47

447 27 16
                                    







47
SAJID


Ayant passé la matinée à faire le ménage, je me préparai enfin pour la prière du vendredi. Douché et parfumé, j'enfilai un qamis blanc en attendant les autres, à savoir mon petit frère et mon père. Tout habillé, je retournai dans ma chambre pour voir ce que Said faisait et je me retins de crier en le voyant encore en pyjama dans son lit.

- Said t'es sah ?

Il leva la tête en ma direction et bafouilla quelques excuses.

- Non mais tranquille, je suis prêt dans deux minutes. Un joggo, du déo et c'est bon.

Je me crispai, dégoûté.

- T'es sérieux ou quoi ? Va te laver et habille toi bien. On passe directement chez ta sœur après.

Je le laissai se préparer en vitesse et partis rejoindre mon père qui finissait de lire un chapitre du Coran. Assis avec lui au salon, j'envoyai un message à Nabil qui venait avec nous. Il n'avait pas fréquenté la mosquée depuis un certain moment et je l'avais convaincu de m'accompagner. J'étais sûr que le fait de se rapprocher de son Seigneur le soulagerait de beaucoup de maux et lui montrerait la voie de la guérison.

Mon frère refit son apparition en qamis noir, la barbe fraîchement taillée. Il avait un keffieh (coiffe traditionnelle arabe, noir et blanche, emblème des Palestiniens) autour des épaules. Il se mit devant un miroir pour le mettre autour de sa tête mais avait un peu du mal.

- Attends je vais t'aider.

Je m'approchai de lui pour le lui serrer autour de la tête en faisant les bon nœuds et finis par lui appliquer un peu de musc liquide aux creux de ses oreilles. Je le tournai vers le miroir afin qu'il se regarde de face.

- Ça te plaît ? Regarde comment t'es tout beau. 

- Oui. Merci Sajid...

Je lui embrassai affectueusement la joue et arrangeai un peu sa tenue en rectifiant quelques boutons au niveau du col.

Je sentis notre père se lever et nous rejoindre.

- Mash'Allah, votre mère aurait été si fière de vous...

Je notai beaucoup de peine au son de sa voix et je fis du mieux possible pour éviter de lui montrer ma tristesse. Elle nous manquait tellement qu'on évoquait jamais le sujet. On allait en Algérie voir sa tombe dès qu'on le pouvait. Said avait mis tellement d'énergie pour revoir Baba que ça a resserré nos liens qui ne tenaient plus qu'à un fil. Samir manquait à l'appel mais il était encore pris par son boulot.

À propos de lui, il me manquait vraiment. Je ne saisissais toujours pas ce désir de s'émanciper de nous mais peut-être fallait-il que j'accepte tout ça pour qu'on retrouve la relation qu'on avait avant.

- Sajid, pourquoi Nabil t'appelle ?

Said me tendit mon téléphone portable avec un appel manqué de mon ami.

- Il nous attend en bas.

- Quoi ? Il va venir avec nous ?

- Bah oui, ça te surprend ?

Il secoua la tête mais resta un peu surpris. Il ne devait pas s'y attendre, mais se ravisa et prit le chemin vers la sortie.

Je pris la main de notre père dans la mienne et nous emmenai vers la sortie du bloc.

Said était déjà en bas et trouva Nabil devant sa voiture. Je les vis chacun discuter avec beaucoup d'enthousiasme et, je ne su pourquoi, mais j'eu une sensation de joie et de jalousie à la fois. Content car Nabil se faisait d'autres amitiés mais aussi possessif car j'aimais avoir Said que pour moi.

Samir - Par amour pour les miens [𝐵𝓍𝐵]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant