Les Meutes d'Argent: De Feu et de Glace - Tome 2 [En cours ]

32 - Descente aux Enfers

L'Aquila, un vendredi soir, quelques jours après le Bal de Samhain 1951.

Aleksandr, Vieille ville de l'Aquila, 21:20.

La fourgonnette reste silencieuse tandis que le brouillard enveloppe doucement la rue. Les passants se font de moins en moins nombreux, jusqu'à ce que ne passent plus que des groupes de jeunes se rendant au Maurizio et dans les autres bars de la ville.

Un jeune homme brun, assez petit mais bien fait, avec un sac à dos sur les épaules et une cigarette aux lèvres, qui marche d'un pas pressé sur le trottoir à côté de la fourgonnette, attire mon attention. Je le pointe du doigt et je commente:

- Celui-ci me semble parfait!

J'ouvre aussitôt la portière, suivi d'Andrej. Nous le suivons sur une dizaine de mètres, avant que je me décide à l'aborder.

- Excusez-moi!

Sorti brusquement de ses pensées, le jeune homme sursaute et se retourne vivement.

- Oui?

Je le regarde d'un air suppliant en joignant les mains dans un geste de prière:

- S'il vous plaît, est-ce que vous auriez du feu? Vous me sauveriez la vie!

Le jeune homme réfléchit une seconde, puis devant ma mine désespérée, acquiesce. Ouf, heureusement que je suis un bon acteur...

- Oui, oui, pas de soucis, avec plaisir.

Il fouille dans ses poches, à la recherche d'un briquet. Lorsqu'il veut l'approcher de mes lèvres, Andrej s'exclame:

- Oh, mais j'y pense, j'ai oublié mon paquet de cigarettes dans la fourgonnette!

- Tu n'as vraiment pas de tête!

Je fais volte-face et je me dirige à grands pas vers la fourgonnette, à la suite d'Andrej. Le petit brun nous emboîte le pas, sans se méfier.

- Vous savez où il est? Sinon, je vous donne une cigarette à chacun, ce n'est pas pour ce que ça coûte...

- A vrai dire, je ne sais pas trop, c'est lui qui l'a rangé là quelque part, il n'est pas très ordonné... Ça doit être quelque part là, à l'arrière du véhicule...

- Je vois, sourit le petit brun. J'ai...

Il n'a pas le temps de finir sa phrase qu'Andrej ouvre brusquement la porte arrière et que je pousse violemment le jeune homme à l'intérieur. Les portes se referment aussitôt derrière lui, il n'y a aucun témoin, je suis bien trop précautionneux pour laisser quoique ce soit au hasard, c'est que je tiens à ma vie, moi. D'autres n'ont pas été assez discrets et ont disparu sans laisser de traces...

Andrej contourne la fourgonnette et monte sur le siège conducteur. La fourgonnette redémarre comme si de rien n'était. Pourtant, à l'intérieur, le petit brun se défend vigoureusement contre ses ravisseurs.

Malgré ses coups de pieds, ses coups de poing, ses morsures, ses injures, et ses appels au secours, il ne peut rien contre ma carrure imposante et je finis par l'acculer dans un coin de la fourgonnette. Pour essayer de le calmer, je finis par crier:

- Calme-toi, petit louveteau, tu vas finir par te blesser!

- Lâ-lâchez-moi! me supplie le petit brun alors que de grosses larmes commencent à rouler sur ses joues encore imberbes. S'il vous plaît. Je sens son souffle qui s'accélère et son cœur qui tambourine dans sa poitrine. Et l'odeur de la peur.

- Par l'Alpha Suprême, Andrej, mais où est l'Ice Blue?

- Il y a un pilulier dans le sac de sport, à côté de la bouteille de Scotch, me hurle Andrej depuis l'avant de la fourgonnette.