ESMERALDA
1 mois après la mort de Juan.
Nous sommes sortis de l'institut. Puis nous avons pris la route, dans un silence qui dérangeait certainement Maria, qui a l'habitude de beaucoup parler. Énormément.
La pluie s'abat encore avec violence contre le pare-brise. J'ai l'impression qu'à chaque fois que je sors, ce qui est rare, c'est toujours la tempête. Comme si la météo se synchronisait avec mon état d'esprit.
La tête posée contre la vitre, je regarde les goûtes tomber, les gens courir s'abriter, un couple en train de rigoler en courant...
En regardant ces gens, je me rends compte que la vie continue son cours. Pourtant, moi, j'ai l'impression d'être bloqué. Bloquer dans une spirale de haine, de tristesse et... de vide.
Je lui en veux, à Maria. C'est elle, qui m'a sauvé, ce soir-là. Pourquoi ne m'a-t-elle pas laisser partir ? Ça aurait été tellement plus simple.
Les gens, à l'institut, m'appellent la pleurnicharde ou encore la suicidaire. S'il savait à quel point ça ne me touchait pas.
Je fais tout pour être un boulet, afin que Maria me lâche enfin la grappe. Je ne fais rien pendant les entraînements, je me laisse me faire battre lors des combats, je n'écoute rien des techniques qu'elle me donne... La seule chose que j'accepte et que j'aime faire, c'est de tirer.
Moi qui avais pourtant une peur bleue du bruit des coups de feu.
Ça change, d'être la personne qui tient l'arme et pas celle qui se fait braquer.
Elle veut que je me batte, mais je n'en ai plus envie.
Je me sens si vide que je ne trouve plus aucune motivation à continuer.
Je veux renoncer.
Être une princesse.
Peu importe ce qu'il en penserait.
Teddy à mes côtés, je suis Maria dans la petite ruelle de New York. Qu'est-ce qu'elle fou ? J'en sais rien. Mais cette ruelle, qui m'aurait foutu les jetons à l'époque, mène à une porte, que Maria empreinte.
Je la suis, les mains dans la poche de mon sweat. En regardant vaguement autour de moi, j'ai l'impression d'être dans des coulisses. Un large rideau nous fait face et lorsqu'elle passe à travers je remarque enfin où nous sommes.
C'est magnifique.
Un immense théâtre est en face de nous. Il est vide, nous laissant profiter encore mieux de sa beauté.
Les sièges rouges, les centaines de ranger, les balcons, les lumières... Tout est exactement comme dans mes rêves. La petite Esmeralda Vazquez aurait adoré cet endroit.
-C'est beau, hein ?
-Ouais. Qu'est-ce qu'on fou là ? demandais-je en me tournant vers elle.
Elle ne me regarde pas, elle descend de la scène, en appelant Teddy et s'assoit sur un siège.
-Tu sais ce que je suis, à côté de l'institut ?
Je ne réponds pas, elle va forcément me le dire.
- Musicienne. Je fais du piano. Je suis plutôt réputé, sans me vanter. sourit-elle.
Je ne sais pas quoi dire, je ne la vois absolument pas en tant que musicienne. Il y a de ça 1 mois, c'était une simple barman pour moi.
-Bref, tout ça pour te dire que tu peux être qui tu veux, maintenant. Même en étant à l'institut. Alors...

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Dark Storm
RomanceAlessandro Santos. Prononcer ce simple prénom était un appel à la mort. Un homme cruel, insensible, froid comme la glace et dirigeant du plus gros cartel du Mexique. Celui de Tijuana. Toutes les personnes ayant un jour croiser son regard sans son ac...