Samir - Par amour pour les miens [𝐵𝓍𝐵]

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NABIL

La patience ne faisait pas partie de mes qualités. Même quand il s'agissait de me préparer avant de sortir je voulais faire vite. Dans ma salle de bains, et en face de mon miroir, je pestais seul, me plaignant toutes les cinq minutes.

- Putain de brosse de zeb !

Je jetai l'objet quelque part dans la pièce, irrité. J'essayai de faire un minimum d'efforts pour être présentable devant Sajid mais j'étais déjà sous tension. Il m'avait proposé de sortir faire un tour à deux comme à l'époque et pour être honnête ça me faisait chaud au cœur. Même si je comprends pas vraiment son intérêt soudain pour moi après qu'on ait coupé les ponts il y'a de ça trois ans.

Peut-être qu'il regrettait, qu'il se sentait redevable de quelque chose... sauf que ça restait confus dans mon esprit. Pour quelles raisons il s'intéressait à moi, j'en savais rien. J'ai du mal à avaler le fait que je compte encore pour lui mais son petit frère commençait vraiment à compter pour moi. Sa présence me faisait du bien tant il était gentil avec moi. Mais aussi, je l'appréciais beaucoup parce que je voyais beaucoup de Sajid en lui. Said n'avait presque rien de commun avec son aîné, mais il avait tout de lui quand il avait son âge.

Cette insouciance, ce trait espiègle et son côté rieur semblait vraiment appartenir au passé, et passer du temps avec Said me rappelait ces beaux moments que je ne vivrai plus jamais. Tout le monde me détestait, que ce soit mes amis, mon frère ainsi que mes parents. Souvent atteint de crises de nerfs, je pouvais vraiment être un réel danger pour ceux qui étaient autour de moi. Et je démarrais facilement au quart de tour, pour vraiment pas grand chose.

Au fur et à mesure que j'arrangeais mes cheveux, je soufflai agacé. Je pris une paire de ciseaux prit un mèche de cheveux.

- Enfin, depuis le temps que j'attendais ça.

Je coupai cette fichue mèche et la vis tomber dans le lavabo, satisfait de ne plus être dérangé. Me contemplant dans la glace, le regard vide, je lâchai un petit sourire, qui n'avait pas vraiment de sens. Tellement enragé, frustré, triste et instable mentalement, je ne me comprenais pas moi même. J'avais arrêté le cannabis, l'alcool et les plans culs sans lendemains et je vrillais. Désirant une vie normale, je me combattais moi même ainsi que contre mes tentations.

J'actionnai le robinet, voyant cette saleté de mèche couler avec l'eau quand je crus entendre une voix un peu trop familière dans mon dos, me sortant de mes pensées.

- Quel dommage... Tu as toujours eu de si beaux cheveux Nabil.

Je relevai et aperçu un visage dans le reflet du miroir, que je reconnaîtrais entre mille. Je grimaçai amer, ne prenant même pas la peine de me retourner. Je rétorquai du ton le plus agressif possible.

- Qu'est-ce que tu es venu faire ici ?

Il marqua une pause, haussant gentiment les épaules.

- Je veux simplement savoir comment mon fils aîné va après tout ce temps...

Je détournai les yeux, plus qu'agacé.

- Arrête de faire semblant de t'inquiéter pour moi, tu penses de moi que je suis un monstre.

- C'est faux Nabil. Je pense seulement que tu as toujours été perturbé...

Dégoûté, je le fixai l'air mauvais.

- Toute ta vie tu as fais pression sur les autres pour les contrôler. Tu utilises la peur pour arriver à tes fins, comme tu l'as toujours fait avec ton petit frère, tes anciens amis et... avec ta mère.