Tout est calme au magasin aujourd'hui, seul résonne le bruit des touches du clavier de l'ordinateur. Je pianote dessus depuis déjà une vingtaine de minutes. Enfin non, j'efface et j'écris puis recommence ainsi de suite, sans vraiment réussir à canaliser mes pensées, coucher les mots pour retranscrire mes véritables émotions. Mon cerveau en ébullition vague à me transmettre tout un tas d'informations contradictoires, dans cette cacophonie, je ne sais plus où j'en suis. Il ne reste de ma vie qu'une certitude bancale, tous ce qui m'arrive depuis quelques semaines sonnent comme une vaste blague. Le destin se joue de moi, et son petit manège commence à me taper sur le système. L'objet de mes tourments n'est d'autre qu'un homme inaccessible. Si j'étais gameuse, je serai passé direct à un level supérieur tant le niveau d'attraction entre nous a explosé ses derniers jours, mais malgré cela il m'est interdit d'atteindre le niveau final. Ma mémoire, cette traitresse s'amuse à me balancer par flash nos derniers échanges, d'ailleurs celui-ci m'a retourné le cœur. Sa main chaude, délicate atterrissant sur ma joue en feu m'a bouleversé. L'effet de ce geste comme tatouer à tout jamais sur la peau. De mes interrogations pendues dans le vide, seul l'écho de ma petite voix intérieur me murmure l'impensable. Nous glissons sur un terrain miné. Combien de temps encore durera la chute ? On se rapproche du point d'impact, c'est imminent... Je préférai pour mon salut m'écrabouiller au sol, au lieu de tomber face à face contre ses lèvres. Oui, l'impact n'est d'autre qu'un premier baiser. Le premier, celui tant fantasmer, celui qui marquerait la fin de mes valeurs, qui mettrait à mal mon couple et le sien. Détruisant telle une tornade les années de bonheur passé avec Benjamin.
Brûler par ce que j'écris, j'efface le contenu et ferme de manière brutal mon pc. Je refuse de tourner à nouveau dans ce scénario catastrophe.
Je pars en direction de la réserve pour noyer mes pensées dans le travail. Je constate le retard d'une retouche dont Marie devait s'occuper. Enervée, qu'elle ait bâclé son boulot, ce qui n'est pas son habitude, je me dépêche de finir pour être dans les temps. Une fois la tâche effectuer, je retourne à l'avant de la boutique et attrape sans réfléchir mon téléphone. Geste que je regrette aussi tôt car de nombreuses notifications m'attirent comme un papillon vers la lumière. Le pouvoir des réseaux sociaux sur nos vies, je scrute les derniers potins quand une autre publication apparaît, elle vient de Michaël. Mon cœur s'emballe, je clique sur lien, il partage une vidéo de musique d'un groupe que j'aime beaucoup, Evanescence dans un vieux titre de leur premier album « Taking over me ». Les paroles se traduisent à mesure de mon écoute, j'ai l'impression de les ressentir en plein cœur. Je fini par scroller les actualités de mon beau-frère, m'attardant sur chaque mots qu'ils publient et observant un peu plus longtemps les quelques photos qu'ils partagent sur Instagram. Aujourd'hui encore, même de manière virtuel, je me perds dans ses yeux, ils sont si intenses, ils me déstabilisent. A force de m'attarder, un creux ce forme dans ma poitrine, un manque, un besoin de l'entendre, de lui parler, je fais défiler mes contacts, je m'arrête sur le sien. Hors pourquoi, je l'appellerais...Et comme avec l'ordinateur, je balance mon portable sur le bas du comptoir. Je me ronge les ongles en attendant mon prochain rendez-vous et le retour de Marie.
*
Plantée devant la grille de l'école à attendre qu'elle daigne bien ouvrir, je trépigne d'impatience de retrouver mes princesses. Ma jambe bat la mesure au tempo de la musique dans ma tête. Je remue sans cesse, impossible de me canaliser. Pour une fois, je me suis accordée le droit de finir plutôt. La dame du service scolaire ouvre enfin, je rejoins le troupeau se regroupant en entonnoir dans la mêlée pour être les premiers à accéder au coin des maternelles. L'avantage des primaires où l'on n'a pas besoin de poiroter puisqu'ils sortent comme des grands. J'ai vite avec moi Abygaëlle qui comme son habitude parle à n'en plus finir, un vrai moulin à parole cette petite. Nous rejoignons toutes deux le bâtiment en face et récupérons sa grande sœur.
VOUS LISEZ
Notre monde tourne à l'envers.
RomanceSi, on était une couleur , elle serait un mélange de rouge et de bleu. Pour toutes ses fois où nos êtres se sont attirés et tout autant repoussés. L'harmonie d'un désaccords de nuances de violet et pourpre. Si, on était un lieu, on serait une mon...