10

707 38 25
                                    


10
SAMIR


Les minutes semblaient s'écouler comme des heures tant j'étais angoissé. Assis dans le RER-C étonnamment vide, je m'éloignai de plus en plus d'Argenteuil pour rejoindre le lieu qui m'avait été donné alors que les lumières défilaient à travers la fenêtre.

Je ne savais pas ce que j'espérais en le revoyant. Deux années se sont écoulées depuis, et je pensais avoir enfin tiré un trait sur cette partie de ma vie. Je me demandais encore comment il avait pu me retrouver. Je me rapprochai de l'arrêt où je devais descendre, qui me rappelait une multitude de souvenirs. Je me levai finalement et me rendis devant les portes qui finirent par s'ouvrir.

Je descendis, frappé par la brise glaciale de ce mois de décembre. Je tremblai dû à la température et me concentrai pour me rappeler où je devais me rendre. Les environs n'avaient pas vraiment changé depuis la gare où je me situais. Mon téléphone vibra dans la poche de mon jean. Je regardai l'écran et vis un message de celui qui m'avait donné rendez-vous.


📩 +06 ** ** ** **
— T'es bientôt arrivé ?

Je répondis directement ne supportant plus d'être dans cette attente.

De Vous
— Je viens de sortir du RER, je te retrouve devant.

Sortant de la gare, je m'assis à un banc sur une sorte de place, en attendant qu'il vienne. Je mis mes mains dans mes poches tandis que j'expirais de la fumée blanche contrastant avec l'air glacial. Quelques voitures passaient cependant personne n'était dehors. Je posai mon pied droit sur mon genou gauche détaillant l'horizon. Pas de signe de sa venue. J'eu peur qu'il s'agissait d'une mauvaise blague. Cela aurait été le comble, avec tout ce que j'avais déjà en tête, mais je me ravisai en me disant que ça avait peu de chance. 

Je commençai à m'impatienter quand j'entendis un bruit de moto retentir. Un mec avec un casque passait en bécane au loin avant de se rapprocher du bord de la place à environ cinquante mètres. Je penchai la tête, je ne pouvais pas reconnaître le gars sur la moto depuis où j'étais mais ça ne pouvais pas être quelqu'un d'autre. Je sentis mon téléphone vibrer au moment où le même gars sortit son téléphone. C'était lui... Je me levai et marchai en sa direction. Il tourna la tête et me vit arriver sans lever sa visière. J'avais vraiment l'impression d'être épié. Je continuai quelques pas, la boule au ventre ne sachant pas comment cette entrevue allait me mener.

Une fois que seulement un mètre nous séparait, il enleva son casque et mon cœur s'arrêta une seconde avant de rebattre à la chamade. Il me fit un léger rictus en plantant ses iris dans les miens. Le même regard qu'il m'avait lancé en me toisant l'autre jour lorsque j'attendais le taxi avec Chloé.

- Zemër...

Je claquai ma langue contre mon palet à l'entente de ce surnom qu'il me murmurait suavement il y'a quelques années. Aucune réponse ne sortit de ma bouche alors qu'il ne me quittait pas des yeux en descendant de son scooter. Il me jaugea de haut en bas avant de continuer.

- C'était bien Lyon ?

Un frisson parcourut mon échine au ton sarcastique de sa voix. Je détournai le regard ne sachant que faire d'autre. Je m'efforçai de ne pas lui dévoiler mes émotions.

- Comment tu as su que j'étais encore en ville ?

Il gloussa, croisa ses bras et s'appuya contre son engin.

- J'ai un pote qui m'a demandé de le remplacer pour des livraisons. J'ai eu une commande vers Argenteuil.

- Tu m'as vu rentrer chez moi ?

Samir - Par amour pour les miens [𝐵𝓍𝐵]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant