Chapitre 10

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ESMERALDA

"-Ça va aller... me souffle Jorge

Je hoche la tête et ne dis rien. Mon regard est fixé droit devant moi. Je vois des policiers aller et venir, en panique. Et moi... Je suis confuse. Je ne sais ni quoi dire, ni quoi penser. Parce que ce n'est pas réel, ça ne peut pas être réel.

-Ils vont juste te demander comment tout ça s'est déroulé et si tu as vu les visages des hommes. Ça ira vite, Lucia. Après, on rentrera à la maison.

Je tourne lentement la tête vers celui de mon grand-frère. À aucun moment, il ne croise mon regard, il mâchouille ses lèvres en fixant la porte ou Adrian est entré. Il est aussi cerné que moi, lui non plus n'a apparemment pas dormi. Et ses yeux sont injectés de sang, comme les miens. Lui aussi a pleuré ?

Non, vu que ce n'est pas réel.

-On retrouvera maman et papa ?

Pour la première fois, son regard croise le mien et ses yeux se remplissent de larmes. Mon cœur bat fort, parce que je sais ce qu'il va me dire. Et je n'ai pas envie de l'entendre.

Il attrape mes joues entre ses mains et colle son front au mien en fermant les yeux. Non, il ne pleure pas et il n'est pas triste.

Ce n'est pas réel !

Pourtant, la petite voix dans ma tête me hurle que si...

-Non, Lucia. Non, ils sont partis... ils sont partis.

Il ouvre les yeux et en voyant deux larmes couler le long de ses joues, mon cœur se serre et les larmes coulent également.

-On ne les reverra plus.

Je secoue la tête en tentant de m'écarter de lui, mais il m'attire à lui et me serre dans ses bras. Et on reste comme ça, à pleurer encore et encore. On s'accroche l'un à l'autre, parce que c'est ce qu'on a toujours fait dans les moments compliqués.

Quand c'était réel.

Mais là non. Ça ne peut pas l'être... C'est impossible...

-Tu seras là, toi ? Tu ne partiras pas ?

Ma voix est comme un supplice, parce que si dans le cas ou c'était réel... Adrian et lui seront tout ce qu'il me reste...

Il ne répond pas tout de suite, il se contente de me serrer plus fort contre lui.

-Jorge ?

-Oui, Lucia. Je serais là.

-Promet le.

Sa voix tremble, tout comme son corps tellement ses sanglots sont puissants. Jorge ne pleure jamais normalement...

-Je te promets de ne jamais t'abandonner, petite sœur."

Son regard noisette identique à ma mère dans le mien, je secoue la tête en fermant les yeux. Ils ne sont pas là, c'est comme quand je vois mes parents. Ça semble réel, mais ça ne l'est pas.

Dark StormOù les histoires vivent. Découvrez maintenant