Chapitre 42 Michaël -La fuite en avant-

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Je capte l'heure en plissant les paupières face à la lumière aveuglante qui émane du téléphone, je grogne comme un ours. Putain ou suis-je ? Quatre heures et demie du matin, mon cerveau disjoncte, je me tourne et me retourne dans le lit pour trouver la meilleure position afin de tomber à nouveau dans les bras de Morphée. Des flashs d'il y a quelques jours me reviennent comme des éclairs, je me renfrogne en glissant ma tête sous l'oreiller, espérant chasser le défilé d'image. Estelle dort, j'écoute son souffle régulier calme et paisible, pourtant elle a eu une crise de larmes en se couchant, son seul réconfort fût de l'avoir bercé comme une enfant contre mon torse. D'extérieur, elle montre une femme qui garde la tête hors de l'eau, toujours souriante et pimpante, mais je ne suis pas dupe, une façade plus ou moins maîtriser qu'elle ne pourra pas garder sur plusieurs mois. Je la force à se livrer et à déverser en ma présence, le flot d'émotion qui l'inonde. Je ne réussis pas toujours à l'entendre se confier. Ma fiancée préfère opter pour un silence bruyant, d'autre fois comme hier soir, elle se laisse aller et pleure tout le contenu de larme qu'elle gardait dans son jardin secret. Ce simple fait me pousse à caresser du bout de mes doigts la pointe de ses cheveux, je ne veux en aucun cas la réveiller.

Je me lève, à quoi bon ? Ma nuit est terminée. Je m'affale dans le canapé un bol de céréale dans les mains, le bruit de ma mastication et le croustillant des grains de blés soufflés résonnent dans notre salon. Je me concentre sur les sons pour balayer le visage de Cassie de ma tête. Pourquoi faut-il toujours qu'elle s'y trouve ? Je me donne un mal de chien depuis mon retour de Californie pour l'effacer intégralement de ma mémoire. Taire mes sentiments, les contenir en les noyant le plus profondément possible. Usant de stratagèmes sournois et quelques peux discutables pour l'éloigner si loin de moi, si loin d'un presque nous qui n'en était pas un. Un presque rien enraciné dans ma mémoire, plus je m'accroche pour oublier, plus tout me rappel ce lien invisible nous liant pour toujours. Chaques regards échangés étaient si forts, intenses, indescriptibles, aussi inoubliable que notre premier baiser. Quand bien même, je modèle ma personnalité pour être la pire version de moi-même, rien y fait. Pourtant cette voie me semblait la meilleure option, après tout, on aurait dû se contenter de se détester, s'attirer, c'était bien plus dangereux. Lorsque je l'insulte, lorsque, je me moque, lorsqu'enfin, je vois la détresse dans ses yeux, j'y vois aussi mon reflet. S'en prendre aux autres quelle partie d'échec facilement gagnée. Pourquoi admettre l'inévitable, le coupable ici, c'est Michaël. Je peins mon agressivité comme écho à mon propre mal être. J'ai trompé Estelle, dans cette vie, dans celle parallèle, dans cette autre monde qui n'appartenait qu'à nous, je l'ai trahit. J'ai bafoué les liens du sang, j'ai manqué de respect à mon propre frère, c'est immoral ! Alimenter ce feu ardent détruisant tout dans son sillage, me donne la nausée. Alors oui, j'endosse le rôle du conard, non, ça ne me ressemble pas, il y a-t-il une part de vérité, bien sûr que non, Cassie est une femme exceptionnelle, elle ne mérite pas cela, elle ne mérite même pas d'avoir croisée ma route. Elle mérite de m'oublier, pour le faire, elle doit me haïr.

Une fois mon petit déjeuner matinal terminé, je constate que mes yeux se ferment tous seuls et que je chancèle de plus en plus contre le dossier de mon fauteuil. Ereinté par le peu de sommeil et mes réflexions, je fini par m'écrouler et dormir.

Je l'observe au loin comme le lion tapis dans l'ombre étudiant les mouvements de sa proie. Elle porte une robe longue de soirée en mousseline, la blancheur de sa peau dévoilée par un dos nue vertigineux. Ses deux bretelles croisées décorées de dentelle dévoile ses courbes harmonieuse jusqu'à la naissance de ses reins. Mon cerveau se met en pilote automatique, mes pieds se dirigent là où elle se trouve, une première phrase méprisante se déverse entre nous. Ce n'est pas ce que j'ai envie de lui dire, mais je n'ai pas le droit de prononcer les mots qu'elle aimerait entendre. Oui, elle est belle et sexy ce soir. Il faut continuer cette mascarade pour qu'elle me déteste.

Notre monde tourne à l'envers.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant