Notre monde tourne à l'envers.

Chapitre 5 Michaël « Quelque part dans un autre monde »

Faire un mètre soixante-dix-huit, avec une carrure d'athlète. Courir pour garder la forme et finir par en être là... Trier des fleurs de différentes couleurs et formes afin d'avoir un rendu beau et harmonieux...Tout d'un coup ma virilité s'envole. Heureusement pour moi, personne n'assiste à cette baisse de testostérone, surtout pas mon frère...Je l'imagine bien s'esclaffer à s'en étouffer avec sa salive. Ceci dit, le grand gaillard que je suis, aime les doux parfums des fleurs. Les effluves de mon bouquet embaument mes narines, ce diffusant dans tout notre logement.

Mis en valeur dans un vase de porcelaine blanc, en forme de goutte d'eau. Composé de fleurs claires avec des lisianthus, œillet, santini, branche de phalaénopsis mauve, rose au ton pastel et blanche avec feuillage. Le tout s'accorde à la décoration intérieure choisie avec Estelle. Une jolie peinture lilas sur les murs relevée par des détails passant du bleu au violet. Un énorme coup de cœur pour notre canapé trois places en bleu canard, avec ses pieds tendance scandinave. On a étalé dessus de jolis coussins aux motifs fleuris aux dégradés de rose et de violet. Un fauteuil blanc en aluminium surplombé de liseré doré s'accorde à notre table basse ronde dans les mêmes teintes. En dessous, on a craqué pour un tapis mêlant des motifs abstraits dans des coloris bleu turquoise, lilas et écru. De mon point de vu, je me serai contenté d'un bienvenu chez nous, égo masculin typique. Hors là, je me récite tous les détails par cœur pour impressionner nos premiers invités de ce soir.

Ravie par mon frère, il a pris le temps de nous aider à aménager notre nouveau chez nous. Il était arrivé bien plus détendu qu'au téléphone, nous avions passé un excellent moment tous les trois. Estelle et lui portés par une belle entente. Ils se sont occupé tous les deux de redonner vie à la pièce à vivre, pendant ce temps, je m'occupais de notre chambre à coucher. Lui donnant le style de notre ancienne vie. À l'allure d'un gris métallisé, mélangeant les nuances avec le jolie papier peint gratte-ciel qui faisait office de tête de lit. Pour réchauffer le tout, juste une décoration au teinte jaune. Clin d'œil au taxi américain, mis en valeur sur nos rideaux puis sur les quelques tableaux accrochés ici et là. Le reste de l'appartement était de très bon goût, il ne nécessitait pas de rénovation particulière. Une fois les meubles montés, le plus gros du travail fait, nos agendas en poche, nous avons noté un diner. Crémaillère oblige, c'était la tradition française préféré de ma moitié.

Ce soir, non sans négociation avec elle, j'ai voulu qu'il n'y ait que mon frère et son épouse, pas question encore d'inviter les parents et tout le reste de la famille. Sous peine de subir un interrogatoire digne des experts. Marinette et Jean, soixante-trois ans tous les deux et originaires d'Honfleur en Normandie, parties pour vivre leur vie de couple en Charente, ne rêvaient que de voir leur enfant réussir. Diplôme et travail à la clé, femme et enfant. Une suite logique qu'ils avaient imaginé pour moi, alors âgé de dix ans. Esprit rebelle, têtu, multipliant les frasques et les écarts de conduite, mes proches souvent déçus m'attendaient surement au tournant. Sept ans à leur foutre la paix de l'autre côté de l'Atlantique. Je pouvais bien m'abstenir quelques semaines encore.

Estelle déboule les cheveux lissés lui tombant sur ses épaules. Habillée dans une robe bleue ciel vaporeuse asymétrique. Elle a mis le paquet, sa fine ceinture dorée accroché à sa taille met en valeur sa peau halée. La première idée qui me vient, annuler ce repas pour me faire le plaisir de tout lui retirer.

- Comment tu me trouves ? Je n'en ai pas trop fait ?

Elle s'approche de moi, pose ses mains sur mes avants bras, en espérant une réponse des plus positives.

- Comme toujours tu es divinement belle. Donc je refuse de te partager. Soit, on reporte, puis on s'enferme dans notre chambre, soit tu te changes. A toi de voir...