Chapitre 44

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ESMERALDA
Le bruit du coup de feu résonne encore et encore dans ma tête. Quand je me suis réveillé ce matin, c'est la première chose que j'ai entendue.

J'ai tué quelqu'un.

J'ai appelé Leo, il ne m'a pas répondu. Il m'a simplement envoyé un message pour me dire qu'il avait réussi à sortir de l'incendie.

Rien d'autre.

La culpabilité me ronge tellement que je me suis rendu dans le seul refuge que je connais à 100 %. C'est-à-dire, la danse. Je danse à m'en couper le souffle, ai faire saigner mes pieds qui souffrent depuis des heures maintenant.

Mais ce que je vois dans le miroir, c'est moi avec une arme dans la main. Et ce que je vois quand je ferme les yeux, c'est le corps de Mateo sans vie.

Qui suis-je pour retirer une vie ?

Un monstre.

Je ne me reconnais plus, je ne sais plus qui je suis. J'ai l'impression d'avoir totalement changé ses derniers mois.

Pourtant, j'essaye de me dire que Mateo le méritait, qu'âpres tout ce que lui et son père m'avaient fait, c'était de bonne guerre. Mais je ne suis pas comme ça, je ne suis pas comme eux.

Si, maintenant, tu l'es.

Tu es une meurtrière, un monstre.

Je revis l'instant où j'ai appuyé sur cette gâchette encore et encore dans ma tête, je tente de la sortir de ma tête en dansant, mais ça ne part pas. Je tombe à genoux après avoir mal réussi mon saut.

Et je me regarde dans le miroir, et je me dégoûte.

Je ne sais pas combien de temps, je me regarde dans le miroir, je ne pleure pas. Je me regarde avec dégoût et vide.

-Tu n'as pas à regretter.

Je regarde Juan s'asseoir à côté de moi et je ne dis rien. J'ai tué quelqu'un, je me dois d'avoir du remords.

-Mon père était un alcoolique, un drogué violent qui aimer s'en prendre a moi. Mais je ne suis pas partie, parce que j'étais capable de supporter ses coups. Je travaillais, je lui rapportais de l'argent et si ce n'était pas assez, je me faisais tabasser. Mais je supportais, parce que je ne voulais pas perdre ma petite sœur, Luna, en partant.

Mon regard se lève vers lui, son regard croise le mien et j'y trouve un immense vide.

-Elle était rayonnante, c'était la prunelle de mes yeux, mon rayon de soleil. On avait 5 ans d'écart. Il ne l'avais jamais touché avant, alors je restais. Je ne voulais pas la faire dormir dehors, lui enlever ce si beau sourire et l'éclat qu'elle avait dans les yeux... Donc je supportais les coups, il ne l'avait jamais touché, je pensais que je pourrais trouver une situation avant de partir, pour nous deux.

Il ne l'avait jamais touché avant...

Je ferme les yeux, sentant un pique transperçant mon cœur quand j'entends ses révélations et pose ma tête sur son épaule en guise de soutient.

-Un jour, je suis rentré plus tard du travail. Dans ma tête, il allait être content, car je ramenai plus d'argent ce soir-là. Mais quand je suis rentré, je l'ai trouvé sur ma petite sœur dans le canapé. Il l'a violé, elle était couverte de sang. Ce soir-là, j'ai hurlé. Car l'éclat dans le regard de ma sœur était éteint et j'ai compris tout de suite que ce n'était pas la première fois qu'il faisait ça. Sauf que cette fois-là, il a fini par la tuer. Il l'avait tellement ruiné de coups que son cœur a cessé de battre, elle était morte, j'essayais de la réanimer, mais c'était trop tard.

Comment peut-on faire ça ? Comment peut-on être aussi horrible ?

- Ce soir-là, j'ai attrapé un couteau dans la cuisine et j'ai poignardé mon père. Il avait tué ma Luna, elle avait 11 ans et il avait éteint mon rayon de soleil. Alors je l'ai poignardé 11 fois, pour les 11 ans de ma petite sœur. Pour les 11 ans où il lui avait fait souffrir.

Il tourne la tête vers moi et je vois tout le regret qu'il a dans son regard.

-C'était une ordure, un monstre. Il le méritait, Juan-

- Non. Je ne regrette pas de l'avoir tué, Esmeralda, mon plus gros regret est de ne pas l'avoir fait avant. Si je l'avais tué, ma sœur serait toujours à mes côtés.

Mon cœur se brise littéralement pour lui. Je savais que Juan avait vécu quelque chose d'horrible, mais je ne m'attendais pas a tout sauf à ça. Comment un père peut-il violer sa fille de 11 ans ? Comment peut-il la tuer ?

-Je n'ai pas été assez courageux pour en finir. Tu penses qu'il se serait passé quoi si tu n'avais pas tué Mateo ?

Je me mords la lèvre, incapable de répondre.

-Je vais te le dire. Il aurait continué de tirer. José serait mort, Leo serait mort, Julio aussi et toi, il t'aurait violé avant de te tuer. Alors ne regrette pas d'avoir eu le courage de tuer pour sauver ceux que t'aimes, parce que toi, tu l'as eu le courage. Et je suis fière de toi.

Je lui saute dans les bras en pleurant. Ses bras restent le long de son corps un petit moment avant de m'entourer et de me serrer fort.

-Tu lui ressembles beaucoup... Je t'aime beaucoup, Esmeralda, n'hésite jamais à être courageuse. Moi, je n'hésiterais plus, je ne ferais plus la même erreur.

Dark StormOù les histoires vivent. Découvrez maintenant