2 - Case Prison

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Arsène, L'Aquila, Printemps 1998.

Il fait nuit noire, il pleut des cordes sur l'Aquila. Les rues détrempées qui accueillent encore quelques rares passants pressés sont éclairées par une lumière blafarde. Le vent souffle si fort qu'il est impossible d'ouvrir un parapluie. Ça tombe bien, je n'en ai pas. Le froid humide transperce ma veste rayée, trop fine.

Les pavés glissants luisent à la lumières dansantes des gyrophares de la Police Lupine et des flammes qui ravagent la Prison Centrale. Mon plan s'est déroulé sans accroc et j'adore les plans qui se déroulent sans accroc.

Un chat noir renverse une poubelle et fait me sursauter. Le cœur battant, je m'arrête au coin d'une ruelle délabrée. J'en profite pour contempler quelques secondes mon oeuvre. Bon aussi pour reprendre mon souffle. Il faut dire que j'ai a couru de longues minutes, voire même peut-être une bonne heure, j'ai perdu la notion du temps. J'ai parcouru la ville en tous sens, en me cachant de ruelles sombres en ruelles sombres.

Je n'ai pas fait une seule pause depuis que je me suis évadé de la Prison Centrale de l'Aquila un peu plus tôt dans la nuit.

Comme quoi, s'échapper une nouvelle fois de la Prison Centrale de l'Aquila n'avait pas été si difficile que certains le prétendent.

J'ai d'abord pris quelques mois de vacances, tranquillement coupé du monde, dans ma cellule d'isolement anti loups-garous et anti mage. J'avais bien besoin de repos. Et de digérer les événements qui m'ont conduit ici. Et de mettre au point un plan génial pour en sortir.

Je savais que je finirai par m'ennuyer et par être rongé par la curiosité. Je savais que les Loups Gris sont toujours trop naïfs et trop idéalistes. Ils ne peuvent pas concevoir qu'en fin de compte les Loups Blancs ne changeront jamais.

Comme je l'avais prévu, après une longue période de confinement, j'ai été transféré dans une autre aile de la Prison Centrale, celle contenant les détenus qualifiés simplement de "dangereux".

Et j'ai enfin pu mettre en application mon plan.

Après mon transfert dans une aile plus animée de la Prison, j'ai enfin pu glaner quelques nouvelles du monde extérieur, d'abord en collant mon oreille contre la porte de ma nouvelle cellule, ce qui m'a permis d'entendre des bribes de conversations. Et puis, dans un second temps, j'ai pu en apprendre un peu plus grâce aux merveilleux repas que j'avais le droit de prendre en collectivité. Ce droit m'a été octroyé après avoir montré une attitude plus que favorable. Véritablement. Je dois dire que je suis assez fier de mes talents d'acteur.

Certes au départ, je m'étais quelques peu moqué des gardiens, j'avais proféré quelques menaces de torture ou de mort douloureuse malicieusement voilées dans mes paroles doucereuses. J'étais révolté, je souhaitais m'isoler, me retirer du monde.

J'aurais bien voulu continuer de m'amuser à tourmenter les quelques loups-garous assez fous pour me fréquenter, mais... j'avais été obligé de m'abstenir. Pour la bonne cause.

Et, pourquoi ça, hummm? Eh, bien, encore et toujours pour la même cause à toutes mes joies et toutes mes peines: les Meutes d'Argent, et évidemment à cause de Wolfy que je déteste depuis toujours, depuis son adolescence en fait... Il m'a fait tellement de mal.

Un jour, alors que j'écoutais à la porte de ma cellule comme tous les jours, par curiosité, j'avais attrapé un bout de conversation entre deux gardiens qui discutaient de la disparition du Mage Noir Balthazar. Et de la victoire de Wolfy et de ses compagnons sur les Enfers. Et des défaites de la Meute Zed.

Défaites!? Victoires!? Quelle victoire d'abord!?

Ma curiosité avait été soudain piquée à vif. Tout à coup, j'avais ab-so-lu-ment envie d'en savoir plus! J'avais retrouvé l'envie de me battre et de revenir dans le Monde des vivants.

Les Meutes d'Argent: De Feu et de Glace - Tome 2 [En cours ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant