Les Meutes d'Argent: De Feu et de Glace - Tome 2 [En cours ]

19 - Promenons-nous dans les bois...

L'Aquila, Quatrième jour de Samhain 1951.

Romeo, la Villa de l'Alpha, 23:00.

Mon verre de Silver Wolves à la main, je décide de partir à la recherche de mon pote Youri, il a toujours un bon mot pour me remonter le moral. Et une grosse queue, ahah. Et puis, nous pourrions rentrer ensemble, peut-être passer la nuit chez lui ou chez moi, on verra bien, je n'ai pas envie d'être seul ce soir...

Je devrais le retrouver sans trop difficultés parmi la foule qui ondule sur la piste de danse, avec son costume bleu électrique à sequins, dans le style Elvis Presley. Version Horreur, bien sûr.

Comme je ne le trouve pas, je décide de me diriger vers la terrasse et le parc de la Villa. J'ai presque réussi l'exploit de traverser la salle de bal pour atteindre la terrasse sans renverser mon verre, qu'une main moite agrippe brusquement mon avant-bras.

- Par l'Alpha Suprême! Qu'est-ce que...

J'étouffe un juron en sentant le liquide froid se renverser sur mon poignet et ma main. Je me retourne vivement, avec une horrible grimace qui ne révèle que la moitié de mon envie d'étriper l'individu responsable de ce désastre.

En dépit de la pénombre à peine éclairée par une boule à facettes, je reconnais sans peine mon ex. Je m'exclame avec déplaisir:

- Benito! C'est toi!?

- Angelito!

Tout sourire, et surtout complètement bourré comme à son habitude, un joint à la bouche, il tangue vers moi:

- Angelito! Tuuuu... Tuuuuu m'as troooop maaaanqué, jeee voulaiiiis troooop Te voiiiiir ceeee soiiiiiir!

- Diablito! Tu es encore complètement bourré!

Je plisse les yeux et je prends une profonde inspiration. Un moment, j'ai soupçonné Benito de déposer les mots dans mon casier... Il n'est pas très malin, mais il avait un double des clés de mon cadenas lorsque nous étions ensemble...

Jusqu'à ce soir, je n'ai pas eu le courage de me confronter à lui pour lui demander clairement si c'est lui. Nous ne nous étions pas quittés en bons termes, après tout... C'est peut-être le bon moment... Bon, c'est Samhain... Ce n'est quand même pas comme si c'était la Saint-Valentin, cette fête de l'Amour si importante pour les Humains, et que je le quittais...

C'est décidé. Ce soir, je vais lui demander enfin des comptes, j'en ai assez, je n'en peux plus, c'est trop pour moi. Il faut que je sache, j'ai besoin d'en avoir le cœur net.

Je retire brusquement mon avant-bras de sa main moite.

- Benito! C'est toi qui me dépose des petits mots salaces dans mon casier!?

Benito vacille vers moi en m'enveloppant de son haleine alcoolisée.

De ses grands yeux bleus qui m'ont fait tant craquer, il me scrute d'un air interrogateur.

- Quels petits mots? Ça veut dire quoi salace!? Je ne t'ai pas mis de salade, ni même de salami , ou de je ne sais quoi, dans ton casier, moi, hip!

Ce qu'il y'a d'horrible avec mon ex, c'est que je sais toujours quand il ment. Et, à ce moment-là, je sais qu'il ne ment pas. Ce crétin se mélange toujours les pinceaux dans des explications plus nulles les unes que les autres. Et, qu'il ne me mente pas maintenant, c'est ce qui m'effraie le plus. Pour une fois, j'aurais vraiment préféré qu'il me mente, car l'alternative est encore bien plus effrayante...

Pour cacher mon désarroi, je hausse les épaules:

- Laisse tomber, Benito, tu es complètement bourré! Tu n'aurais pas vu Youri par hasard?