Chapitre 25 Cassie Un geste suspendu dans le temps

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— Entrez, allez-y les filles venez-vous installer sur la table base, je vous ai préparé un coin rien qu'à vous deux.

Mes enfants ne perdent pas une minute pour s'approprier leur coin. L'odeur alléchante suspendue dans tout l'appartement me donne l'eau à la bouche. Je comprends mes puces, mon ventre crie famine, j'ai déjà très faim. Jus d'orange, pancakes, pâte à tartiner, il ne manque rien pour leur faire plaisir. Michaël a sorti le grand jeu.

— Cassie donne-moi ta veste, je vais te débarrasser. Tu es très élégante comme toujours.

Estelle me flatte par un compliment, c'est très gentil de sa part, mais je ne suis pas d'humeur. Elle ne pense pas à mal, pourtant, je ne me trouve pas belle. Après le coup de téléphone de son fiancé, j'ai enfilé un pantalon en lin blanc, un top smocké rouge sur les épaules et une veste en jean, à mes pieds mes converses pour le côté pratique d'un dimanche tranquille. J'ai voulu jouer la carte du confort et de la discrétion. Je sais qu'elles images sulfureuses mon égo veut me balancer, je refuse de l'écouter. Songer à ce qui s'est produit hier soir, rembobiner le film, rejouer la scène, je m'y oppose. Tant pis pour les picotements sur mon avant-bras, je garde la tête baissée, hors de question de croiser son regard.

— Merci Estelle, tu es très belle également.

Benjamin sur mes talons.

— Tient, je t'ai apporté du jus de pomme d'un client auteur. C'est un pur délice, j'espère que vous aimez ça ?

— Non, depuis plus de trente ans, je ne supporte toujours pas le goût Tortue !

A quelques centimètres de ma nuque, le souffle de Michaël me provoque des frissons. Pourquoi a-t-il une si grande emprise sur les réactions de mon corps...

— Tu as bien changé ton alimentation, excuse-moi de penser qu'il en est de même pour les boissons.

Ma belle-sœur récupère la bouteille des mains de mon mari, leur jeu de ping pong verbale m'agace d'emblée, ça promet pour la suite.

— Estelle s'il te plait, je ne veux pas paraître mal polie, je meurs de faim, de soif, est ce que tu veux bien me servir un verre de jus d'orange ?

Je me dirige vers la table, je refuse de rester dans le sillage de son fiancé. Tout va trop vite, tout me déstabilise. Hier...Hier, c'était n'importe quoi ! Tu aurais dû réagir, le remettre à sa place, il a dépassé les bornes ! Non qu'est-ce que tu fais toi, tu acceptes son invitation comme si de rien était. Cassie tu mérites des baffes. Scande ma conscience.

— Ah ma femme est son grand estomac...

Je me retourne, ulcéré par sa remontrance, mon sang ne fait qu'un tour dans mes veines, ma frustration, ma culpabilité, son manque d'égard ça implosent comme une bombe à retardement.

— Je t'en merde Benjamin ! Contrairement à toi, je n'ai pas eu le temps de me poser hier soir, tu l'aurais remarqué, j'étais trop occupé à gérer les filles. Sans oublier courir entre cuisine et enfants sans avoir eu une seconde pour taper la discute à nos invités ! Heureusement, Mr Lavigne n'a pas faibli à ses devoirs.

Toutes les têtes se tournent vers moi, impossible de me cacher, est ce que je regrette d'être aussi franche ? Non ! Ça commence à bien faire qu'il me traite comme une petite fille.

— Je ne suis pas une gamine Ben, regarde Aby plutôt et essuie lui la bouche, elle est pleine de chocolat !

Au lieu de venir à la rencontre de notre deuxième, le regard sévère, les mots acides sortent à leurs tours de sa bouche.

Notre monde tourne à l'envers.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant