CHAPITRE-PREMIER

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SAMIR

Sur le point de fermer les yeux une énième fois, je pouvais presque dormir sur mon chevet mais il fallait que je tienne quelques minutes de plus. J'ai rien mangé depuis ce matin et mon corps me le faisait clairement ressentir. Je
remarquai d'un coup quasiment que toute la boîte est vide, du moins mon étage. Certains collègues me prennent sûrement pour un addict au travail ou un lèche- botte vu le nombre incalculable d'heures supplémentaires que j'ai faites. Mais me le diront-ils directement ? Je gloussai en me disant que non, avant de continuer et finir mon dossier.
Je jetai un coup d'œil au coin de l'écran de mon ordinateur, et soupirai en enlevant mes lunettes puis passant une main sur mon visage, vingt-et-une heure passée... J'entendis mon téléphone vibrer. Tiens un message... Je regarde le nom et levai les yeux au ciel en voyant le nom sur la notification, c'est mon frère.

— De Sajid
T'es où ? Said va pas tarder à venir.

Encore Said. Qu'est-ce qu'on ferait pas pour lui ?, me dis-je. Heureusement que tout est prêt et qu'il ne me reste pas grand chose à faire si ce n'est retourner chez nous. Je lui répondis que j'étais déjà en chemin. Le dossier attendra demain, mon manager a quitté l'office plus tôt que prévu, ça devrait bien passer inaperçu.

Je rangeai rapidement mon téléphone dans ma poche, pris ma veste et me dirigeai vers l'ascenseur. En marchant je vis un homme de ménage passer la serpillère dans le couloir, la musique à fond dans un casque. Il ne sembla pas me remarquer directement.

Devant les portes, j'appuyai sur le bouton pour descendre. Je répondis à un autre message quand je sentis un regard posé sur moi ou une présence qui me fixait. Je relevai les yeux et aperçus le nettoyeur me fixer d'un air assez méprisant, me toisant de haut en bas. Il me dévisagea et finit par faire comme si de rien n'était. Je fronçai les sourcils d'incompréhension. Qu'est-ce qu'il lui prend ?
Il finit par retourner à ses occupations et quitta le couloir quand l'ascenseur ouvrit ses portes. Gêné, je m'avançai dans l'élévateur.
Un grand miroir trônait et je grimaçai en voyant le gros suçon sur mon cou qui date d'hier.
- Putain !
J'avais oublié de reboutonner le col de ma chemise. Je peux être sûr que je ferai l'objet de nouveaux commérages désormais. Je pestai et me dis à moi même de ne venir qu'en col roulé en fermant le dernier bouton. J'en profitai pour me regarder d'un peu plus prêt.

J'avais toujours ce même regard vide en fin de journée, qui criait au repos.
Je sortis, arrivant dans le grand hall marbré blanc de la compagnie. Je passai rapidement chez les réceptionnistes afin de leur donner une carte et me dirigeai vers la sortie. Je grimaçai et mis ma veste sans attendre, il pleuvait averse dehors.
- Et moi qui avait prévu de rentrer en bus, j'suis mal barré... chuchotai-je.
Je regardai autour de moi, devenant de plus en plus mouillé et finit par sortir mon téléphone qui se prit quelques gouttes de pluie. J'essayai d'appeler un Uber. Concentré, je ne sentis même pas la présence à ma droite qui appelait mon nom.

- Monsieur Nassiri ?

Je virevoltai et vis, stupéfait, mon patron. Par ailleurs, l'être qui me martyrise gentiment au travail. Il était habillé de son costume hors de prix et équipé d'un grand parapluie.
- Oh bonsoir monsieur Soris, quelle surprise...
Je feintai la joie alors que je soufflai intérieurement. Je ne m'attendais pas à le voir ici, surtout maintenant.

- Vous rentrez ? Dit-il.

- Oui on m'attend... Et vous ?

Il me jaugea sans sourire, toujours avec le même regard insensible qui fait froid dans le dos. Ces yeux bruns tirés en amande ne disant pas à quelle sauce on vous dévorera le lendemain.

Samir - Par amour pour les miens [𝐵𝓍𝐵]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant