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SAJID

Après l'anniversaire de notre cadet, on reprenait notre quotidien assez rapidement. Ce voyage à Cuba c'était vraiment au dessus de nos moyens, mais on a finit par se tuer au travail pour réaliser ce projet. Quand notre père est parti, on s'est juré Samir et moi de tout offrir à Said. C'est notre priorité.

J'étais assis au salon à régler de la paperasse, des factures etc... On a aucune dette grâce à Dieu, à part le crédit pour la TV du salon que Samir voulait absolument acheter. Je lâchai un stylo que je tenais depuis trop longtemps et allai à la cuisine me faire un café. L'heure sur la minuterie affichait 11:43, Said était au lycée et Samir au bureau. J'allais commencer plus tard et finir à minuit, alors qu'ils seraient rentrés plus tôt. La joie des putains de shifts d'intérimaire...

Mon café prêt, je le bu rapidement et m'habillai pour aller faire des courses. Je fis une liste sur mon téléphone, attachai mes cheveux mi-long et jetai un coup d'œil dans le miroir à l'entrée. Je gloussai en remarquant encore une fois la ressemblance frappante que j'ai avec mes frères, on a la même tête, sauf que Samir met souvent des lunettes tellement il est sur son ordinateur.

- Faut qu'on refasse un remake des daltons en Algérie.

Je commençai à rire seul de ma stupide blague avant de quitter l'appartement, la capuche sur la tête. Je pestai dû au froid venu tout droit de Sibérie. Je pris mon téléphone pour écouter un peu de musique quand je vis un appel manqué. Je me mordis la lèvre quand je vis le nom sur l'écran. Neyla... J'hésitai à rappeler, mais elle va se contenter d'un message, pas plus.

— Vous
tu m'as appelé ?

Je ne marchai que quelques pas avant de recevoir une réponse.

— De Neyla
oui, ça a été samedi ?

— Vous
mdrrr ça t'intéresse maintenant ?

Je savais que c'était méchant comme réaction, mais j'avais pas envie d'être gentil. Ça reste notre sœur et Samir me ferait la morale actuellement pour ça mais je m'en foutais, j'en avais marre de faire trop d'efforts. Mais était-ce parce qu'elle avait fait sa vie, trouvé sa moitié et s'était sortie de tout problème ? Non. C'était l'abandon qui m'a fait prendre mes distances avec elle, aussi proches que nous avions pu l'être. Je reçu un appel entrant de sa part et soufflai avant de finalement décrocher.

- As-salem 'aleykum.

- Wa 'aleykum salem Sajid. Ça va ?

- Et toi ?

Je pouvais vraiment être insupportable quand je le souhaitais mais je voulais cette fois parler sans grosse prise de tête. J'en avais lourd sur le cœur. Elle poursuivit.

- Ça va al hamdulilah. Pourquoi tu m'as dis ce truc par message ?

- Cela va de soi non ?

- Je t'ai déjà dit que j'étais prise le jour où vous avez fait la fête avec Said.

- T'es partie au restaurant avec ton mari, tu parles d'une urgence Neyla !

Elle soupira de mon ton sarcastique.

- Arrête de faire comme si je ne m'intéressais pas à lui. Il vient tout le temps me voir et voir sa nièce quand je l'invite, pas comme toi et l'autre.

- Il a un nom l'autre !

Je l'entends retenir un énième souffle, elle savait que c'était inutile de partir sur ce terrain là avec moi.

- Pourquoi tu me rejettes comme ça ? Je suis votre sœur, tu peux pas être heureux pour moi ou au moins courtois quand on se parle ?

- Dis pas de bêtise s'il te plaît. Pourquoi tu m'appelles au fait ?

- J'ai acheté un cadeau avec Imad, on vous invite ce soir, venez.

Je réfléchis, normalement Samir finit à temps et je pouvais annuler mon shift avec toutes les heures supplémentaires que j'ai faites ce mois ci. Said avait ses cours d'arabe juste après le lycée donc ça pouvait le faire.

- Pourquoi pas. Merci. Je te dis ça plus tard.

Elle acquiesça et raccrocha. Je savais pas trop quoi en penser, peut être que c'est une invitation à faire la paix et de passer à autre chose. Cette histoire de cadeau m'intriguait et le fait de revoir ma nièce qui a bientôt deux ans maintenant me réjouissait.

Tellement de choses se mêlaient dorénavant dans mon esprit.

Vingt-sept balais, pas marié, je taffe comme un dingue pour mes frères, des amis qui ne se comptent que sur les doigts d'une seule main et en conflit avec le peu de famille qui me reste. J'avais aucune idée de ce que j'allais devenir dans un futur lointain, si ce n'est père de substitution pour le restant de mes jours.

Je chassai toutes ces pensées qui rongeaient ma tête et sortit une cigarette et l'allumai en regardant le ciel pour une fois dégagé. Le soleil tapait légèrement, me réchauffant doucement les pommettes. Je marchai toujours en direction du supermarché, tirant quelques taffes pour me détendre quelques instants.

J'allais devoir me préparer pour ce soir, et ça impliquait de ne pas y aller les mains vides même si j'allais chez ma sœur.

Samir - Par amour pour les miens [𝐵𝓍𝐵]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant