Rappel à moi-même, ne plus accepter d'invitation, encore moins quand celle-ci dure deux jours. Ne plus se laisser entrainer par des amis, consommer de l'alcool, se coucher comme une adolescente découvrant ses premières sorties. Je n'ai plus vingt ans ! Fini pour toi les sorties ma petite Cassie, tu as passé l'âge. N'oublie pas, tu es une maman, tu te dois d'être au top. Tu as deux adorables enfants, elles se sont endormies tôt, elles pètent littéralement le feu ! Oui, les prunelles de tes yeux récupèrent en quelques minutes leurs forces, toi ma cocotte déjà quinze jours, tu ne te remets toujours pas !
Je masse mes tempes toujours accoudé au comptoir de mon magasin. Me détestant de ne pas réussir à faire mieux, je me traine. Je manque cruellement d'entrain, tout le temps l'impression d'avoir la tête ailleurs. Je réponds aux clientes comme une automate. Une part de moi n'a jamais vraiment quitté cette soirée. Ni le trouble qui me saisit un peu plus chaque jour. Ses yeux dansent devant les miens, sans forcer, même mes paupières ouvertes. A n'importe quel moment de la journée, le soir ou le matin, au travail ou à la maison, il se matérialise partout. Cette obsession si soudaine, propulsé dans un grand huit, perché prêt à tomber dans une brèche vertigineuse. Aucun homme dans ma vie même pas mon mari a eu une telle emprise sur moi. Je refuse d'être esclave de ses nouveaux sentiments. Marie remarque mon trouble, elle se rapproche délicatement de moi, sa main sur mon épaule.
— Tu es sur que tout va bien Cassie ?
— Oui oui...
Je me retourne pour lui faire face, je lui souri, mais je préfère fuir son regard, je cherche un stylo sous la caisse enregistreuse, pour cacher mon trouble.
— Je te trouve très ailleurs depuis quelques temps. En relisant les bons de commandes, j'ai remarqué, tu ne les as pas tous signé.
— Ah bon !
Je me retourne vivement pour consulter les papiers. Mes vertiges s'accentuent, j'avais effectivement omis de signer les documents. Ou avais je la tête...A Michaël...me murmure ma petite voix intérieur. Je bloque cette idée bien loin dans mon cerveau. Je me concentre sur la tâche à accomplir, avant, je m'excuse auprès de mon amie. Un comble pour moi qui exige toujours d'être pointilleuse. Marie essaye de relancer la conversation à plusieurs moments de la journée. Mais je n'ai vraiment pas le cœur à discuter aujourd'hui. Lorsque le téléphone de la boutique sonne pour la énième fois c'est las, j'attrape le combiné pour décrocher.
— Allo ? Votre magasin cœur d'un jour à votre écoute. Cassie directrice du magasin que puis-je faire pour vous ?
— Mon ange, c'est maman, tu n'as plus de téléphone portable ?
— Maman...Je bredouille son diminutif. Mais pourquoi m'appelles-tu sur le numéro du magasin ?
— Je viens de te le dire, j'ai essayé de te joindre à plusieurs reprises sur ton portable et rien.
— Ah...Je travaille maman.
— Je ne te dérangerai pas longtemps mon petit sucre de canne.
— Maman arrête de m'appeler comme ça, je n'ai plus six ans...Rien de grave au moins ?
Je m'éloigne de l'accueil, je rejoins notre salle de pause, mes futurs clientes n'ont pas besoin d'entendre cette conversation privée.
— Merci de t'inquiéter pour ta vieille mère, mais non tout va bien merci.
— Que puis-je faire pour toi alors ?
— Tu nous manques mon petit cœur.
— Maman s'il te plait ne recommence pas...
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Notre monde tourne à l'envers.
RomanceSi, on était une couleur , elle serait un mélange de rouge et de bleu. Pour toutes ses fois où nos êtres se sont attirés et tout autant repoussés. L'harmonie d'un désaccords de nuances de violet et pourpre. Si, on était un lieu, on serait une mon...