J'examine pour la centième fois l'horloge de mon ordinateur, mon décompte continu, j'ai hâte d'être à ma pause dej. Les matinées longues au travail ont le don de me taper sur le système, je m'ennui. On ne manque pas de tâches à accomplir sauf que mon manque d'entrain actuel ne me donne pas du tout envie de m'investir. Métro, boulot, dodo, ça me gave, cette petite vie pépère, sans action, barbant pour un mec comme moi. Un peu d'imprévu, de passion voilà ce qui me branche. Je reste bloqué sur l'idée indélébile de ma vie, nous n'aurions jamais dû quitter la Californie. Si je n'avais pas si peur de prendre l'avion, je sauterai dans le premier taxi direction l'aéroport le plus proche, je quitterai une bonne fois pour toute la France. Je mettrai une large distance entre ce train-train quotidien et ma véritable personnalité.
Non, tu souhaites surtout dresser un barrage suffisant entre elle et toi ... Scande ma conscience.
Cette part de vérité m'éclate en pleine figure, je mentirai à moi-même si je prétendais le contraire. Partir, pour quitter Cassie, pour nous quitter, tuer dans l'œuf ce que nous représentons. Le danger d'une relation qui nous mènera à la souffrance, céder pour mieux tomber. Malgré nos refus mutuels de tomber dans les abysses de l'adultère, nos corps s'attirent comme des aimants à chacune de nos rencontres. Je commence à craindre pour la suite, les barrières tombent les unes après les autres, je faibli, bientôt je le sens, je franchirai le point de non-retour. Une révélation ancienne dont j'ai pris conscience depuis quelque temps déjà, bien avant même notre baiser inachevé. L'intention était là, même si on a rien fait, les regards eux sont déjà plus forts qu'un geste avorté.
J'envoie valser les dernières notes tapées à l'ordinateur puis quitte mon poste de travail. J'ai besoin de respirer, les bonnes manières pourront attendre, j'étouffe dans la maison d'édition de mon frère. Savoir, qu'il est dans ses bâtiments tout près de moi, son petit frère qui au lieu de bosser sous ses ordres fantasme sur sa femme. La même femme, qu'il a épousé et à qui il a fait deux enfants. Son épouse qu'il l'attend étendue sur leur lit chaque soir, une amante s'endormant dans ses bras,... Non pas dans les miens. Je grogne excédé par mes réflexions déprimantes, j'heurte de plein fouet mon ami Philippe.
- Mince vieux pardon, je ne t'ai pas vu arrivé.
Il se masse le front tant le choc entre nous fût violent mais le sourire qu'il affiche me prouve qu'il ne m'en tient pas rigueur.
- Toujours à l'ouest mon petit Michaël, pour te faire pardonner de m'avoir assommé, je te propose d'aller boire un coup se soir entre pote ça te dit ?
- Je t'aurai bien dit oui avec plaisir, mais Estelle tient à ce qu'on cherche au plus vite une salle de réception pour le mariage.
Rien que de devoir encore appeler les derniers prestataires ça me barbe. Je préférai une soirée tranquille entre copain mais ma fiancée se vexerait si je lui disais. Au vu de ce qui se trame dans son dos avec Cassie, je mérite de me tenir à carreaux en allant dans son sens.
- C'est vrai, Monsieur est fraîchement fiancé, dommage, on se remet ça une prochaine fois. Tu as mon numéro.
Il repart dans la direction opposée à la mienne, je regrette encore plus de lui avoir dit non. J'avance les épaules voûtées vers ma voiture, il est encore un peu tôt pour déjeuner et j'ai bien envie d'aller me balader dans le centre-ville. Lorsque je monte dans l'habitacle et que j'actionne le moteur, la radio se lance en même temps, je constate qu'Estelle m'a changé mes préférences en restant bloqué sur Nostalgie. L'animateur parle d'une voix monocorde, il me tape sur le système, je m'apprête à changer pour un programme plus de mon âge, lorsque le sujet aborder me fait sourciller. Décidément, après l'interview, l'émission de télé chez Diane, voilà la radio...
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Notre monde tourne à l'envers.
RomanceSi, on était une couleur , elle serait un mélange de rouge et de bleu. Pour toutes ses fois où nos êtres se sont attirés et tout autant repoussés. L'harmonie d'un désaccords de nuances de violet et pourpre. Si, on était un lieu, on serait une mon...