La porte se referme dans un bruit délicat, Benjamin vient de franchir le seuil de notre maison. L'horloge en métal noir de mon salon m'indique vingt-deux heures. Nos filles dorment depuis un moment, attendre leur papa à coup de bâillement répétitif avait eu raison de l'envie de rejoindre Morphée. Pour ma part, je profite de ce calme pour repasser le linge. L'impression sans cesse qu'à mesure où je lance des machines, il repousse des vêtements au quatre coin de cette demeure. Je soupçonne un troll caché dans nos murs, s'amusant à nos dépends, distillant des mauvais sorts à notre encontre pour qu'une tonne de poussière, de linge apparaissent alors que je pense y être arrivé à bout. Une bataille peine perdue, car l'éternelle histoire se répète.
L'arrivée de mon mari même à cette heure tardive, sonne comme mon salue, pour une fois, je me jette dans ses bras. Je l'embrasse avec plus de fougue que d'ordinaire, surpris, il répond à mon baiser avec amour et douceur. Ma langue réclame déjà la sienne, j'accentue notre étreinte, nous finissons par nous séparer à bout de souffle. Nos nez se frottent l'un à l'autre.
- Madame Lavigne, quel accueil.
Il place ses bras sur mes hanches, il m'enlace.
- Ta tendresse est la note acidulée de ma journée. Ça rend toute suite cette soirée plus agréable. Grâce à toi me voilà dans l'obligation de cesser toute activité rapidement.
Je continue de coller mon corps au sien, tout en respirant l'odeur de son cou. Il me caresse le haut de mes cheveux, cette pause nous permet de mettre nos vies en arrêt sur image. Quand malheureusement pour moi, ce moment prend fin par la sonnerie de son téléphone. Jamais celle-ci ne m'a autant semblé aussi irritante à mes oreilles. Benjamin se détache à contre cœur de moi, saisi le fauteur de trouble. Je rage, qui pouvait donc lui téléphoner à cette heure-ci !
- Allô ? Oui, je viens de rentrer...
Il s'isole dans son bureau, je ne peux savoir l'identité de l'interlocuteur. Je profite de sa nouvelle absence pour ranger ma table à repasser. Je rejoins ensuite la salle de bain de notre chambre, pour enfiler mon pyjama. Je me passe de la crème sur mon visage, mon mari approche dans ma direction. J'aperçois son reflet dans le miroir.
- Déjà prête à aller te coucher ?
Il se déshabille à son tour. Les secondes défilent sans qu'il ne me raconte sa conversation, je le devance.
- Alors ? Qui ose nous déranger à une heure aussi tardive ? Encore un ou une mal poli. Manque d'éducation ! Je souffle, impossible de contenir mon ton agacé.
- Ne dis pas ça ma puce, tu sais à quel point, je n'aime pas que tu t'énerves contre mes parents.
- Tes parents ? Ce sont eux qui ont téléphoné ? Ils ne sont pas couchés depuis dix-neuf heures à leur âge?
Je sors de la salle de bain, mes pieds se dirigent vers la cuisine. J'ouvre le placard du haut pour prendre ma pilule, je me sers un verre d'eau pour l'avaler. Benjamin m'emboite le pas.
- Bien sûr, qu'ils dorment, ceux ne sont pas eux dont je parle.
Mon sang ne fait qu'un tour, je me fige en me servant un deuxième verre. Je me retourne plusieurs secondes après pour enfin lui faire face. Je sens ne pas aimer la suite.
- Michaël t'a téléphoné ? Que voulait-il ?
- Nous avons déjeuné ensemble. Si tu voyais ses nouvelles habitudes alimentaires, je crois que tu te moquerais de lui. Vient t'assoir sur le canapé avec moi, c'est plus agréable pour discuter tu ne crois pas ?
- Je suis fatiguée, la journée a été longue. Vient-en aux faits s'il te plait.
Mais mon mari s'affale sur notre divan, il tapote la place à côté de lui. Ordre silencieux qui stipule ma place à sa gauche. Je ronge mon frein pour ne pas laisser exploser ma frustration, je grogne, je me force à obéir tout en croisant les bras sur ma poitrine.
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Notre monde tourne à l'envers.
RomanceSi, on était une couleur , elle serait un mélange de rouge et de bleu. Pour toutes ses fois où nos êtres se sont attirés et tout autant repoussés. L'harmonie d'un désaccords de nuances de violet et pourpre. Si, on était un lieu, on serait une mon...