17. Zachir rentre bredouille

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PDV de Zachir, dans le Manoir volant.

C'est pratiquement en traînant les pieds que je rentre tard, ce soir-là. En une semaine, j'avais retourné la ville de Leucan de fond en comble à la recherche des foutus cheveux de mamie, j'avais enquêté sur d'hypothétiques sbires de la Sorcière bannie, le tout entre mes séances d'études et d'entraînements.

J'avais peut-être un peu trop poussé la loque, et le contre-coup de la semaine me revenait en pleine figure. Et le pire, c'était que mes deux objectifs principaux avaient terminé en échecs cuisants : je n'avais toujours pas trouvé les cheveux de Thalia et aucun membre de la troupe ne se souvenait d'avoir parler avec la Bannie. Selon les informations que j'étais parvenu à recueillir, la pièce de théâtre qui faisait sensation n'était qu'une vieille légende romancée des contrées de Nod. Les membres de la troupe de théâtre m'avaient vanté le talent et l'imagination fabuleuse de leur chef.

Traduction : la Sorcière avait fait le ménage, et je me retrouvais les mains vides. J'étais même à parier que la pièce théâtre avait un lien direct avec la Sorcière, peut-être de la propagande.

— Fais chier, cette semaine..., grommelai-je à voix basse pour ne réveiller personne.

C'était silencieux en dehors du bruit du bois se fendant sous la chaleur du feu. Grâce à la lumière de celle-ci, je ne pouvais qu'admirer le ménage de Thalia. C'était peut-être une vieille dame toute maigre, mais elle en avait de l'énergie ! Il n'y avait plus de vaisselle accumulée dans le lavabo, ni de grimoire traînant ici et là. Le manoir semblait plus grand qu'avant, et je ne détestais pas le résultat. Même le lavage avait été fait au vu toutes les couvertures pliées dans un grand panier près du canapé. En avançant, je remarquais même un chaudron laissé au-dessus du feu. M'approchant, je découvris un ragoût dont l'odeur éveilla ma faim.

— C'est Thalia qui t'a laissé ça, murmura Hestia. Au cas où tu aurais faim en revenant.

Sans surprise, je tournais la tête vers la Faesidh. Elle se réveillait toujours à mon retour au bercail, une petite attention que j'appréciais. Il était agréable de rentrer à la maison, surtout quand on était accueilli. Bon, Hestia avait son sens de l'hospitalité, mais je ne l'appréciais que plus pour cela.

Elle me regardait, encore étendue dans les braises rougeoyantes. Je délaissais le repas pour me saisir de la chaise. Percevant un tissu, je le saisis pour découvrir la robe de la vieille femme. « Elle avait dû le laisser exprès là » , songeai-je en remplaçant le tissu correctement.

Étrangement, ça ne m'agaçait plus autant qu'avant. Comme quoi, on dirait que je commençais à m'habituer à la présence de Thalia. Je jetais un bref coup d'œil vers l'endormie qui se servait de sa cape comme couverture.

— Elle a bougé beaucoup de choses depuis son arrivée, fis-je remarquer à voix basse à Hestia. Elle a réussi à rendre la maison plus que convenable. Ça sent même bon.

— Tu pourrais au moins lui offrir un vrai lit, rétorqua-t-elle subitement. Le canapé ne doit pas être confortable.

Je fis volte-face vers la Faesidh de feu. J'étais sidéré par le reproche de Hestia. Nous nous entendions toujours habituellement. Bon, elle m'imposait ses caprices, et je lui rendais la monnaie de sa pièce, une sorte de jeu entre nous. Mais s'intéresser au sort d'une humaine quasi inconnue ? C'était une nouveauté qui commençait à durer un peu trop longtemps.

— Dis, que t'as fait cette dame pour que tu te soucis autant d'elle ? m'enquis-je, soupçonneux.

Son regard de feu sembla s'embraser en réaction à ma question. Elle n'aimait pas mon attitude, mais je n'en avais rien à foutre. Je voulais comprendre pourquoi elle s'intéressait tant à cette dame qui n'était là que depuis une dizaine jours tout au plus. D'accord, elle faisait un excellent ménage et l'intérieur était bien entretenu. Sa cuisine était plutôt bonne et elle avait réussi à sympathiser avec eux autres en mon absence.

L'Éveil de l'Arcane T.1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant