Je monte l'allée menant à la porte d'entrée, faisant claquer mes talons sur le bitume. D'une démarche épuisée, j'hésite quelques secondes à abaisser la poignée de porte et rentrer chez moi. Comment puis-je ne pas avoir envie de regagner mon univers ? Alors, qu'il y a de cela quelques années encore, je comptais les heures au boulot me séparant de l'homme de ma vie, puis de nos deux filles. Chaque minutes qui s'envolaient, m'éloigner des moments de partages avec ma famille. Le travail c'est bien, mais ça ne fait pas tout. Sauf ce soir...Cette lassitude qui tisse sa toile dans mon esprit, ce ras le bol quotidien qui égratigne mon cœur, comme le poids d'un menhir m'écrase les épaules. En franchissant la porte, je sais d'avance ce qui m'attend...Mes enfants seront tout excités par leur journée d'école, Benjamin, sur les nerfs, peu patient à cause de son travail. Soufflant bien fort pour qu'à peine rentrer je m'occupe d'elles. On s'engueulerait pour des broutilles sans importances. Absorbé dans nos soucis, sans se parler ni s'écouter. Engloutis tout deux par le poids qui pèse sur chaque parent, toute notre énergie dirigée pour notre progéniture. Etre sûr qu'elles ont bien mangé, qu'elles se sont brossées les dents. Lire une histoire avant de se coucher. Nous deux s'affaler dans la méridienne une fois tout le rituel effectué. Luttant, pour tenir un semblant de conversation. Puis s'écrouler à notre tour de fatigue dans le canapé. Jusqu'à ce que la journée de demain recommence.
Ce soir, je peux décider de m'enfuir, balayer d'un revers de la main cette répétition journalière. Créer un nouvel avenir, plus mouvementé, allant d'imprévus en imprévus. Sauter dans ma voiture, rouler jusqu'à ce que je tombe en panne d'essence. Ou prendre un taxi direction l'aéroport le plus proche, m'envoler pour une destination inconnue. Tout plaquer là, devenir une autre personne, plus spontanée, plus sure d'elle-même. Sans attache, sans contrainte, sans aucune once de remord ni de responsabilité. Prenant enfin conscience, la personne la plus importante à mes yeux, celle qui attend depuis trop longtemps sur le bas-côté de la route, c'est moi-même.
Ces interrogations frôlent mon esprit, elles me torturent de plus en plus. Je les congédie comme d'habitude, j'ouvre la porte. Comme je m'y attendais mes petits démons se chamaillent dans le salon.
— Non, et non Abygaëlle, je ne veux pas regardé Barbie et la forêt enchantée. Cinquante fois qu'on le visionne ! Il y en a marre ! Crie Mélodie.
— Et alors ! Zé moi qui commande pas toi ! Ze vais le dire à papa ! P A P A !!!! P A P A !!! Mélodie, elle est cro méchante !
— L'écoute pas papa, elle fait son bébé comme toujours ! Tu nous saoules gamine !
Ne sachant pas bien ou se trouve mon mari, je rentre en scène d'un pas rapide, j interviens sans plus attendre.
— Mélodie s'il te plait surveille ton langage ! Est-ce qu'on dit tu me saoules à sa petite sœur !
— Maman !!! T'es rentré youpi.
Abygaëlle tellement heureuse de me retrouver me saute dans les bras, elle me vole une centaine de bisous. Cette attention si touchante me propulse dans les méandres de la culpabilité, je regrette d'avoir eu l'idée de tout quitter et de les abandonner. Aucune destination au monde n'égale l'amour sincère dont me témoignent mes enfants.
— Maman, tu viens mettre B'abie pour moi. Mélodie elle est cro méchante !
— B A R B I E chérie, essaye de bien le prononcer. Tu sais maman est arrivé il y a quelques secondes, je vous ai entendu vous disputer toutes les deux. Mélodie vient m'expliquer.
— Pourquoi faire, de toute façon tu vas encore lui céder ! Me lance-t-elle d'un ton.
— Tu insinues quoi la ? A peine, je rentre, même pas « bonjour maman » et hop tu me parles comme si j'étais ta copine !
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Notre monde tourne à l'envers.
RomanceSi, on était une couleur , elle serait un mélange de rouge et de bleu. Pour toutes ses fois où nos êtres se sont attirés et tout autant repoussés. L'harmonie d'un désaccords de nuances de violet et pourpre. Si, on était un lieu, on serait une mon...