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SAID





Ce réveil en début de matinée m'avait pompé le peu de repos que j'avais déjà. Mon frère m'avait réveillé sévèrement comme si on était à l'armée, sous prétexte que je devais l'aider à faire des courses.

- On va où ?

- Tu verras bien.

- Pourquoi t'es comme ça Sajid ?

- J'suis pas d'humeur, insiste pas.

Le ton implacable que mon aîné avait employé me fit froid dans le dos. Signe que si je l'ouvrais encore, j'étais bon pour des claques. Comme il me le stipula, je me tus et regardai par la fenêtre alors qu'il démarra la voiture.

On avait pris l'auto-route mais j'eu l'impression qu'on allait pas si loin que ça, même si je connaissais pas du tout les alentours. 

Le trajet se déroula dans un silence de mort. D'habitude, Sajid mettait un peu de musique pour que le trajet soit moins ennuyant mais il n'était pas de cet avis. L'énorme altercation qui s'est déroulée entre nous a jeté une distance phénoménale. Ne voulant pas plus ajouter d'huile sur le feu, je demeurai silencieux jusque'à ce que nous fîmes halte vers une station service. Ça restait dans un milieu assez urbain, même si on était pas mal loin de la capitale.

- Tu dois faire le plein ?

Il répondit derechef.

- On descend.

Je fronçai les sourcils d'incompréhension, notant son attitude qui était plus qu'étrange. Je décidai finalement de sortir de la voiture en même temps que lui. Il se dirigea vers le coffre et je lui emboîtai le pas.

Il ouvra enfin la malle et j'aperçu une valise sous forme de caba. Il la sortit et ferma le coffre et me regarda enfin d'un air plus que sérieux. Je m'imaginai le pire et lui demandai ce que c'était directement.

- Attends Sajid c'est quoi ça ?

Il me jaugea d'un silence olympien avant de répondre faiblement.

- Ce sont tes affaires Said.

Je paniquai, comprenant ce qu'il se passait mais malgré l'évidence de la situation je ne voulais pas y croire.

- Quoi ? Mais pourquoi faire ?

- C'est pas assez clair ? Tu bouges ! 

À ce moment précis, tout le bruit environnant se fit beaucoup moins présent. Je regardai Sajid, la mine plus qu'intransigeante, me demandant si il me faisait la pire des mauvaises blagues. Il ferma le coffre et sortit une enveloppe de la poche de sa veste.

Non... C'était pas possible...

- Il y'a quelques centaines d'euros à l'intérieur. T'as aussi tes économies de tes jobs étudiants sur ton compte bancaire. Ça devrait suffire.

Je l'écoutai parler sans un instant croire à ce que je suis en train d'entendre. Il me la tendit de force et se tourna pour reprendre le volant quand je le retins par le bras.

- Attends t'es pas sérieux ?

- Bien sûr que si. J'ai été beaucoup trop patient avec toi. Maintenant tu vas apprendre à te débrouiller tout seul parce que je peux plus supporter le garçon que t'es devenu. Je te reconnais plus, t'es devenu un vrai démon. Et ça a rien à faire chez moi !

Sur ces mots il virevolta et ouvrit la portière. Je sortis de mes gonds, plus qu'offusqué.

- T'as pas le droit !

Samir - Par amour pour les miens [𝐵𝓍𝐵]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant