— Allô ? Bonjour, Madame, non c'est Michaël, Estelle est sous la douche, vous allez bien ? Je peux prendre un message ?
Mon interlocutrice se racle la gorge avant de prendre quelques secondes pour me répondre. Je la sens fatiguée limite essoufflée à l'autre bout du fil, mais je dois surement me faire des idées. Diane, la maman d'Estelle, nous invite à passer le week end chez elle, j'accepte avec plaisir. Je pense ne pas me tromper en songeant à l'enthousiaste de ma fiancée lorsqu'elle prendra connaissance de l'invitation. Nous discutons encore quelques minutes, puis Diane raccroche m'indiquant qu'elle part pour un rendez-vous.
— C'était qui au téléphone ?
Estelle vêtue d'une simple serviette blanche, les cheveux encore dégoulinants d'eau me lance un regard interrogateur. J'ai bien envie de jouer les hommes mystérieux, la taquiner, j'adore. J'aime un peu moins regarder ma belle inonder la salle à manger avec sa chevelure blonde trempée
— Ta maman vient d'appeler, elle nous invite à passer deux jours dans sa maison. Elle a essayé de te joindre plusieurs fois, du coup, j'ai décroché ça ne te dérange pas ?
Je me rapproche et lui enlace la taille. Je sens son hésitation et son appréhension planer au-dessus de nos têtes. Je me demande au final, si j'ai bien fait d'accepter. Je lui soulève le menton de mes doigts pour planter mes yeux dans le creux des siens, je cherche à déceler une part de réponse.
— Non, enfin oui...
— Non ou oui soit plus claire s'il te plait.
Je balaye mon pouce sur le haut de sa joue droite, mon autre main presse le bas de son dos.
— Je suis contente qu'elle nous invite...
— Mais ?
— Mais, j'ai encore du mal à réaliser, qu'elle fait partie de ma vie maintenant. Il y a encore une part de moi qui lui en veux. Ne te méprend pas, je suis heureuse de l'avoir retrouvée. J'ai juste encore besoin d'un peu de temps pour me faire à ce changement de situation.
— Je comprends mon cœur, des zones de floues subsistent toujours, tout ne se pardonne pas en un claquement de doigt. Profite de ce week end pour apprendre à connaître la personne qu'elle est devenue, puis de ton coté montre lui qu'elle belle femme tu es aujourd'hui. En attendant file t'habillée, notre salon ne sert pas de pataugeoire.
Elle me sourit, cette femme mi ange, mi démon, en profite pour m'attendrir, puis d'un geste théâtrale, Estelle jette sa tête d'avant en arrière, de sorte, je suis éclaboussé par sa crinière de lionne. Qu'elle petite peste quand elle le veut. Je lui claque les fesses avant qu'elle n'ait le temps de s'échapper. Mon geste a le mérite de la faire glousser comme une gamine.
Je rejoins notre coin cuisine pour me servir un café, j'ouvre le tiroir des couverts pendant que le nectar coule dans ma tasse, mais au moment de le refermer celui-ci reste bloqué. J'insiste en n'y mettant plus de force quand je réalise qu'il y a un objet bloqué à l'intérieur. Le fauteur de trouble empêche l'ensemble de fonctionner comme il se doit. Je tire dessus cette fois ci vers moi, mes pupilles se fixent sur l'auteur du délit, un bonbon logé dans les rainures, écrasé comme une crêpe. Son emballage dans les mains je le reconnaitrai entre mille. Je passe l'objet de main en main, l'observant sous toutes les coutures pendant quelques minutes avant de jeter le tout dans la poubelle. Pas question de m'enfoncer d'avantage sur ce terrain miné.
C'est juste un caramel au beurre salé Michaël ressaisit toi.
Trop tard, son image se matérialise devant mes yeux, j'ai l'impression d'entendre les battements rapides de son rythme cardiaque à mesure qu'entre nous se réduit la distance. J'étais à deux doigts de l'embrasser. Une seconde pour tout faire basculer, une seconde suspendue dans le temps, je revis en boucle notre presqu'écart de conduite depuis une bonne grosse semaine. Je me déteste comme jamais, je me suis détesté. Encore sonné, je remercie la vie d'avoir été là pour nous stopper dans ce flagrant délit d'adultère. J'attrape mon mug de café, la tasse me brûle les doigts comme un imbécile, ce contact brûlant me permet de me concentrer sur ma douleur plutôt que sur Cassie. Je respire le nectar de mon breuvage puis part m'installer près du canapé. J'allume la télé sur n'importe quelle chaîne en canalisant mon cerveau sur ce que je vois dans le présent plutôt de glisser dans les méandres du passé. Ma concentration s'active, je gagne la bataille même si je sais bien au fond de moi, la guerre est loin d'être remportée.
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Notre monde tourne à l'envers.
Roman d'amourSi, on était une couleur , elle serait un mélange de rouge et de bleu. Pour toutes ses fois où nos êtres se sont attirés et tout autant repoussés. L'harmonie d'un désaccords de nuances de violet et pourpre. Si, on était un lieu, on serait une mon...