36 - Le Puits d'Enfer

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L'Aquila, un vendredi soir, quelques jours après le Bal de Samhain 1951.

Innocenzo, en route pour Le Puits d'Enfer, 23:45.

Dans un chaos ordonné, Julio, Romeo et Matteo, à nouveau enchaînés les uns aux autres comme des esclaves, montent à l'arrière de la fourgonnette d'Aleksandr et Andrej, qui prennent place à l'avant. Ils fermeront le petit convoi.

Quant à moi, Hermann m'invite à prendre place à ses côtés dans sa longue limousine noire. Wolfgang prend le volant, après avoir fermé les portes derrière nous.

Assis tout contre Hermann, à sa gauche, je peux sentir le Luger dans son holster, sous sa veste. Au contact de l'arme, je me sens glacé d'effroi.

Dès que je suis installé aux côtés de celui qui semble être mon nouveau Maître, je sens une main sur ma cuisse...

Des frissons de dégoût me hérissent aussitôt le poil... Je ne supporterai jamais de perdre ma liberté et d'être au service d'un tel homme...

Je le regarde d'un air outré, il retire aussitôt sa main. Dans cette voiture, il semble avoir perdu sa belle assurance, j'en suis très étonné... Il n'est peut-être pas si terrible que ça, après tout.

Deux gardes armés de fusils d'assaut HK-47, détachés de la garde personnelle de Balthazar et vêtus d'uniformes noirs avec un grand B brodé sur la poitrine, s'asseyent sur les strapontins.

Dans les couloirs du Repère, j'ai entendu les gardes de faction affirmer que les hommes de Balthazar sont là, à la fois pour assurer la protection de Hermann lorsqu'il est sur Terre et pour le surveiller étroitement. Balthazar s'assurerait ainsi que tous les faits et gestes de son second lui soient reportés. Selon les gardes, l'une des phases préférées du Mage Noir des Enfers est d'ailleurs « qu'il ne peut y avoir de confiance sans contrôle ».

Le convoi démarre en trombe en direction du Puits d'Enfer, tandis qu'au loin retentissent les tirs de mortiers et de grenades lacrymogènes et que des lumières tremblotantes bleues et oranges éclairent le Quartier des Loups Blancs.

Soudain, un jeune homme vêtu d'un jeans, d'un t-shirt blanc et d'un blouson noir, traverse la rue devant nous en courant, sans regarder à droite ou à gauche. Wolfgang n'a pas le temps de réagir.

Le jeune homme heurte brutalement le capot de la longue limousine, et passe sous les roues. Nous sentons à peine deux bosses et la voiture continue son chemin, comme si de rien n'était. Wolfgang actionne les essuie-glaces pour enlever le sang qui recouvre le pare-brise. Derrière nous, la fourgonnette n'a même pas ralenti. A travers la lunette arrière, je la voie tressauter deux fois, elle aussi.

Quelques minutes plus tard, nous prenons un chemin de terre, indiqué par un panonceau de bois à demi effacé: « Pozzo dell'Inferno », Le Puits d'Enfer.

Je sursaute en apercevant le petit panneau.
J'ai entendu parler de cette faille. Les Anciens de l'Aquila prétendent que « tout ce qui tombe dans cette faille disparaît pour toujours ».

Que venons-nous faire ici!?

Le convoi s'arrête à l'orée d'une forêt de frêles chênes verts, comme ceux que l'on retrouve au bord de nombreux lacs.

***

Matteo, Le Puits d'Enfer, 00:40.

- Nous continuons à pieds, jusqu'à la faille, ordonne Hermann, d'un ton autoritaire. Le chemin n'est pas praticable pour nos véhicules.

Les Meutes d'Argent: De Feu et de Glace - Tome 2 [En cours ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant