TW: Attention, ce chapitre peut heurter la sensibilité d'un public non averti.
Une étendue d'eau salée, un vaste méli-mélo de dégradé de bleu, où commence le début ? Où s'arrête la fin ? Mon regard n'est pas assez grand, mon cœur pas assez fort pour ne pas sombrer comme de nombreux navires avant moi. L'océan m'appelle à travers tous mes sens. Les grains de sable dans une main, j'hume l'air Californien en écoutant le bruit des vagues s'écraser contre les rochers. Cette plage m'avait manqué, je le reconnais. Les bras nues, j'apprécie le soleil et les températures encore estivales pour un mois de Novembre. Cette pause, loin des odeurs écrasantes des médicaments me sert d'échappatoire. L'aura pesante de la mort flotte au-dessus de nos têtes, insupportable, étouffant, il était temps de m'échapper. Je sais, Estelle attend que je revienne près d'elle. Je devais faire une simple halte au marché bio pour aider sa maman à s'alimenter, mais, j'ai atterri ici, sans m'en rendre compte. Depuis notre arrivée sur le sol Américain, elle ne tient pas en place, se documente le plus possible sur toutes les techniques parallèles pour contrer la progression du cancer. Son père avec ses relations a réussi à lui trouver une maison médicalisée. J'admire son travail de reconstruction à l'idée d'aider cette femme qui lui a brisé le cœur. Aucun ressentiment ne l'habite, il se contente avec ses enfants de veiller à ce que Diane ne manque de rien. Hélas, son état se dégrade vite, aujourd'hui, elle n'arrive même plus à sortir de son lit. Sa seule exigence a été de se recueillir dans le parc national de Yosemite, là-bas se trouve une chapelle rouge entouré d'arbre et de verdure. Un havre de paix cher à son cœur, un voyage d'adolescente qui la marquée. Y retourner constituer un véritable pèlerinage, un dernier voyage sincère pour une femme si forte, elle a toute mon admiration. Le vol l'avait pourtant affaiblie, elle n'arrivait pas bien à tenir sur ses jambes, nous l'avons accompagné du mieux qu'on pouvait. J'entends encore ses pleurs résonner dans tout mon être. Diane n'avait pas encore craqué depuis que son conard de médecin lui avait appris qui lui rester trois mois à vivre. Alors qu'elle allumait un cierge et priait en silence, ses émotions l'ont dévoré, son chagrin a éclaté. Estelle s'est précipitée pour la prendre dans ses bras, son frère sur ses talons. Puis entre deux crises de larmes, elle leur prononça ses phrases qui resteront à jamais gravées dans ma mémoire.
— Je ne veux pas mourir, je ne veux pas vous laisser les enfants. Je vous aime tellement, je veux vieillir auprès de vous. Vous voir devenir parent à votre tour, atteindre les cents ans et m'éteindre auprès de ma famille.
J'étais le spectateur de ce malheur injuste. Je ne connaissais pas ma belle-mère depuis longtemps, aussi étrange soit-il, je l'aimais comme une mère, ses larmes ce jour-là m'ont brisé à tout jamais. Je me sentais très triste, tellement coupable ! Coupable d'avoir trompé ma fiancée alors qu'elle apprenait la pire nouvelle de sa vie. Des flashes de mon baiser avec Cassie continuent de s'inviter dans ma mémoire à n'importe quel moment. Je les chasse avec une telle violence. Je refuse de réfléchir ! Au fond de mon être, je sens bien, j'ai tort de faire comme si rien n'avait jamais existé. Oui, je le sais... L'idée même d'avoir agi avec une telle désinvolture me donne la nausée. J'ai tenu l'arme qui aurait pu l'abattre. Même si mon arme était un simple baiser, une étreinte aussi passionnelle, ravageuse, l'aurait tuée sur le champ si elle nous avait vus ! Provoquer plus de douleur à Estelle, la condamner à la souffrance éternelle, j'en suis incapable. J'ai fait assez de mal comme ça.
Je retourne donc à ma voiture pour les rejoindre. Comme d'habitude, ma blonde est installée sur le fauteuil en velours bleu canard à côté du lit médicalisé de sa maman. Diane ne marche plus, elle se plaint de violentes douleurs dans les jambes. Je fais signe à ma compagne de mon arrivée, elle profite du repos de sa mère pour venir à ma rencontre.
VOUS LISEZ
Notre monde tourne à l'envers.
Lãng mạnSi, on était une couleur , elle serait un mélange de rouge et de bleu. Pour toutes ses fois où nos êtres se sont attirés et tout autant repoussés. L'harmonie d'un désaccords de nuances de violet et pourpre. Si, on était un lieu, on serait une mon...