Chapitre 41 Cassie - Contre attaque -

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Tomber une fois de plus, je remonte à la surface les yeux grands ouverts sur l'immensité de l'océan atlantique. L'eau est froide mais peu importe. Je me sens bien et c'est tout ce qui compte en cet instant. Je souris aux remontrances de mon professeur, les bras accrochés à ma planche de paddle,

- Cassie, le but, c'est de tenir plus d'une minute sur la planche. Il me semblait t'avoir dit en début de cours de bien régler la longueur de ta pagaie. Tu n'es pas encore assez au milieu de ta planche, tu connais ma devise ?

- Oui, ni trop en avant ni trop en arrière pour ne pas perdre l'équilibre. Je n'ai surtout pas assez fléchit mes genoux chef.

Ma phrase a le mérite de le faire sourire à son tour, nous reprenons la suite du cours sans encombre. Je m'éclate comme un poisson dans l'eau, une vraie gamine euphorique d'apprendre à nager sauf que là j'apprends surtout à pagayer. Cet univers aquatique résultat de mes recherches m'offre la parenthèse dont j'avais besoin. Déjà quatre cours, deux en piscine chauffé et je ne regrette pas mon choix. J'ai toujours été attiré par la mer, la debout, en équilibre face à l'immensité du large, je respire comme jamais. Un air iodé dans les narines, le bruit des vagues comme fond sonores, le cœur qui palpite mais la tête vidée et heureuse. Oui, heureuse, sentiment oublié et assombri par les tourments vécus depuis son retour. Je pense ici à son premier retour. Sur le tarmac, de l'aéroport de la Rochelle, il y a quelques mois débarquait un Michaël totalement différent. J'ai souvent eu le sentiment en regardant les photos d'antan qu'il n'était plus le même. Alors oui, son énorme perte de poids y était pour beaucoup mais il n'y avait pas juste sa transformation physique...C'est un tout autre homme qui avait bousculé ma vie comme un raz de marée. Enfin, c'était...Car depuis son deuxième retour, il y a un mois, le monde a encore basculé. Un virage à cent quatre-vingt degrés m'apportant la nausée dans un tournis sans fin. Je m'étais habitué au vertige du désir, pas à celui du mépris. Comment pouvait il m'avoir embrassé à en perdre la raison, pour aujourd'hui agir avec tant de véhémence ? Sa bouche si tendre contre la mienne ne sert plus qu'à débiter un flot de venin acide. Jouait-il avec moi depuis le début ? Mentir dans ses sourires, mentir dans ses sous-entendus ambigües, mentir dans ses yeux, son attitude de glace me crie qu'il ne pense plus qu'à une seule chose me faire comprendre qu'il me déteste. Lors de nos rencontres, mon beau-frère me blesse de pic en tout genre, il m'attaque sur mon prénom, sur mon âge ou sur mon physique. Ce ping pong verbal m'épuise, je n'ai guère les nerfs pour le supporter. J'ai presque l'impression d'être folle, d'avoir tout imaginé, de m'être inventé un monde à l'envers chimérique, complètement bidon ! Et si finalement, on avait jamais été proche, jamais été complice, jamais eu envie de plus. Je suis juste trop bête, trop conne. Alors à mon tour, j'ai cédé, je suis redevenue la Cassie chiante, la Cassie qui n'hésite pas à lui rentrer dans le lard, qui l'envoi chier à son tour. Fini la compassion, je n'ai pas à subir cette folie.

J'ai d'abord mis le compte de son agressivité comme un écho au traumatisme du deuil de sa belle-mère. J'étais prête à subir, lui laisser du temps, accueillir les coups en silence, oui, si j'avais imaginé une seconde qu'il ne le pensait pas vraiment, j'aurai pu...Cependant, le petit frère de mon mari s'acharne sans véritable raison. Il ne cherche pas à compenser un mal être, il veut juste me faire mal. Heureusement, dans son sillage, il a oublié que j'avais une alliée de poids, sa fiancée. Elle n'hésite pas à me soutenir, en le remettant à sa place. Je ne peux pas compter sur Benjamin, non, lui préfère simplement lui trouver des excuses. En tout cas, je ne peux en supporter d'avantage. Chaque jour, je béni les Dieux, chaque jour, je hurle dans la tête la même phrase « Plus jamais ! » Je me déteste déjà juste pour un baiser, alors oui, je remercie les puissances supérieures pour ne pas avoir commis d'acte plus impardonnable.

Notre monde tourne à l'envers.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant