Je consulte l'heure de ma montre à mon poignet, déjà treize heure trente passé, David poireaute depuis une demi-heure. Il reste plusieurs jours dans ma région, mon meilleur ami tenait à déjeuner avec moi ce midi. J'ai essayé de lui dire « David chou, je ne suis pas en vacances » mon planning digne d'un ministre n'a guère de temps à lui consacrer. Son regard de cocker additionné à sa moue boudeuse ont eu raison de me convaincre, bon j'avoue ceci dit, je n'ai jamais su dire non à quelqu'un. Encore moins, si cette personne est mon meilleur ami. Je fini de bouclé les dernières commandes, de mettre à jour le fichier client, j'enfile à la hâte ma veste pour le retrouver. Il m'attend dans le parc situé non loin de mon magasin, je n'ai que quelques foulées à faire et deux passages piétons à traverser pour être arrivée. Mon ami se tient devant la grille avec un sac en plastique blanc dans les mains, le temps que je finisse mon travail, il a pris l'initiative de nous acheter nos sandwichs.
- T'a vu l'heure Cassie ? Je meurs de faim ! Comment oses-tu laisser ton meilleur ami en plan avec cette odeur délicieuse qui m'appelle.
Je ne le laisse pas terminer sa phrase, un bisou sur la joue, je le serre dans mes bras. J'espère avec cette marque d'affection me faire pardonner mon retard.
- Excuse-moi mon petit sirop d'érable, j'ai eu plus de boulot que prévu. Aller vient on va se choisir un petit coin sympa, pour parler de ta vie, je sais comme c'est ton sujet préféré.
Bras dessus et bras dessous, un sourire illumine nos deux visages, cette pause même si courte me fait le plus grand bien, en plus je meurs de faim.
Assis sur un banc en bois rouge face à un joli pont dans les mêmes teintes comme ceux aperçues dans les films japonais, je trépigne d'impatience de voir si David a choisi le bon menu du jour.
- Dis-moi que tu as acheté mon sandwich préféré ?
Je sautille sur place comme une gamine alors qu'il s'amuse à prendre son temps, un sourire moqueur peint sur son visage de diablotin.
- Ah parce que tu n'as pas manger ? Désolé, ma chérie, mais je n'ai pris à manger que pour moi. Je ne savais pas... Peut-être désirais-tu déguster ce succulent américain. Dommage que tu ne puisses goûter à ses merguez légèrement épicées, ses frites croustillantes.
Il me fourre le trésor sous le nez sans que je puisse l'attraper, je le déteste, alors je tente le tout pour le tout, je me mets à ses pieds.
- Je t'en supplie mon maître ! Oh ! Toi mon meilleur ami qui devine toujours ce que j'aime le plus au monde, laisse-moi dévorer cette douceur.
Son air coquin me fait tout de suite regretter ma phrase, je me relève vite d'un geste rapide, je choppe mon déjeuner au passage.
- T'es pas drôle Cassie ! La grand-mère qui vient de passer était morte de honte, je suis sûr qu'elle a cru que tu allais me faire une gâterie. J'adore.
- Pas moi ! Imagine je croise des anciens clients ! Bonjour l'image que je donne...
- Et c'est toi qui t'es mise à mes pieds assume !
Je croque dans ma baguette un râle de satisfaction s'échappe de mes lèvres. La bouche pleine tant pis pour les convenances, je lui donne un coup de pied dans la cheville.
- Tais-toi et mange !
Nous nous délectons de notre repas sans nous envoyer d'autres vacheries à la figure, laissant le bruit des alentours nous enveloppés comme une musique de fond sonore. Les familles de passages se baladent, les gens pressés se dépêchent de prendre quelques minutes de pauses comme moi. Les jeunes ados amoureux se bécotent et rigolent entre amis. Insouciant, ils s'amusent sans s'arrêter sur le temps qui passe, ils croquent le monde comme il vient. J'aime observer la vie telle qu'elle apparaît sous mes yeux. J'analyse chaque coin et recoin qui m'entoure, je me laisse bercer par les sons. Mes observations me coupent du quotidien, du poids de mes responsabilités tapis dans l'ombre prêtes à recevoir les ordres. Bientôt mon après-midi de travail m'attend, j'avoue, je n'ai pas hâte. Des clientes de passages, aux exigences de certaines, des retards de fournisseurs, au rangement des rayons...Plus rien ne m'attire. Une fois fini, je récupère les filles pour mon deuxième emploi. Non sans oublier Michaël dans ma tête. Les flashs incessants m'inondent et me paralysent, bloquent mon cerveau en boucle sur lui, ses lèvres frôlant les miennes. Ce regret interdit, cette envie de rejouer la scène pour de vrai sans personne pour nous stopper.
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Notre monde tourne à l'envers.
Roman d'amourSi, on était une couleur , elle serait un mélange de rouge et de bleu. Pour toutes ses fois où nos êtres se sont attirés et tout autant repoussés. L'harmonie d'un désaccords de nuances de violet et pourpre. Si, on était un lieu, on serait une mon...