. Sa colère n'était pas seulement dirigée contre moi, même si j'ignorais quel crime j'avais bien pu commettre. Ses yeux étaient rouges, signe flagrant qu'elle avait pleuré. Je savais différencier des larmes d'allergies et des larmes d'émotions.

Il y avait clairement anguille sous roche.

— Alors qu'est-ce que tu as ? Tu es aussi douce que des chardons ! lui fis-je remarquer avec un ton volontairement sarcastique.

J'espérais que ma remarque allait la faire rire. Au lieu de ça, Thalia fis volte-face. Elle me regardait avec fureur. Elle n'était pas dans une humeur à rire. Elle respirait rapidement, visiblement déchirée par diverses émotions. Ses yeux étaient aussi expressifs que son silence était assourdissant. Puis, d'un coup, elle se cacha le visage en poussant un petit cri, m'empêchant de comprendre quoique ce soit. Je restais un instant à la regarder s'effondrer sur elle-même. Même si je ne voyais pas son visage, je voyais ses épaules tressauter au rythme de ses sanglots. Je fus désemparée de voir sa colère se transformer en larmes. La colère était une émotion facile à gérer pour moi. Mais des larmes ? Habituellement, je fuyais au moment des larmes. Ce que je ne pouvais décidément pas faire dans ce cas-ci.

L'Éveil de l'Arcane T.1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant