Chapitre 24

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ESMERALDA

Je n'ai pratiquement pas dormi, mes yeux se ferment tous seules. Ça me fait rappeler l'époque où je rentrais du club exténué, mais que je devais quand même réviser pour les cours le lendemain. C'est peut-être étrange, mais retrouver cette sensation me réchauffe le cœur.

Mais même si je ne révise pas, le fait que ce connard m'a inscrit au programme de danse aussi m'angoisse. Il a dû m'inscrire pour me lancer un pique par rapport au strip-tease... Mais s'il savait à quel point la danse avait compté dans ma vie. J'ai arrêté de suivre des cours après la mort de mes parents, ça ne m'empêchait pas de le faire moi-même mais...

Seule.

J'ai toujours eu confiance en mon talent grâce à mes parents et je me demande si je serai capable de recommencer et retrouver un si gros élément de mon ancienne vie... ou ils étaient présents.

Ou tout allait pour le mieux.

Est-ce que je suis toujours à la hauteur ? Est-ce que je réussirai à danser devant un nouveau public ?

Je revois mes parents et mes frères pendant tous mes galas de danse, toujours au premier rang. J'angoissais à chaque début de prestation, mais une fois sur scène, j'imagine qu'il n'y avait qu'eux et qu'ils ne me jugeront jamais, alors je me laissais emporter.

Mais maintenant qu'ils ne sont plus là, je me demande si j'y arriverai.

J'ai une phobie monstre de la foule et des regards sur moi à présent, est-ce que je serais capable de les ignorer sans faire une énième crise de panique ?

Non, c'est impossible.

J'en serais incapable.

Je me lève en entendant des bruits de pas dans le couloir, ça doit sûrement être cette insomniaque d'Alessandro. Je sors de ma chambre et traverse le couloir, m'apprêtant à lui demander gentiment de me retirer de ce cours.

Sauf que quand j'arrive devant le bureau dont la porte est déjà ouverte, je me décompose. Je suis sonné, totalement figé et une envie de vomir me prend.

À cause de ce énième manque de respect.

À cause de lui, encore une fois.

À cause de ce que je vois et réalise.

À cause de ce qu'il doit se passer chaque soir, après qu'il est passé par ma chambre.

Emmanuella est en face de lui, complètement nue et il fixe son corps de déesse, adossé à son bureau.

Je ne peux plus respirer face à ça, je ne peux même plus bouger pour m'en aller. Alessandro vient de faire l'acte qui vient de me mettre le coup de grâce sur tout ce que je suis en train de vivre ces temps-ci.

J'ai épousé un homme qui se tape la femme que son père a enfantée. La mère de sa sœur. Ça me dégoûte de voir à quel point celui avec qui je suis relié est si écœurant.

Ça se trouve, c'est elle qui crie la nuit à m'en empêcher de dormir. Ça se trouve, quand j'ai récupéré Chelsea hier, il a repositionné son pantalon parce qu'il venait de coucher avec elle. C'est pour ça, qu'elle le regarde de cette façon...

C'est pour cette raison qu'elle ne semblait pas enchantée par ce mariage...

Les larmes me montent aux yeux quand je me rends compte à quel point je suis tombé bas.

Et c'est là que son regard rencontra le mien. Je n'y vois rien, on dirait qu'on a infiltré le néant dans son regard. Aucune surprise, aucune empathie, compassion ou même regret...

Dark StormOù les histoires vivent. Découvrez maintenant