Chapitre 54

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Peter me tend quelque chose, un sourire énigmatique sur le visage.

- C'est quoi ? Dis-je en prenant l'objet emballé.

- J'ai vu que tu y tenais vraiment et que tu étais triste de ne pas avoir pu l'acheter, alors j'y suis allé rapidement avant le départ.

Ses paroles m'embrouillent encore plus, je ne vois pas de quoi il parle. Je déchire le papier kraft qui entoure l'objet et découvre un livre, ce livre de Roméo et Juliette que j'ai trouvé à Venise dans cette petite librairie de livres d'occasion. Ce livre dont la couverture bleue avait tout de suite attiré mon regard. Je l'ouvre, le feuillette quelques secondes puis le referme d'un claquement sec. Bizarrement, je sens les larmes me monter aux yeux. Je suis émue. Je lève les yeux vers Peter qui n'a pas quitté mon regard, sûrement en attente de ma réaction.

- Merci Peter. Je... Ça me touche beaucoup que tu aies fait ça pour moi. Dis-je sobrement.

- De rien. Répond-il.

Il s'attendait sûrement à une autre réaction de ma part, mais je suis incapable de lui dire à quel point ce cadeau me fait plaisir, à quel point je suis émue. Je n'ai jamais eu l'habitude de remercier les gens ni de montrer ce que je ressentais. Pourtant, je m'en veux ce soir, de ne pas réussir à lui montrer ce que je ressens. Je décide de ne pas laisser le blanc affreux qui s'est installé entre nous se prolonger.

- Tu connais l'histoire de Roméo et Juliette ?

- Vaguement. Dit-il en se passant la main dans les cheveux.

- C'est l'un de mes romans préférés. Ça parle d'un sacrifice par amour. Roméo et Juliette ne peuvent pas être ensemble parce qu'ils sont de deux familles rivales, mais ils tombent quand même amoureux.

- Et ça fini bien ?

- Pas vraiment non. A la fin, ils meurent tous les deux.

- C'est une blague ? Crie-t-il. Mais quel genre de sadique aime les histoires comme ça ?

- Les sacrifices d'amour c'est très beau Parker, ne te moque pas de mes goûts, sinon je te jette dans le vide.

Nous rigolons tous les deux. Je m'approche de lui, pas très consciente de ce que je suis en train de faire et l'embrasse sur la joue.

- Vraiment, merci Peter. Pour le livre et aussi pour ce soir, c'est parfait.

A la lueur des éclairages, je le vois rougir. Il est mignon comme ça. Nos corps sont toujours aussi proches, aucun de nous deux ne semble vouloir rompre le contact. Je pense que je n'oublierai jamais ce moment.

- Anna, il faut que je te parle de quelque chose avant qu'on reparte. Me dit-il en s'asseyant contre l'ossature en fer.

Je m'assois juste à côté de lui et attend patiemment qu'il parle. Il semble chercher ses mots, j'espère qu'il les trouvera rapidement parce que je commence à avoir très froid ici. Il prend une grande inspiration et commence :

- Ce que je t'ai dit au mariage, sur le fait que j'étais passé à autre chose. C'était faux. Enfin... je pense que tu le savais même avant que je te le dise.

- Pas vraiment non. Répondis-je d'une petite voix, impatiente de savoir la suite.

- Je n'ai pas été honnête avec toi, je ne voulais plus que tu souffres de notre éloignement. Et je me suis dit que, si je cassais tous tes espoirs, ce serait plus facile pour toi de m'oublier.

- Alors pourquoi tu me dis ça ce soir ? Pourquoi revenir sur ce que tu as dit ? Je n'ai pas envie que tu ranimes la douleur que j'ai ressentie pendant des semaines, ça fait trop mal Peter.

- Écoute, Anna... J'ai essayé de rester loin de toi et j'ai cru que j'allai réussir... Je me disais que j'allai tenir... Et puis, Gabrielle m'a parlé de ce qu'il s'est passé entre Nathan et toi.

- Qu'est-ce qu'elle t'a raconté ? Il ne s'est jamais rien passé entre lui et moi !

- Presque. Dit-il en relevant les sourcils.

- Ok, presque. Mais c'était pas de ma faute !

- Tu n'as pas à te justifier. Mais sache que je ne peux plus faire semblant et que je sais que les conséquences de ce que je vais te dire vont être désastreuses, mais je crois que je m'en voudrai toute ma vie de ne rien te dire.

Je déglutis difficilement. Est-ce qu'il va me dire qu'il ne veut plus qu'on se voit du tout parce que c'est trop dur pour lui ? Est-ce qu'il va m'annoncer qu'il va déménager pour être loin de moi ? Ou est-ce qu'il...

- Je t'aime toujours Anna, je n'ai jamais arrêté de t'aimer.

Respire. Respire. Respire. Je sens que je vais faire une crise cardiaque ou un AVC, mon corps n'a pas encore choisi. Pour l'instant, je n'arrive juste plus à respirer. Son regard fixé dans le mien me pétrifie et je suis incapable de faire un seul geste.

Au bout de quelques secondes, il fini par rompre le contact entre nous et se lève pour s'accouder à nouveau à la balustrade.

- Écoute, je comprendrai si tu n'as pas envie de commencer quelque chose avec moi. Je t'ai fait énormément souffrir et j'espère qu'au moins, tu ne m'en voudras pas trop longtemps. Je suis désolé de ne pas avoir réalisé à quel point je n'arrive pas  vivre sans toi et à quel point tu es essentielle dans ma vie. Je sais que monsieur Stark nous a interdit d'être ensemble, mais c'est encore pire d'être loin de toi, c'est là où je rate toutes mes missions. J'ai besoin de te savoir auprès de moi, il n'y a que comme ça que je peux vivre.

Toujours tétanisée, je décide de secouer mon corps une bonne fois pour toute. C'est pas le moment qu'il me lâche celui-là, pas après avoir entendu ce que j'avais envie d'entendre depuis des mois ! Je le rejoins difficilement, la scène semble se dérouler au ralenti. Je pose ma main sur son bras et ose enfin lui répondre.

- J'ai rêvé que tu me dises ça Peter, j'en ai réellement rêvé. Mais... m'engager avec toi alors que tu as des responsabilités de super-héros, que Tony ne veut pas nous voir ensemble... Ça me parait irréalisable.

Peter se tourne vers moi et m'attrape par la taille délicatement.

- Et si Iron Man ne l'apprend jamais ? Du moins, pas avant que les choses ne se calment.

- Il l'apprendra Peter, tu le sais très bien... et je ne veux pas que tu risques ta place dans les Avengers pour moi.

- Je ne vois pas comment je pourrai continuer sans toi.

- Ni sans ton rôle de Spider-Man... alors que les deux sont incompatibles.

- Je vais te montrer que, non, ce n'est absolument pas incompatible. Dit-il en penchant son visage vers le mien.

Au sommet de la tour Eiffel, deux silhouettes s'embrassent. Si on est tout en bas, on ne les remarque même pas tant ils ont l'air insignifiant pour le reste du monde. Je suis l'une de ces deux personnes, Anna Stark. Et j'embrasse le garçon qui fait battre mon coeur depuis bientôt un an, ce garçon que je rêvais tant de pouvoir embrasser à ma guise, de pouvoir serrer dans mes bras quand bon me semble... Oui, je suis l'une de ces deux personnes au-dessus de la tour Eiffel qui se fait embrasser par le garçon de ses rêves, par Spider-Man. Plus rien ne compte à part ses lèvres, plus rien ne compte à part son odeur, plus rien ne compte à part ses mains sur ma taille, plus rien ne compte, à part Peter Parker.

Spider-Girl //Spider-Man (Tom Holland)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant