22 - Le Cauchemar de Samhain

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L'Aquila, Le lendemain du Bal de Samhain 1951.

Romeo, 04:59.

Je m'étais presque cru sauvé lorsque j'avais réussi à fermer la porte-fenêtre de justesse.

C'est une erreur que Youri et moi avons payé cher. Très cher.

Ils étaient deux à nous guetter: tandis que l'un faisait mine de vouloir rentrer dans le duplex de Youri par tous les moyens, l'autre était déjà là, tapis dans un recoin du logement, à nous épier, en attendant son heure.

***

Romeo, à l'arrière d'une fourgonnette, 05:59.

Ligoté comme un salami, je les entends, à l'avant de la fourgonnette, tout heureux d'avoir réussi leur coup, se raconter en riant les dernières semaines.

Ils se sont amusés avec nous pendant quelques semaines, ils ont multiplié les messages, fait monter la pression, se sont rapprochés toujours plus, dans l'attente de cette nuit propice. Comme des loups qui jouent avec un sanglier avant de le dévorer.

Bien au chaud dans le lit de Youri, tout contre lui finalement, rien n'aurait pu me préparer à ça.

Je ne suis pas sorti indemne de cette nuit.

Et pourtant, ils ne m'ont pas touché.

Mais, Youri...

Oh, Youri...

***

Romeo, Chambre de Youri, 03:59.

Tiré d'un sommeil agité par le bruit irrégulier d'un objet dur en frappant un autre, je me dégage lentement des bras de Youri. Nous avons dormi en cuillère, finalement. Pour la dernière fois, mais je ne le sais pas encore.

Je me redresse avec mille précautions pour ne pas trop faire bouger le matelas. Je sais que Youri, qui respire trop fort à côté de moi tant il est bourré, m'étriperais si je venais à le réveiller.

Je remarque tout de suite qu'il y a quelque chose d'anormal. Youri avait catégoriquement refusé de laisser la lampe de chevet allumée. Lorsque j'ouvre les yeux, je suis si éblouis que je dois plisser les yeux pour observer la chambre. Désormais, une lumière jaunâtre éclaire violemment la pièce.

Au travers de mes yeux encore embrumés, je distingue immédiatement une silhouette affalée avec décontraction dans le fauteuil près de la fenêtre. En apercevant cet intrus dans notre chambre, dans notre intimité, je sursaute et je pousse un petit cri étouffé.

Je me frotte énergiquement les yeux pour mieux y voir et tenter de me réveiller au plus vite.

L'homme me regarde droit dans les yeux, en souriant.

Chaussé de Rangers des Forces Lupines dans lesquelles il a rentré un vieux jeans délavé, l'individu est plutôt massif. Les manches retroussées de sa chemise militaire kaki laissent apparaître des biceps et des avant-bras surdéveloppés. La chemise peine à dissimuler son corps taillé en V, aux épaules d'une largeur hors norme. Un vrai colosse. Sur son visage balafré par une longue cicatrice en zigzag, luit une paire d'yeux d'un bleu polaire.

Il prend son temps pour m'observer, ou plutôt pour me déshabiller du regard, d'un air qui me paraît à la fois lubrique et sauvage.

Un bruit de vitre brisée me parvient du rez-de-chaussée. Je réalise à ce moment-là que l'homme dans la chambre n'est pas celui que j'ai aperçu à travers la baie vitrée de la chambre d'ami quelques heures auparavant.

Les Meutes d'Argent: De Feu et de Glace - Tome 2 [En cours ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant