Spider-Girl //Spider-Man (Tom Holland)

Chapitre 53

Je me retourne et fais face à Peter, un peu honteuse qu'il m'ait trouvée dans cette situation. Comment pourrait-il encore croire après ça que je suis digne de rejoindre les Avengers ?

- Vertige. Fut ma seule réponse audible.

Il s'approche, passe son bras autour de ma taille et nous fait descendre avec son autre main tout en douceur. Une fois en contact avec le sol, mes jambes arrêtent enfin de trembler.

- Merci. Dis-je, toujours effrayée.

- Je croyais que tu en avais fini avec cette histoire de vertige.

- Il faut croire que non.

Nous marchons côte à côte, sans jamais se regarder, sans jamais se toucher. En revanche, on avait beaucoup de choses à se dire. Enfin... surtout Peter qui n'arrêtait pas de parler de choses complètement futiles. Serait-il stressé lui aussi ? Nous en étions à parler du retour en avion dans deux jours quand, au détour d'une rue, Peter me prit la main.

Électrochoc. Frisson. Coeur qui bat tellement vite que même un électrocardiogramme n'arriverait pas à calculer mon pouls. Tout mon corps disjoncte. Seuls mes yeux arrivent à entrer en contact avec ceux de Peter.

- Je suis content que tu aies accepté de venir. Me dit-il en s'arrêtant de marcher.

Je suis censée répondre quoi ? « Merci » ? « C'est tout naturel » ? « Embrasse-moi » ? Finalement, je préfère ne rien répondre. Il s'éclaircit la gorge et poursuit :

- J'avais prévu qu'on fasse un truc ce soir, mais tu avais l'air tellement mal à l'aise au-dessus de l'immeuble que je ne voudrais pas te faire encore plus peur.

Il suffisait de cette phrase pour qu'il aiguise ma curiosité.

- C'était quoi ?

- Je ne peux pas te le dire. Je ne veux pas gâcher la surprise si tu te sens capable d'affronter encore une fois ton vertige.

- Je m'en sens capable... tant que tu restes près de moi.

Cette dernière phrase sonnait plutôt comme une supplication. J'ai envie de me frapper. Ça m'arrive souvent ces temps-ci.

- Ok, alors on y va. Si ça te va, c'est moi qui nous emmène à l'endroit que j'avais prévu. Comme ça, tu n'as pas à t'occuper de cette partie du voyage.

- Non, dis-je avec un accès de courage (ou de folie je ne sais pas trop), je te suis.

- Avec tes toiles ?

- Ça fait des mois que je m'entraine sans toi. Je suis devenue forte tu sais.

- Je n'en doute pas. Dit-il avant de tendre sa toile et de se propulser jusqu'au toit de l'immeuble le plus proche.

Je rassemble tout mon courage et le suis. Nous volons, littéralement, d'immeuble en immeuble. La vue est magnifique mais j'essaie de rester concentrée sur le dos de Peter, que je ne veux pas perdre. Comme d'habitude, tisser des toiles m'épuise vite, je n'ai pas le même entrainement que Peter et vraiment pas la même endurance. Pourtant, je sais que mon entrainement m'a renforcée. Peter s'arrête sur le toit d'un immeuble et me dit :

- On est à mi-chemin, ça va pour toi ?

- Nickel. Dis-je, en essayant de ne pas montrer ma fatigue.

Il me sourit et repart de plus belle. Je ne pensais jamais vivre ça : voler sur les toits de Paris avec Spider-Man. Je suis sûre que toutes les filles en rêvent. Devant moi, Peter me montre quelque chose avec son bras tout en se balançant. J'essaie de me forcer à me décentrer de mes toiles pour regarder dans la direction qu'il m'indique, et je ne suis pas déçue.

A quelques mètres de nous se profile la tour Eiffel. Majestueuse dame de fer que j'ai rêvé toute ma vie de voir en vrai. Je n'en reviens pas, est-ce que c'est le but de notre voyage dans Paris ? Voir la tour Eiffel ? Pourtant, Peter semble décidé à se rapprocher encore plus. Je le suis, avec un entrain renouvelé. En quelques minutes, nous arrivons au pied de la tour. J'ai le souffle court et je sens déjà des courbatures arriver. Peter attend que je reprenne mon souffle avant de parler.

- Alors, c'est toi qui disais que tu ne la verrais pas cette tour Eiffel ?

- Je t'ai sous-estimé. Dis-je. Merci Peter, elle est magnifique.

- Ah parce que tu crois que c'est terminé ? Qu'on va rester en bas ?

- Quoi ? Mais on ne va quand même pas monter ? Elle est fermée en plus !

Peter s'esclaffe devant ma mine déconfite.

- T'as vraiment pas le réflexe de penser à tes pouvoirs en premier toi.

- On ne peut pas grimper la tour comme ça, sans autorisation, imagine si on se fait arrêter.

- Anna, on est des super-héros, on arrivera bien à fuir des policiers.

Je secoue la tête. Il est en train de me convaincre alors que j'ai toujours autant la trouille, pour plein de raisons. Je soupire.

- D'accord, allons-y, je te suis.

- Tu ne veux toujours pas d'aide ?

- Je commence seule. Dis-je, déterminée.

Nous commençons l'ascension. C'est beaucoup plus difficile que de se balancer d'immeuble en immeuble. Là, je n'ai pas d'élan qui me propulse, je dois tout faire à l'aide de mes bras et de mes toiles. Arrivés au deuxième étage, je sens que, si je force, je vais finir comme lors de notre premier entraînement : A moitié morte et je vais dormir pendant deux jours complets. Je lève la tête et vois encore tout le chemin qu'il reste à parcourir. Peter est infatigable.

- Peter ?

- Oui ?

- Je crois que j'ai besoin que tu m'aides pour le reste.

Il s'approche de moi et me prends dans ses bras silencieusement. Toujours sans rien dire, il tisse sa première toile et nous montons lentement jusqu'au dernier étage, dans le silence de la ville. Arrivés sur la plateforme du dernier étage, je sens son étreinte se desserrer. A contre coeur, je détache mes bras de son cou.

Son visage est tourné vers l'horizon, je l'imite. Depuis ici, la ville de Paris semble s'étendre à l'infini, les voitures qui passent ressemblent à des petits insectes qui brillent dans la nuit. J'en ai le souffle coupé, c'est merveilleux d'être ici. J'en oublie le vertige et me penche contre la barrière pour observer encore plus la ville. Absorbée dans ma contemplation, je ne remarque pas que Peter est venu se placer juste à côté de moi. C'est seulement quand sa main effleure mon bras que je reviens à la réalité.