Samir - Par amour pour les miens [𝐵𝓍𝐵]

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SAJID

- Où vous êtes ?!

- Je t'ai déjà expliqué Baba, tu fais exprès de pas comprendre ?

- T'en viens pas au fait Sajid ! Je trouve pas normal qu'il y'ait personne ici. Tu m'as peut-être placé dans ce centre parce que j'avais des problèmes mais je suis pas un attardé mental !

Tenant le téléphone à mon oreille, les phalanges prêtes à exploser les composants de mon cellulaire, j'essayais de rassurer mon père au fait qu'il n'ait trouvé ni moi, ni Said chez nous quand il est rentré de chez Neyla.

- Et puis c'est quoi cette histoire avec ton frère ? Si il est pas avec toi, pourquoi il est pas ici ?

- Arrête de paniquer s'il te plaît. Il est juste en vacances avec un groupe de jeunes à la montagne pour quelques semaines. On est en vacances d'été il va revenir t'en fais pas !

Je sentis mon père péter un câble au bout du fil.

- Mais c'est quoi ces histoires on devait aller en Algérie tous ensemble dans une semaine, pourquoi personne ne me met au courant de rien ?! Tu me dis même pas où est mon fils, il a fallu que je rentre à la maison pour apprendre qu'il est parti depuis deux jours sans me prévenir !

Tout mon système vasculaire fit raisonner mon corps tellement je paniquai, essayant de trouver des réponses à ses questions.

- On a trouvé l'offre en dernière minute, il restait une place il a réservé en vitesse avant de partir avec le groupe, il a juste pas eu le temps. Il doit être fatigué là. Je lui dirai de t'appeler.

Baba soupira, sachant sûrement qu'il n'était pas au bout de ses peines.

- Et toi ? Ça fait deux jours que t'es pas ici. Tu fous quoi dans mon dos ?

- Rien, c'est bon. J'ai passé le weekend avec Nabil. Arrête de te mettre dans cet état bordel.

- Change de ton !

Je finis par m'asseoir sur le bord du lit sur lequel je dormais, voulant me reposer. J'avais pas fermé l'œil depuis quarante huit heures et en passant devant mon reflet parfois je devais faire flipper.

- Pour Said ça passe encore mais toi t'es un adulte, gère toi. Je te veux ici ce soir !

Je n'eu pas l'occasion d'ajouter quelque chose qu'il raccrocha directement sûrement à bout de nerfs. La fin de sa phrase m'a laissé deviner qu'il avait pleuré et cela ajoutait un poids supplémentaire à toute la culpabilité que je ressentais déjà avec ce que je ressentais vis à vis de Said.

J'avais tout simplement perdu le contrôle. Sur lui, sur moi même, sur ma propre vie. Cette année a remis en cause énormément de choses mais je vivais carrément un cauchemar dont je ne pourrai trouver une échappatoire que en dormant.

Sauf que trouver le sommeil, j'en étais tout bonnement incapable. Dès que je m'arrêtais quelques minutes après avoir été occupé par quelque chose, j'avais encore les cris de Said accompagné de son visage dans un piteux état se souhaitant lui même malheur.

Le monde me tombait dessus et j'avais pas envie de faire d'effort. J'en avais plus la force.

Tout ce que j'avais espéré en prenant une telle décision, c'était de faire prendre conscience à Said les conséquences de ses actes et qu'il apprenne une leçon afin qu'on puisse avancer. J'étais pas fier d'en avoir été là. Voir en pleine face que l'éducation, que j'avais essayé de lui donner en étant orphelin, était un véritable échec est, jusqu'à présent, une honte pour moi.