Dans l'avion qui survole l'océan Atlantique, je songe à ses dernières quarante-huit heures qui ont été plus qu'éprouvantes. J'aurai aimé rester plus longtemps auprès de mon frère, j'étais pied et poing lié face à mes obligations professionnelles. Assis sur mon siège, la tête à côté du hublot, j'observe l'appareil, contemplant la vie sous un nouveau jour. Je chérie en mon âme et conscience le cadeau précieux qui se trouve face à moi, mes parents endormis l'un contre l'autre. Leurs respirations calmes et tranquilles, lovés dans l'amour qui les unit, bien vivant, cette vision n'a pas de prix. Les regarder réchauffe mon cœur quelques instants, cette vision balaye les cris déchirants d'Estelle. Sa tristesse résonne encore à mes tympans par moment, je suis si triste pour elle.
Je ne l'avais pas revu depuis deux mois, les dégâts collatéraux du cancer sur sa personne sont considérables. Cette femme face à moi à l'enterrement ne ressemblait plus à la lumineuse personne rencontrée pour la première fois il y a quelques temps. Amaigrie, cernée, à bout force, ma belle-sœur n'est plus que l'ombre d'elle-même. Son magnifique sourire d'ordinaire toujours présent n'y était plus. J'espère qu'elle pourra trouver dans un futur proche, les ressources pour avancer malgré tout et faire son deuil. En attendant, Michaël tient son rôle de protecteur à merveille. C'est fou, il a changé lui aussi, l'ado rebelle, instable, à laisser la place à un homme solide et fort. Leur couple traversera cette zone de turbulence avec amour, j'en suis sûr.
Pour ma part, j'ai hâte de voir l'avion atterrir à l'aéroport. Il me tarde de pouvoir serrer dans mes bras les prunelles de mes yeux, mes filles et ma femme. Elles me manquent, j'ai comme un besoin viscéral de les tenir contre ma poitrine. Je m'imagine écouter les battements de leurs rythmes cardiaques, sentir leurs parfums, juste être nous quatre heureux de nous aimer. Cassie très attristée par la maladie qui a frappé la maman d'Estelle s'est renfermée sur elle-même. Comme si leur départ précipité en Californie avait créé un mutisme qui met difficile d'accéder. Elle se renferme, je le vois bien. Je me doute de la déchirure qu'elle a ressenti entre sa peur des enterrements, face à son empathie d'accompagner ses proches. Je ne l'ai pas forcé, la laissant choisir la décision qu'il serait en accord avec ses sentiments. L'appareil amorce sa descente, bientôt, je me rapproche de mon but. Je réveil mes parents, nous remettons nos ceintures de sécurité, le pilote atterrit en douceur, sans encombre. Nous nous séparons en regagnant chacun nos véhicules, mes parents m'embrassent plus fort que d'ordinaire. Je vois bien leurs visages fatigués, ce voyage les a éprouvés.
Le chemin du retour à la maison se passe vite. Heureusement d'ailleurs, je n'aurai pas supporté être enfermé dans les bouchons. J'ai assez perdu de secondes, j'augmente ma vitesse pour garer ma voiture dans l'allée, tant pis pour les valises, elles attendront. Je m'en moque, je ne pense qu'à une seule idée, avoir les miens dans mes bras. Mélodie chante à l'intérieur, sa voix douce me réchauffe le corps tout entier. Son micro sur la bouche, ses yeux fixés sur les paroles de son jeu, elle ne m'entend pas arriver. Sa petite sœur pour une fois ne l'embête pas, Aby joue avec ses barbies dans un coin du salon, je l'admire tant de fierté, tant d'amour. Je balaye la pièce du regard pour savoir où se trouve mon épouse, je ne la vois pas. Les filles sont toujours dans leurs activités, je m'approche à pas de loup, une fois à leur hauteur, je leur crie ma joie.
— Devinez qui est rentré ?
Mon aîné sursaute, sa cadette lâche son cheval en plastique pour me courir dans les bras.
— Mon papa ! J'suis contente que tu sois là mon papa d'amour.
Elle passe ses bras autour de ma nuque, ma puce me couvre d'un million de bisous sur la joue. Mélodie nous rejoint, ses mains s'agrippent à ma taille, son visage enfoui dans le bas de mon dos. Là toute suite, je suis le père le plus heureux du monde, pourquoi aurai-je besoin de plus. Mes enfants sont une pilule de joie, un vrai médicament guérisseur.
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Notre monde tourne à l'envers.
RomansaSi, on était une couleur , elle serait un mélange de rouge et de bleu. Pour toutes ses fois où nos êtres se sont attirés et tout autant repoussés. L'harmonie d'un désaccords de nuances de violet et pourpre. Si, on était un lieu, on serait une mon...