Samir - Par amour pour les miens [𝐵𝓍𝐵]

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SAJID

Les semaines sont passées à une vitesse folle. Chacun de nous avait son occupation. Samir avec son boulot, moi avec le mien et Said était plongé dans ses révisions pour le bac après son voyage scolaire à Cuba. Notre père séjournait chez Neyla depuis quelques semaines pour profiter de sa petite-fille, ce qui fait qu'il n'y avait que moi et Said à la maison la plupart du temps.

En étant rentré du taff en début d'après-midi, j'avais trouvé la maison vide. Mon petit frère était sûrement au lycée mais n'allait pas rentrer de sitôt car il comptait manger chez ma sœur.

En somme, j'étais seul pour la soirée. Sauf que je n'en avais pas envie. Alors que le ciel s'assombrit de plus en plus, je me rendis au balcon de ma chambre vêtu d'un short et d'un débardeur blanc. Je pris rapidement mon téléphone pour contacter Nabil, histoire de ne pas finir mon paquet de cigarettes tout seul.

- Allo ?

- Eh Rapido...

- Putain gros tu veux pas lâcher ce dessin animé.

- Parce qu'on est des rats frère c'est réel.

- Mdr vas y toi. Pourquoi tu m'appelles ? Je voulais me Lebron.

Je levai les yeux au ciel, on était vraiment pareils.

- Oublie et viens chez moi. Je m'ennuie et le mioche est pas là, profitons en.

- Et bien moi j'aime bien le mioche. Si il est pas là je viens pas.

Je soupirai de l'intérieur. Ils s'étaient bizarrement bien trouvés ces deux-là. Ça a commencé avec une dispute de rue et ils ont fini meilleurs copains. Encore une fois cela m'irrita car je voulais que personne d'autre ait une proximité avec mon petit frère aussi forte que la mienne. La jalousie faisait partie de mes défauts, aussi bizarre et ambigüe que cela puisse paraître. Après une courte négociation, Nabil se décida à venir. Je l'attendis tout en continuant de guetter le quartier en hauteur.

Une multitude de pensées sur l'avenir me submergea. Avec du recul, quand je regarde autour de moi, je ne suis pas celui qui a le plus évolué. Ma sœur a bien avancé, ayant fondé une famille. Samir continuait de viser le sommet avec sa carrière, son succès se reflète sur sa vie et son apparence. Nabil avait adopté un mode de vie beaucoup plus sain. Et Said était clairement devenu quelqu'un d'autre.

Entre ses crises de confiance, le fait qu'il ait grandi à une vitesse phénoménale juste sous mon nez et ses sauts d'humeur. Il devenait de plus en plus complexe à gérer car il commençait à avoir du mal à supporter l'autorité.

En même temps c'était normal, je pouvais pas lui reprocher tout non plus. Il vivait un mal-être qui était compréhensible.

On a vécu une énorme tragédie il y'a sept ans, comportant le décès de notre mère ainsi que le départ de Baba en soins spécialisés. Lorsqu'un enfant de onze ans se trouve au milieu de tout ça, ça créait des questions, de la frustration et des traumatismes. Tandis que nous on avait pu faire notre deuil sans cette charge mentale en plus.

J'avais essayé d'assurer mon rôle de grand frère comme il se devait mais je m'étais planté en beauté à plusieurs reprises, créant énormément de colère.

Mais au moins j'avais tenu toutes ces années, quitte à prendre des cernes irréversibles et un regard froid en permanence. Donc ça restait honorable.

Coupé dans ma mélancolie, je ressenti des gros pas venir de derrière moi. Sans surprise, je vis Nabil s'asseoir à une chaise à côté de moi après m'avoir tapé l'épaule.