Samir - Par amour pour les miens [𝐵𝓍𝐵]

55

55
SAID

À la table d'un restaurant syrien, je mangeais tranquillement un plat composé de brochettes, de humus, de riz et salade aromatisée. Cuisine typique de la culture levantine.

J'étais seul, j'avais trouvé un billet de dix euros qui traînait dans un de mes pantalons, alors je m'étais empressé de venir ici étant donné que j'avais faim.

Sajid était allé au parc Asterix en compagnie de Nabil sans pour autant m'inviter.

C'était ce que je croyais jusqu'à ce que j'avais entendu une voix de fille au bout du fil lorsqu'il avait quitté l'appartement. Donc il s'y rendait avec cette fameuse Lara.

« Tu mérites pas de venir, tu fais aucun effort sur ton comportement, alors reste ici et réfléchi bien. »

C'était ce qu'il m'avait dit quand je m'étais réveillé et que je l'avais trouvé quasiment prêt à partir. J'avais quand même obtenu mon bac et décroché la mention bien, alors j'avais trouvé sa décision plus qu'injuste. Mais n'ayant pas voulu envenimer la chose et pour ne pas lui donner raison, je n'avais pas répondu à son pic. Sajid mettait une distance considérable entre nous, et ça finirait par tuer à petit feu notre relation mais je le laissais faire. À trop forcer j'aurais l'effet inverse. Je fus convaincu qu'il finirait par le regretter tôt ou tard.

En piquant des morceaux de poulet dans de la sauce à l'ail, je finis par détourner les yeux vers mon bigo à touches qui sonnait. Reconnaissant le numéro d'Ayman, je décrochai pour me changer les idées et prendre de ses nouvelles.

- Salem mon reuf.

- Wesh le prisonnier, tranquille ou quoi.

Je ricanai à sa blague.

- Ça va, ça va. Et toi ?

- Tranquille, je suis au terminal des départs.

- Quoi c'est aujourd'hui que tu pars en vacances ?

- Bah oui tu savais pas ?

- Bah je pensais qu'on allait se voir avant, ça me surprend mdr.

J'appris qu'il allait au Portugal avec sa famille. J'étais content pour lui, il avait d'ailleurs pris du poids, signe qu'il mangeait bien selon ses besoins.

- J'avais espéré qu'on se voit avant en vrai Ayman.

- Tranquille, on s'appellera.

On écourta notre liaison car son père l'appela pour l'enregistrement des bagages. En appuyant sur la touche rouge, je me sentis par conséquent très seul.

Ma table était en face de la baie vitrée du restaurant. J'observai le quartier à travers. Le soleil rayonnait, beaucoup de voitures n'étaient plus là, signe qu'un bon nombre des gens étaient allés en vacances. Moi par contre, je m'ennuyais royalement.

Je sortis après avoir payé et partis m'asseoir sur un banc, faisant un petit bain de vitamine-D.

Me retrouvant vite blasé, je composai le numéro de Samir. Il était revenu de son voyage en Italie et on s'était pas recontacté depuis notre dernière altercation. En même temps y'avait de quoi. Indéniablement Samir était plus intelligent que moi et il avait pré-senti ce qui se passait quand il m'avait vu avec Ilir. Alors afin de ne pas trop creuser cette méfiance, je décidai de l'appeler pour aller le voir chez lui, espérant qu'il me répondrait.

- Allo ?

- Samir !

- Crie pas frère, tu me réveilles de ma sieste là.