Quelques semaines se sont écoulées depuis mon fameux rêve étrange, je ne cesse de revoir les images dans ma tête.
Elles apparaissent par flash toujours au pire moment. En plein rendez-vous avec une cliente, ou bien lorsque je donne le bain aux filles. J'ai l'impression de faire une fixation sur les attentats, je m'angoisse par stress de voir ce cauchemar se réaliser. Est-ce seulement ses moments macabres qui hantent mes nuits ? Non...Mon cerveau tourne en boucle sur les sensations, sur une seule et même personne. Il a enregistré mes échanges avec Michaël avec tellement d'intensité, je revis les scènes comme si elles avaient toujours existé. Ses yeux dans les miens, la proximité de nos corps dans les égouts. Le souffle chaud de sa bouche se rapprochant dangereusement de mes lèvres...
Alors, je m'occupe le plus possible, je refuse de trop réfléchir sur la signification de tout ceci. Qu'une seule idée en tête profité de mon mari, de ses bras chauds et réconfortants. De son sourire en toute circonstance. De ses blagues idiotes, qu'il invente juste pour me détendre. J'attends nos retrouvailles avec impatience. Afin qu'il apaise mes interrogations. Me noyer avec lui pour faire taire cette petite voix dans le coin de ma tête. Elle me susurre des mots impossibles à comprendre. Hors depuis quelques jours, Mr, mon époux signe aux abonnés absents.
Le matin, il se réveille tôt, part une heure avant moi, le soir rentre tard. Pendant ce temps, la surcharge mentale sur mes épaules s'agrandit de jour en jour. Le sentiment d'être mère célibataire, de devoir jongler entre mon travail, mes enfants. Je me sens ensevelie par les responsabilités. Les mêmes questions bateau quotidiennes se répètent. Enchainer mes rendez-vous, gérer mes réassorts, ma comptabilité. Apprivoiser les nouvelles clientes, leur famille. Gérer les imprévus du boulot mais ceux aussi de mon foyer. Ne pas oublier de faire les courses, de signer les évaluations, de tenir une maison convenable. Seule, face à moi-même, face à ma fatigue. Face à mes doutes, à ma volonté de toujours faire bien.
Je ne me plains pas souvent, consciente des responsabilités s'ajoutant à sa charge de travail. Avoir créé sa maison d'édition, c'était son souhait. On avait conscience l'un comme l'autre des sacrifices, de l'organisation qu'un tel projet pouvait engendrer. Moi-même gérante de mon propre magasin, j'étais consciente de l'ampleur de la tâche, même si son aventure avait commencé avant la mienne. L'entreprise existait depuis huit années. Une affaire familiale qui fonctionnait bien. Au départ son catalogue d'auteur se cantonnait à des genres bien précis. Puis ils se sont élargis, diversifiés pour attirer plus de lecteur. Pour ma part bientôt cinq ans de mes débuts toute seule. Enfin seule...Je bénéficie du savoir-faire de qualité d'une boutique qui existe depuis cinquante ans. Pas vraiment franchisé, mon nom est affilié au leur. Une équipe familiale qui m'a accueilli, m'a formé lorsque j'étais adolescente. Marinette et Jean gérant « Du plus beau jour de ma vie », la soixantaine tous les deux. Passionnés par leur métier. Je leur rends bien puisque grâce à moi, ils sont les grands parents de mes deux adorables petites filles. Oui, un joli conte de fée, où comment la jeune femme d'hier à rencontrer l'amour de sa vie Benjamin leur fils. Mes tous premiers pas dans le monde du travail, occulté par une belle histoire... Toute cette époque me parait bien loin...
Aujourd'hui l'amour a été remplacé par l'éternelle routine. Ou le temps qui passe nous impose de travailler toujours plus pour se voir moins !
Perdue dans le fil de mon passé, je loupe de peu le coup de téléphone de mon mari.
— Allô ? Accoudé au comptoir mon cœur bat la chamade à chaque fois qu'il m'appel. De peur toujours, qu'il soit arrivé un accident aux enfants.
— Ma puce, je ne te dérange pas j'espère ?
— Non du tout, ma dernière cliente venue est partie il y a dix minutes. Pourquoi m'appels tu si tôt ? Rien de grave avec les enfants ?
— Mais non voyons. Au contraire, ils sont heureux. Devine qui a pris sa fin d'après-midi pour les emmener manger une gaufre sur la plage.
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Notre monde tourne à l'envers.
Roman d'amourSi, on était une couleur , elle serait un mélange de rouge et de bleu. Pour toutes ses fois où nos êtres se sont attirés et tout autant repoussés. L'harmonie d'un désaccords de nuances de violet et pourpre. Si, on était un lieu, on serait une mon...