31 - Boris et l'Inspecteur

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L'Aquila, un vendredi soir, quelques jours après le Bal de Samhain 1951.

Hermann, le Grand Magasin, 20h05.

Au début, je n'étais qu'une ombre échappée des Enfers. Longiligne, sombre, discrète, rasant les murs, suivant les passants, m'approchant au plus près de celui qui serait ma prochaine victime.

Puis, j'ai demandé à ce que l'on me ramène de jeunes hommes, des loups-garous de préférence, ils sont plus résistants. Une dizaine, pour que je puisse choisir.

Mes hommes connaissent mes goûts, ils ne se trompent que rarement, je peux avoir confiance en eux. Ils l'ont appris à leurs dépens. Et de tous mes fournisseurs, les Loups Blancs d'Arsène sont mes préférés.

J'ai cependant conservé le goût de la chasse, je laisse volontiers mes yeux glisser sur des jambes dénudées ou des chemises entrouvertes lorsque je suis sur Terre.

Je le reconnais et j'en suis fier, je suis un prédateur violent, agressif, sauvage. Déterminé aussi. Et surtout, sans aucune pitié.

Bien sûr, il arrive que des hommes - qui ne me connaissent pas - me regardent, comme je regarde, moi aussi, mes proies. Mais, mon regard noir décourage les plus audacieux.

Je suis un loup qui ne se contente pas de dévorer sa proie. Ce que je veux par dessus tout, c'est m'en emparer, la contrôler, m'immiscer en elle, la posséder.

Mon regard croise celui du caissier du Grand Magasin qui me sourit poliment. Je lui réponds par un signe de tête à peine poli lorsque j'aperçois Arsène au loin. Je fais un signe de la main à l'Alpha des Loups Blancs et je le rejoins dans une cabine d'essayage.

- Bonjour Arsène!

- Bonjour, mon ami! Que puis-je faire pour toi?

- J'ai eu une rude journée. Trouve-moi du beau monde pour ce soir. Au Repère, comme d'habitude.

- Pas de problème, j'organise ça. Vingt-deux heures, ça te convient?

- Parfait. A ce soir.

Et, je quitte le Grand Magasin, non sans avoir détaillé le petit cul musclé du caissier, en me passant la langue sur les lèvres.

***

Aleksandr, Le Repère, 20:10.

A quelques kilomètres de là, le téléphone sonne  dans mon petit bureau au sous-sol du Repère.

Cette semaine, je suis de permanence avec Andrej et Anatoli, l'actuel bras droit d'Arsène, mais pour combien de temps?

- Dix garçons pour Hermann des Enfers, ce soir à vingt-deux heures précises, comme d'habitude, dans la Salle VIP du Repère. C'est bon pour vous?

- Un instant, s'il vous plaît, je me renseigne.

Je mets la main devant le micro du téléphone, et je crie d'une voix impatiente:

- Andrej!? Andrej!? Il nous reste combien de garçons suffisamment baisables pour ce soir?

- Pour qui?

- Pour Hermann...

- Hummm... Cinq, mais je peux en rappeler deux qui sont avec des clients sans intérêts.

- Il m'en faut dix pour dans deux heures, ordonne Anatoli d'un ton sec.

- Dans deux heures! Et il nous en manque trois...

- Oui, il nous en faut dix dans deux heures, et pas question d'en ramener une de moins! Hermann nous paie le triple pour la discrétion et la qualité de la marchandise. On ne peut pas se permettre de perdre un client comme lui.

Les Meutes d'Argent: De Feu et de Glace - Tome 2 [En cours ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant